Mgr Castet, nommé évêque par Benoit XVI, le 14 avril dernier, a pris possession de son diocèse de Luçon
, en Vendée, le dimanche 29 juin.

Voici quelques propos qu'il a tenu à la fin de la messe d'intronisation
:
"Monsieur le Cardinal, Monseigneur le Nonce Apostolique, Monsieur le Préfet, Monsieur le Ministre, Mesdames et messieurs les parlementaires, mesdames et messieurs les élus,
Avec vous, avant toutes choses, je souhaite rendre grâce à Dieu. Ses choix sont bouleversants. Ils vont bien au-dela de c que commande la raison humaine (...) J'avance dans l'espérance car l'avenir de l'Eglise ne se mesure pas à l'aune des analyses humaines ou des projections incertaines. Il est don de Dieu, qui sait agir bien souvent de façon surprenante.
Monsieur le Préfet, Monsieur le Ministre, Mesdames et messieurs les parlementaires, mesdames et messieurs les élus,
Si la présence des autorités civiles honore ma personne, elle manifeste plus encore la place que tient l'Eglise cahtolique dans le champ social. Dans notre pays, elle avance avec humilité, tout en sachant qu'elle est porteuse de sens. Sa parole est publique, dans le respect des consciences. Avecles apôtres, elle affirme que "nous ne pouvons pas nous taire sur tout que nous avons vu et entendu." Puisqu'elle a la certitude, selon le mot de Saint Irénée que "la vie de l'homme, c'est la vue de Dieu", sa parole portant sur la diggnité ede toute personne du jour de sa conception à celui de l'entrée dans l'éternité bienheureuse mérite d'être librement exprimée dans le concert légitime des opinions.
(...) Merci à vous, frères et soeurs de Vendée. Aujourd'hui, je deviens l'un des vôtres, mais aussi par choix de Dieu et de l'Eglise, votre pasteur. Il y a quatre siècles, en 1608, Armand-Duplessis de Richelieu arrivait à Luçon, dans cette même cathédrale, pour prendre possession de son siège. Je reprends volontiers à mon compte les mots qu'il prononçait alors : "Venant pour vivre avec vous et faire ma demeure habituelle en ce lieu, il n'y a rien qui puisse m'être plus agréable que de lire en vos visages et de reconnaître en vos paroles que vous en ressentez de la joie".
Avant de commenter ce passage, je rappelle que cet ecclésiastique, a eu une carrière que l'on peut, sans lui faire offense, qualifier d'ordinaire. Né en 1950, il est prêtre en 1975. Après un certain nombre d'affectations comme aumônier de différentes paroisses parisiennes et deux passages par deux aumôneries de lycée, il est depuis 1995, curé de la Paroisse Saint-François Xavier à Paris et aumônier de l'enseignement catholique.
Peut-être y -a-t-iI eu dans ce parcours apparemment modeste, quelque acte remarquable... ? toujours est-il qu'il se trouve nommé officier de la Légion d'Honneur dans la promotion du 14 juillet 2007. Etant donné qu'une telle nomination, de même que la nomination à la fonction d'évêque passe par des procédures qui nécessitent une certaine durée, on peut les considérer comme plus ou moins concomittantes. Espérons que seul le hasard en est la cause et qu'il n'y a pas de relation de cause à effet.
Quoiqu'il en soit, la chose tombe bien pour le nouvel évêque, puisqu'à propos de sa nomination il a dit à une journaliste qui l'interviewait :
Vous êtes chevalier de la Légion d’honneur, qu’en retenez-vous ?
Par delà nous-même, c’est une reconnaissance du prêtre dans la communauté de la République, dans le champ social et ses multiples composantes. Le prêtre n’est pas une sorte de zombie extérieur ! Il a sa place au cœur des réalités humaines et j’ai plutôt été facteur d’unité là où j’ai vécu.
Le rôle visible de l'Eglise dans la communauté, aujourd'hui républicaine, est sans doute la raison pour laquelle, il invoquait, le souvenir de Richelieu, son prédécesseur à Luçon, plus connu pour son rôle de ministre de Louis XVI.
Cela étant, pour invoquer la phrase de Richelieu, en 1608, promettant aux ouailles de la cathédrale de faire de la bonne ville de Luçon "sa demeure habituelle", il faut qu'il compte sur la mémoire courte de ses fidèles. Il y reste bien six ans, mais, outre qu'il n'avait jamais souhaité y venir, il ne dut pas consacrer beaucoup de temps à sa fonction d'évêque...
Armand Jean du Plessis avait un rapport aussi distant avec l'Eglise qu' avec Luçon. Né à Paris en 1585, il se destinait à la carrière des armes, lorsque son frère Alphonse, nommé évêque de Luçon, suivant le sort des cadets de famille noble, décline l'honneur et entre dans un couvent. C'est Armand qui doit donc se résigner à prendre l'évéché. C'est par le roi qu'il est nommé évêque, en 1606; il reçoit l'investiture du pape en 1607. Il entreprend des études de théologie aussi rapides que superficielles et reçoit, en effet, la charge du diocèse de Luçon. En 1614, il représente le clergé aux Etats-Généraux , convoqué par Marie de Médicis, mère du jeune futur Louis XIII. Elle nomme Armand Jean du Plessis en 1616 secrétaire d'Etat à la guerre. Après l'assassinat de Concini, le favori de Marie de Médicis, ourdi par l'entourage du jeune Louis XIII, Marie de Médicis est condamnée à l'exil (à Blois). Quand Louis XIII prend les commandes en 1617, Armand du Plessis, Seigneur de Richelieu, connaît deux années d'exil en compagnie de Marie de Médicis. C'est lui qui réconcilie le fils et la mère.
Avec elle, en 1619, il rentre en grâces; il deviendra "premier ministre" (et ministre de la guerre, très actif) de Louis XIII. En 1622, il devient cardinal, cependant que la Seigneurie de Richelieu (aux alentours de Chinon) est élevé au statut de Duché. Il se fait construire un château magnifique, joyau de l'architecture du XVIIème siècle) qui sera seulement terminé en 1642, à sa mort, et détruit à la Révolution (quelques bâtiments subsistent). On lui doit la restauration de la Sorbonne (et la construction de la chapelle où son chapeau est toujours suspendu dans les airs) et naturellement l'Académie française. Et quelques victoires militaires, plus ou moins glorieuses, comme la prise de La Rochelle où les protestants s'étaient réfugiés en 1629.

Souhaitons que l'épiscopat de Mgr Castet soit plus calme.