L'opinion publique est formatée.
L'opinion publique, telle est l'une de mes trois idées fixes, les deux autres sont: les origines du christianisme et la déprofessisonnalisation de la vie politique. Des amis me disent que cela se soigne. Malheureusement, dans mon cas, c'est depuis que je me suis soigné que je pense ainsi.
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Ce thème du formatage de l'opinion publique a été abordé à diverses reprises, récemment, dans un fil qui n'y était pas spécialement dédié : Affaire Tapie; devoir de mémoire. (Ouvert le 29 juillet)
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Certes, il a un rapport entre le formatage de l'opinion et le fonctionnement de la mémoire collective; mais il s'est dit également tant d'autres choses sur l'affaire Tapie que je redoute un peu ce mélange.
Je souhaiterais donc aborder la question de l'opinion publique en elle-même; en jouant la durée bien sûr, d'autant que je suis loin d'avoir une théorie définitivement arrêtée là-dessus. A l'occasion, je ferai une petite synthèse sur des choses qui se sont déjà dites... D'ailleurs, je commence maintenant, en rappelant que j'écrivais, le 30 juillet :
"L'opinion publique, c'est qui, c'est quoi, c'est quand, c'est comment, c'est pourquoi ? ..."
"La plus grande difficulté, c'est que l'opinion publique formatée ne peut pas savoir qu'elle est formatée, parce qu'elle se pense elle-même à travers son formatage. Il en va de cela comme de la lumière ambiante. On ne voit pas la lumière ambiante, puisque c'est par elle que l'on voit. "
"ce qui m'intéresse, c'est de savoir qui est responsable de ce formatage et comment il est réalisé. De ce point de vue, je trouve que vous apportez un élément intéressant avec l'empêchement de l'expression de la pensée. Le non-dit compte autant, si ce n'est plus, que le dit. . Ceux qui ont la parole - il s'agit d'une minorité - taisent un certain nombre de choses qu'ils devraient dire. Non satisfaits de cet état de choses, ceux-là et d'autres, en empêchent d'autres de s'exprimer. “ (30 juillet)
et
le 31 juillet : " Cette notion de formatage est liée à celle de majorité. Et c'est en cela que l'opinion publique m'intéresse, car la démocratie aussi est fondée sur la notion de majorité et vous avez pu voir, peut-être, que la démocratie m'intéresse. . Or, cette assimilation de la majorité de l'opinion publique à l'opinion publique exclut de l'opinion publique les minorités qui ne trouvent aucune possibilité d'expression, donc aucune possibilité de participer à une éventuelle évolution de l'opinion publique. En d'autres termes les minorités de l'opinion publique sont exclues de l'opinion publique,et, pour être encore plus radical, je dirais que là où l'on prétend voir de la démocratie, à tort ou à raison, je crois voir un mécanisme totalitaire.
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L'opinion publique en tant que telle, c'est-à-dire comme peut la voir, scientifiquement un sociologue, par exemple, n'est que la toile de fond de ma recherche. Au delà de l'approche sociologique, je suis dans une recherche politique : mon hypothèse, c'est qu'il y a formatage, il y a conditionnement de l'opinion publique et mon questionnement est (je me répète) : par qui, quand, comment, pourquoi...je crains de trouver parmi les responsables du formatage des individus et des groupes qui se croient partisans et artisans de la liberté. " (31 juillet)
(à suivre)
jean-paul yves le goff
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