Nous sommes pourtant en bord de mer, dans une zone tempérée. En d'autres lieux, c'est plus de 40°, des gens s'épuisent à travailler dehors. La terre craque sous le soleil, ne produit plus de quoi nourrir les populations. L'extinction de certaines espèces est en cours et annonce celle de l'humanité, la misère s'installe comme une évidence, inéluctable... Enfin quand même, la misère ce n'est pour tout le monde.
On attend et on espère une rébellion généralisée
« Fin du monde, fin de mois, même combat »
En fin de journée, je tombe sur une interview de Philippe Sands dans Mediapart.
« Avocat de la Palestine, spécialiste du génocide, cet écrivain franco-britannique décrypte ce que peut le droit face à l’agonie de Gaza, ainsi que l’avis historique de la Cour internationale de justice exigeant d’Israël la fin de l’occupation ».
Article finalement terrifiant. Il donc faut maintenant ajouter
« Fin de vie sous les bombes, même combat »
Tant bien que mal, je finis par m'endormir. Et je rêve. Un rêve, pas merveilleux …
Un ami musicien doit se produire en concert. Il me fait une proposition étrange en m'offrant de jouer en première partie.
- Mais je n'ai jamais fait ça, je sais à peine pianoter, j'ai les doigts rouillés...
- C'est toi qui vois, tu fais comme tu veux !
- Mais si je joue, c'est la catastrophe assurée...
Bref, je décide d'apprendre un morceau que je trouve de circonstance, la marche funèbre de Chopin, dont quelqu'un a dit : « C'est plus que les funérailles d'un homme... C'est la vie d'un homme. »
Je me présente sur scène, le jour venu. Je m'assois au clavier, je prends le risque...
La catastrophe prévisible se produit au bout de 2 minutes 30 : un couac très discernable... suivi d'un autre, 30 secondes plus tard. Quelques « ouhhh » timides commencent à fuser dans la salle ...
Je m'arrête, je me lève et prends un autre risque, en m'emparant du micro pour philosopher sur la question du risque, précisément...
Nous sommes là, confortablement installés, dans cette salle climatisée, et au dehors c'est la catastrophe assurée, généralisée.
Des solutions existent-elles ? Comment en être assuré-e-s avant qu'elles n'aient été seulement débattues, expérimentées. Il y a cependant des pistes, rationnelles, qui ont été analysées et proposées par un Nouveau Front Populaire, pour tout changer...
Tout : notre façon de vivre, de consommer, de produire, notre rapport au monde, notre rapport aux autres.
Pour convaincre, il faut rentrer dans les détails, sans rien laisser dans l'ombre : comment fait-on réellement, quelle industrie on développe, comment on la transforme, qu'est-ce qu'on fait avec les gens laissés sur le carreau qui travaillaient dans les secteurs qu'on abandonne. Surtout, ne pas laisser de place à l'angoisse, terreau des réactions de rejet de l'inconnu, de rejet de l'autre, sur lequel prolifère le cancer de l'extrême droite.
---
Dans ce moment d'angoisse, avant de connaître la réaction du public, je me réveille en sursaut ... Un sursaut effectivement nécessaire : le combat continue !