Depuis ce dimanche soir 22 avril, je compte jusqu'à cinq, mentalement, obsessionnellement : 1, 2, 3, 4, 5 FN... 1, 2, 3, 4, 5 FN... en me disant : sur les cinq personnes que je viens de croiser, il y en a une, statistiquement, qui a voté FN !
Et je revois les chiffres, ahurissants, concernant le FN.
Mais pas seulement : car le total des gauches ne parvient pas à dépasser le total des droites, dans un contexte où, pourtant, la droite porte l'entière responsabilité de la crise dans laquelle s'enfonce notre pays (après d'autres en Europe).
Pauvre France, qu'es-tu devenue !
Comme j'ai honte pour ceux qui t'ont défigurée, qui veulent te transformer en un pays du chacun pour soi, du chacun entre soi, un pays de haine et d'exclusion de l'autre et, finalement, de tous les autres que soi.
Pauvres de vous, pauvres de nous !
Pensez-vous que votre pauvreté et votre misère seraient moins dures à porter si d'autres que vous étaient encore plus pauvres et plus miséreux, si vous aviez le pouvoir de reporter sur d'autres que vous (des "moins bien" que vous), la pauvreté et la misère qui sont les vôtres ?
Ne voyez vous pas qu'en détestant autant les autres, c'est une part de vous-mêmes que vous détestez ?
Mais il n'est jamais trop tard pour changer d'avis.
Et chacun à sa place devrait remettre en cause ses convictions.
Ceux qui ont voté FN, certes.
Mais aussi tous ceux qui ont mis dans le même sac le Front National et le Front de Gauche, tous ceux qui ont traité le Front de Gauche de dangereux populistes, par équivalence avec le populisme du Front National.
Tous ceux qui ont contribué à diffuser ces idées fausses et dangereuses.
Car venons y : à quel moment le Front de Gauche a-t'il fait preuve de populisme ?
- en combattant, frontalement, les idées du Front National et en ré-affirmant haut et fort la devise de la république : liberté-égalité-fraternité ?
quand d'autres adorent parler de liberté pourvu qu'il s'agisse d'une liberté individualiste, qui met toujours en cause les principes d'égalité et de fraternité... alors que la devise est indissociable.
- en parlant de la Méditerranée, notre mer à tous, pour dire que tous les peuples qui la bordent sont frères et que la guerre est finie ?
- en parlant de la misère de la vie quotidienne : le chômage, le SMIG, le logement, la destruction des services publics (santé, école...), les accidents du travail, les morts au travail ?
- en affirmant le droit de vivre et non pas de survivre ? parce que vivre serait un luxe que nous ne pourrions plus nous permettre ?
- en affirmant haut en fort qu'il existe des solutions pour financer un programme de Gauche ?
. Par une juste contribution de la part des hauts revenus, en particulier des revenus financiers (ce que d'aucuns n'ont pas hésité à présenter comme une "chasse aux riches")
. Mais surtout par un audit de la dette : pour que la dette indigne (celle qui résulte de la spéculation des banques privées) soit effacée, seule mesure réaliste pour nous éviter de sombrer dans une austérité destructrice.
Propos populistes et démagogiques que ceux du Front de Gauche ?
On serait donc populiste et démagogue à rappeler qu'en démocratie, c'est le peuple qui décide : un référendum pour décider de la restructuration de la dette, une constituante et un référendum pour définir une 6ème république, pour en finir avec les privilèges et le pouvoir de la finance.
Populisme, démagogie, irréalisme ? alors que ce processus s'est précisément déroulé en Islande... où maintenant la croissance est le triple de la croissance moyenne de l'Europe.
Encore faudrait-il en finir avec les névroses qui empêchent le coeur et la raison de s'exprimer. Car, cette fois, le coeur a ses raisons que la raison connaît : Liberté-Egalité-Fraternité.