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Billet de blog 20 septembre 2022

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Question de justice

Quand on est contre la peine de mort, on est contre … quelle que soit l’horreur du crime commis. Quand on est contre les violences faites aux femmes, on est contre ... quels qu’en soient les auteurs et les circonstances.

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Les principes qui régissent la société sont inscrits dans un corpus de textes et de pratiques qui constituent le DROIT. Par exemple, le principe de présomption d’innocence, le droit à un jugement équilibré fondé sur un droit de la défense et le secret de l’enquête …

Dans un état de droit, il y a une INSTITUTION de la justice
qui a en charge d’appliquer et de faire respecter le DROIT.

Le droit se fonde sur un consensus social, plus ou moins assuré, qui a sa source et sa justification dans des VALEURS humaines et morales, plus ou moins partagées, qui sont héritées de la culture à un moment donné de l’histoire. Le fondement de cette construction assure une forme de "stabilité" de l’imaginaire social.

Il est cependant soumis à des débats qui traversent la société. 
et il évolue ainsi au cours de l’histoire.
Cette possibilité d’adaptation est une des conditions concrètes
de sa LÉGITIMITÉ et de son ACCEPTATION sociale.

Le citoyen a ainsi ces deux niveaux possibles d’intervention et de mobilisation :
- pour modifier l’institution de la justice et du droit, modifier la loi, la constitution…
- pour définir ou élargir de nouveaux droits, qui s’avèrent nécessaires pour rendre compte des débats qui traversent la société.

Une question se pose donc : celle des MODALITÉS
d’intervention et de mobilisation.
Dit autrement : la fin justifie-t’elle toujours les moyens ?

Plus précisément, une « CAUSE JUSTE » (par exemple la défense d’une catégorie sociale opprimée) peut-elle mettre en oeuvre des moyens qui vont à l’encontre du droit ?
Il n’y a pas de « réponse absolue », car tout dépend de l’état de la société sur le sujet considéré.

On peut s’accorder sur le fait d’employer des moyens HORS-LA-LOI (allant à l’encontre du droit), mais sous la condition EXPRESSE que ces moyens soient considérés comme LÉGITIMES, quoiqu’illégaux, c’est à dire qu’ils n’impliquent pas une régression mais un progrès du droit. 
Donner à manger à des immigrés a pu être considéré comme hors-la-loi (à Calais) et condamné en tant que tel. C’était pourtant légitime … comme secourir des immigrés perdus dans les Alpes en hiver et cherchant à rejoindre la France.

Mais la réalité n’est jamais aussi  "simple", car la "volonté de justice" peut masquer d'autres désirs, dont celui de NUIRE. Par exemple, la volonté d’examiner SÉLECTIVEMENT certains comptes de campagnes pendant plusieurs années (alors que ces comptes avaient été officiellement validés) est sans doute légal … mais perd en légitimité devant la légèreté des charges réelles et vis à vis d’un intérêt politique évident … qui pourrait supplanter la volonté de justice.

Dans d’autres cas, l’opinion publique est sollicitée sur le mode régressif du pilori moyen-âgeux ou du  « lynchage médiatique ».
On peut rappeler que le « lynchage » est une pratique de JUSTICE EXPÉDITIVE américaine, instaurée par Charles Lynch (1736-1796) en Virginie et qui se répandit lors de la conquête de l'Ouest des États-Unis :  la « loi de Lynch » désignera alors toute forme de violence par laquelle une foule, sous prétexte de rendre la justice SANS PROCÈS, exécute un présumé coupable, généralement par pendaison. Le colonel Lynch deviendra une figure éminente de la CAUSE PATRIOTE.

Ainsi, AVANT tout jugement de justice, un citoyen est livré en pâture à l’opinion, opinion qui se substitue à l’institution judiciaire. Ce n’est donc pas un progrès de la justice et ce n’est pas non plus un progrès de la cause défendue, car le processus constitue une RÉGRESSION du droit.

Ainsi peut s’instituer un POUVOIR considérable de NUISANCE,
Un pouvoir HORS de tout contrôle de justice, déséquilibré,
instrumentalisé pour d’AUTRES causes que celle du progrès.

Ce pouvoir, qui livre en pâture un individu à l’opinion publique crée des dégâts considérables chez l’individu concerné, dégâts qui seront d’autant plus considérables que l’individu reconnaît lui même sa faute. Avec dignité. Car un individu ne peut pas se réduire à un comportement ponctuel.
Le cirque médiatique qui se déchaîne à l’insu d’une plaignante, peut aussi créer des dégâts considérables chez cette plaignante, transformée en simple « objet » médiatique, victime d’un processus qu’elle n’a pas souhaité engager et qui lui échappe.

En réalité, TOUT LE MONDE Y PERD
Y compris LA JUSTE CAUSE qui voulait être défendue.
Gardons nous de participer à ce processus mortifère.

Comment arriver à dire des choses simples : un individu ne se réduit pas à un bref épisode de sa vie, ni à la place qui lui est assignée dans l'imaginaire social. La reconnaissance du droit de chacune et de chacun vis à vis de l'autre n'épuise pas la question complexe des relations et de la vie commune. La défense d'une cause aussi impérative soit-elle et le droit de l'agressé ne doivent pas occulter celui de l'agresseur.

Le principe d'un service public
chargé d'élaborer des actes de justice
EN DEHORS de tout déballage médiatique
et de toute pression politique
est un IMPÉRATIF DÉMOCRATIQUE

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