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Billet de blog 5 janv. 2009

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Le paradigme historico-théologique (2)

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J'ai eu du mal à terminer cet article; maintenant, j'ai du mal à le télécharger; il semble que la longueur dépasse de beaucoup les limites ordinaires. (Il fait 24 pages A4 en pdf).

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Voici donc, le début. Les Personnes intéressées pourront le consulter en totalité sur mon site à cette adresse :

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http://www.lelivrelibre.net/PHT2.pdf

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et pour la lettre ouverte à Paul Veyne, ainsi que les deux prochains articles, il suffit de cliquer ici

et, en principe, le télécharger, du moins si tout fonctionne bien.

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Bonne lecture.

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jpylg

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A l’occasion de Noël, le 25 décembre 2008, la chaîne de télévision France 5 consacrait, dans le cadre de la série C dans l’air , une émission intitulée « Jésus, ce héros », sous la houlette du journaliste vedette Yves Calvi, spécialiste du débusquage des vérités cachées. Le résumé de l’émission se présentait en ces termes dans les programmes imprimés :

« Alors qu’on dit le christianisme essouflé, la figure de Jésus passionne. Homme pour certains, fils de Dieu pour d’autres, il n’a jamais autant occupé l’actualité culturelle. Mais pourquoi cet intérêt pour Jésus de Nazareth ? Et que sait-on aujourd’hui de lui ? Si de nombreux doutes demeurent concernant l’existence qui fut réellement la sienne, il semble aujour’hui avéré qu’il a vécu (…) la vie de Jésus reste jonchée de zones d’ombre (…) et ce, malgré le travail permanent des chercheurs qui appliquent leurs connaissances et outils scientifiques aux traces littéraires et archéologiques de son histoire ».

Ici aussi donc, on propose au public une démarche de réflexion sous l’autorité de « chercheurs » armés de connaissances et d’outils « scientifiques » ! On ne manque de faire remarquer, comme à l’habitude, que beaucoup de choses sont incertaines. Sans doute pour essayer de réconforter toute la partie de l’auditoire qui veut camper sur des positions agnostiques ou sceptiques. Cela sans doute est supposé relativiser l’impact de l’affirmation de la certitude de son existence. Qu’importe qu’il ait vécu si une si large place est accordée au doute ?

L’un des invités de cette émission du 25 décembre était Frédéric Lenoir, directeur du magazine Le monde des religions , auteur d’un Petit traité d’histoire des religions dans lequel il écrit : « Et l’historicité du personnage, affirmée par des sources extérieures, même si elles sont ténues, ne fait plus aujourd’hui l’objet de doutes » (page 271).

Intéressons-nous un instant à cette référence récurrente à la notion d’aujourd’hui. Cette insistance sur « aujourd’hui » implique nécessairement que ce n’était pas le cas « hier », ce qui implique également que du nouveau s’est produit entre hier et aujourd’hui.

En 2007, phénomène sans précédent, un pape, en l’occurrence Benoit XVI, crut utile de consacrer un livre à la personne de Jésus, événement éditorial s’il en fut cette année-là. Pour la circonstance, le journal Le Nouvel Observateur , sans doute dépourvu d’informateur maison suffisamment compétent choisit de faire appel à un certain Daniel Marguerat, d’ailleurs largement présent dans les trois volets de la trilogie d’Arte, évoquée précédemment, ainsi d’ailleurs qu’on le voit un peu partout, l’homme n’ayant pas la réputation de vouloir se cacher.

A la question du Nouvel Observateur : « Renan disait : ce que nous connaissons de Jésus tient en quelques lignes. Qu’en est-il aujourd’hui ? », Daniel Marguerat répondait : « Ce scepticisme radical n’est absolument plus partagé par personne. Nous n’en sommes plus à nous demander si Jésus a existé ou non. Et du personnage historique le mieux attesté de toute l’antiquité, nous en savons à la fois beaucoup et trop peu. Bien plus, en tous cas, qu’à l’époque de Renan ».

Daniel Marguerat n’est pas seul à dire, même si c’est très nouveau, que nous sommes abondamment documenté sur Jésus, malgré les zones d’ombre. Nous verrons plus loin que cette thèse est défendue en d’autres lieus, éventuellement des lieux où l’on

s’y attendrait le moins. Avant d’aborder le sujet de ce que les historiens-chercheurs spécialistes de l’antiquité peuvent enseigner quand ils le font en qualité de fonctionnaires de la république française laïque, je signalerai que cette théorie de l’abondante documentation est également reprise par le numéro hors série du Point où, dans l’avant-propos du dossier, la journaliste Catherine Golliau, n’écrit pas une fois, mais deux (la première dans le texte, la deuxième dans une « réserve » hors texte) : « Nous disposons d’une documentation rarement égalée pour un homme de l’antiquité ». Quant au fait que cette existence ne soit pas seulement connue, mais encore connue de manière certaine, c’est affirmé dans ce même numéro par Elian Cuvillier : « Certes, il existe quelques certitudes : Jésus a existé ; ses parents s’appelaient Joseph et Marie, il vivait dans la Judée et la Galilée du 1er siècle, alors sous occupation romaine…Mais… » etc.

La question est, pour l’instant, de savoir ce que l’on a découvert depuis Renan, qui publiait, rappelons-le, sa Vie de Jésus en 1863 ?

Le créneau à explorer n’est pas, d’ailleurs, d’un siècle et demi. Jusqu’en 1950, il était encore très courant de considérer qu’on ne connaissait à peu près rien du Jésus historique ; d’où le fait que certains avaient cru, bien à tort, en conclure qu’on pouvait voir là la preuve qu’il n’avait pas existé ; d’autre part, jusqu’à un tout petit nombre d’années en arrière, c’était une sorte de silence qui régnait sur la question ; il n’était pas du tout habituel de lire un peu partout, comme c’est le cas aujourd’hui, que l’existence de jésus est certaine et même qu’il est le personnage de l’antiquité sur lequel on est le plus abondamment documenté.

Si l’on remonte un peu plus dans le temps, mais nettement après Ernest Renan, on est en droit de se demander quelle est cette documentation que n’avait pas, mais dont dispose aujourd’hui leurs successeurs, les historiens de la génération de Charles Guignebert (1867-1939dans l’un de ses premiers ouvrages, datant de 1914 : « Si peu que nous sachions de sa vie, devons-nous considérer Jésus comme un personnage réel de l’histoire ou bien sa figure humaine ne nous représente-t-elle qu’une construction de la foi, une combinaison, animée par elle, de mythes et de lgendes ? Tel est le problème que je me propose d’examiner ».

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