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L'écologie du RN : un double discours, à contre-sens.
Le programme du RN propose Une écologie nationale, pour le renouveau de la France ! Autrement dit, rien de moins que le bonheur … « les sorties familiales en voiture, les bains chauds, le feu de bois dans la cheminée pour fêter Noël » … Il n'y manque que la dinde !
Contre tous les prophètes de malheur, l'avenir sera meilleur dans la reproduction des traditions et d'un passé heureux … et tant pis si l'insouciance de ce « passé heureux » est constitutive de nos malheurs actuels et de ceux qui s'annoncent !
Le programme écologique du RN précise que « Le localisme résume ce mouvement qui rend la primauté au proche, au commun, et à l’unité. ».
Il utilise quelques bons mots (comme ici le localisme et le commun) mais à contre-sens, car il refuse de considérer la démocratie locale comme expression d'un intérêt commun de dimension universelle, en ne revendiquant que l'unité rabougrie d'une catégorie de population qui constitue sa clientèle électorale.
Il emprunte quelques bonnes formules en faveur de l'environnement et de l'écologie, mais dans une appropriation des concepts qui constitue un détournement du sens.
Le RN découvre par exemple et parle de l'anthropocène, mais il en méconnaît sa dimension systémique et il réduit l'analyse écologique en un discours nationaliste : l'écologie « localiste » est un contre-sens philosophique qui s'oppose à la visée globale et systémique de l'écologie.
Il s'agit du même type de détournement que celui que le RN opère vis à vis des problèmes sociaux. Par exemple, quand le RN parle de relever les salaires, il parle du salaire net qu'il augmenterait en supprimant des cotisations sociales (retraite, assurances...) qui finalement coûteraient bien d'avantage si elles étaient privatisées.
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L'écologie du RN : une démagogie assumée.
Le RN tente de récupérer la colère des agriculteurs.
Il est vrai que sa majorité parlementaire n'a pas voté pour l’accord de libre-échange entre l’UE et la Nouvelle-Zélande et que Bardella a voté contre le traité Mercosur. Il a même déclaré à son propos : « En plus des considérations environnementales dévastatrices, cet accord viendra alimenter une nouvelle concurrence déloyale pour les agriculteurs français, qui s’apprêtent une fois de plus à être sacrifiés sur l’autel du libre-échange et des exportations des industriels allemands. »
Mais son discours n'est qu'un calcul électoraliste comme le démontrent quelques unes de ses interventions au parlement Européen, en faveur de l'agriculture intensive.
Il n'hésite pas, par exemple, à sacrifier les contraintes environnementales :
- concernant les haies, le RN tient un double discours : il prévoit des primes à l’exploitation pour maintien ou restauration des haies, des surfaces humides... Et dans le même temps, il dénonce « l'abus » de règles de protection et les condamnations d'agriculteurs pour destruction de haies.
- concernant le glyphosate : le RN minimise le rôle des pesticides utilisés dans l'agriculture, en pointant un apport possible des stations d'épuration dans les résidus de glyphosates détectés dans les rivières. Apport qu'il faut évidemment combattre en non pas utiliser comme alibi.
Et pourtant, il est avéré que la suppression des haies et la généralisation des pesticides sont aussi deux causes majeures de l'extinction de certaines espèces d'oiseaux.
Ces « positions de faveur » du RN, vis à vis d'actions fondamentalement anti-écologiques, méconnaissent le fait que le droit de l’environnement fait partie intégrante de notre socle de normes.
Et sans surprise, concernant les actions d'écologistes contre les Méga-bassines de Sainte-Soline : Marine Le Pen dénonce la "complaisance" envers les "milices d'extrême gauche"
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L'écologie du RN : déni de réalité et bouc émissaire.
Dans le cas du réchauffement climatique et de l'extinction de la biodiversité, son discours « positif » et rassurant témoigne en réalité d'une non-reconnaissance, sur le fond, de la gravité et de l'urgence climatique qu'il tente de masquer.
Habituellement, le RN joue habilement sur les peurs des Français : celles de l’étranger, du délinquant, du déclassement…
Cette fois-ci, ce sont les écolos, les lanceurs d'alerte qui en font les frais et sont traités d'éco-terroristes.
Ce sont les déclencheurs d'alerte qui seraient les responsables, au même titre que le thermomètre serait responsable de la température. En cas de fièvre, il suffirait donc de casser le thermomètre !
Le déni de réalité est à la base de sa stratégie du bouc émissaire.
Cette non-reconnaissance de la gravité et de l'urgence peut avoir des origines diverses : incompréhension de la part du RN, ou bien calcul démagogique … sans doute les deux.
Quoiqu'il en soit, ce déni est une posture de facilité, infiniment plus facile à promouvoir que d'expliquer sans démagogie :
- la complexité des phénomènes environnementaux,
- la responsabilité qui nous incombe, par nos modes de consommation et par l'exploitation capitaliste du monde physique et des êtres humains. En témoignent les pratiques de type colonial qui prévalent dans les territoires possédant des ressources minières,
- la réalité de l'exploitation par les pays développés qui en ont profité en fermant les yeux...
- et de ce fait, les pays développés (dont le nôtre) ont une dette vis à vis des pays en voie de développement qui subissent les méfaits d'un développement économique dont nous avons abusé, et dont ils ont été écartés … tout en devant subir maintenant les conséquences climatiques.
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L'écologie du RN : qui paie ?
Il est nécessaire d'effectuer de profondes transformations de notre modèle et de nos instruments productifs, ce qui présente un coût considérable, à tous les nivaux (mondial, Européen, Français).
- - Le RN préconise de créer pour ce faire : « un fonds souverain » : c'est, par définition, un fonds d’investissement détenu par un État et financé par les excédents de son activité économique. Concernant la France, cette proposition est « hors sol » … car ce fonds serait négatif.
- - Un autre type de financement serait possible, par l'imposition des super-profits, des 1% les plus riches et par la traque des détournements fiscaux. Mais pour le RN, c'est hors de question : « nous ne demanderons rien à l'impôt ».
Sans financement associé, le discours du RN est donc une coquille vide, une escroquerie intellectuelle.
Sur tous les sujets, le RN prétend qu'il suffirait de s'en prendre aux étrangers pour résoudre tous les problèmes, en les privant de toute mesure sociale, voire en les expulsant. C'est méconnaître la réalité de l'exploitation capitaliste qui rapporte toujours plus que ne lui coûtent les dépenses sociales. Expulser les étrangers serait une mesure folle, non seulement sur le plan humain mais aussi sur le plan économique.
Un autre élément important du programme RN concerne ses positions sur l'énergie.
L'efficacité énergétique et la nécessité d'isoler thermiquement les bâtiments ne sont pas au programme et aucune mesure de soutien n'est prévue à cet effet. Le RN prône les énergies renouvelables … mais sans l'éolien. L'éolien (particulièrement offshore) est pourtant une source unanimement reconnue. D'après l'Agence Internationale de l'Energie, elle représente un potentiel équivalent à 11 fois la demande mondiale d’électricité estimée en 2040.
Mais le programme du RN prévoit de démanteler toutes les éoliennes en commençant par les plus anciennes.
Ce n'est pas rien eu égard à la production actuelle des éoliennes... Pour être parfaitement clair sur le sujet, il faut donner les chiffres.
L’année 2023 a été caractérisée par un record de production pour la filière éolienne en France : 50,8 TWh., qui représente 10,3% du total de l'électricité produite en France. Arrêter cette production éolienne serait une décision irresponsable qui, de surcroit, ferait exploser le prix de l'électricité, au détriment des entreprises (petites ou grosses) et des citoyens.
Ce qui n'empêche pas le RN de promettre des baisses de prix de l'énergie, de 30% à 40% : pure démagogie, pour faire plaisir aux opposants forcenés des éoliennes, qui sont très souvent aussi de farouches partisans du nucléaire.
Le RN promeut le nucléaire, prenant son développement comme solution magique pour décarboner notre industrie, sans se préoccuper ni des délais nécessaires à la reconstitution de la filière nucléaire, ni des incertitudes de cette reconstruction, ni de ses coûts faramineux. Sa position dogmatique et irréaliste occulte la catastrophe industrielle et financière de l'EPR de Flamanville alors que, dans le même temps, ont été installés des éoliennes et des panneaux photovoltaïques, totalisant en 2023 une production de 72,4 TWh. Cette production a représenté 22,59 % de notre production d'électricité nucléaire (320,4 TWh) et elle équivaut à celle de 13 réacteurs actuels … ou à celle de 7 ou 8 EPR … à supposer qu'ils arrivent un jour à produire l'électricité promise...
Bien que l'éolien et le photovoltaïque aient bénéficié de financements privés et d'effets d'aubaine qui auraient pu être évités (si l'État avait pris en charge ces développements), cette production reste à bien moindre coût (et bien moindre risque) qu'avec du nucléaire.
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L'écologie du RN : l'irresponsabilité politique !
Là où il faut accélérer, innover, financer, l’extrême droite ne parle que de renoncements … et de nucléaire comme solution miracle et comme solution pour notre indépendance nationale … C'est totalement faux puisque nous sommes dépendants des Russes pour certains retraitements des combustibles, des Chinois et des Américains pour certaines technologies et d'autres pays encore pour l'importation d'Uranium.
Le développement massif qu'il propose du nucléaire et de la voiture électrique « pour les sorties familiales » occulte le fait que la nécessaire électrification des usages (en particulier la voiture électrique) devra être contenue pour limiter l'extractivisme des métaux nécessaires à la transition énergétique.
Faire comme si ce problème n'existait pas est une faute politique grave.
Il sera nécessaire de développer des relations internationales de coopération constructives, avec tous les pays de la planète puisqu'ils sont tous impactés par la question environnementale.
Il sera nécessaire de partager équitablement les ressources et les technologies, et de développer les solidarités internationales.
C'est l'absolu contraire de la stratégie nationaliste d'un RN qui est l'essence même de l’idéologie d’extrême droite : repli sur soi, priorisation de l’intérêt national, cantonnement des problématiques aux frontières des pays.
Un programme mortifère qu'il faut lucidement combattre ... malgré ses fluctuations avérées !
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Plus d'informations sur la bifurcation énergétique : http://debat01.free.fr