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Billet de blog 10 septembre 2008

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Penser contre les idées reçues

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'était il y a longtemps. L'histoire se passe au cours de l'une des trois séances hebdomadaires de psychothérapie analytique que je poursuivais déjà depuis sept ans. Mes relations avec le psi étaient au pire. Chaque semaine, je le regardais un peu plus de travers. J'en étais arrivé à envisager de l'assassiner après lui avoir de gré ou de force extorqué un remboursement. C'était un vendredi, fin de semaine. La veille au soir, j'avais vu à la télé, un type, je ne sais plus son nom, qui se disait grand reporter dans un journal du soir, ou directeur de la rédaction, j'ai oublié le titre. Peu importe. Il invitait le monde entier à, comme il disait, "penser contre soi".

Comme je ne savais pas trop quoi raconter au psi et que j'ai une bonne mémoire, je me mis à lui débiter tout ce que j'avais entendu le gars dire à la télé, comme si c'était mes propres théories. Le psi était subjugué. A la fin, il me dit :

- Félicitations, monsieur Le Goff ! Ainsi, vous en êtes là ! Vous ne serez pas surpris que je vous dise que, désormais, je ne peux plus rien pour vous. Bravo, bravissimo, bravo ! Je peux vous avouer maintenant que vous m'avez parfois beaucoup inquiété; mais c'est fini. Croyez que j'ai été heureux de travailler, avec vous, pour vous.

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Cette conclusion imprévue me déstabilisa un peu. Je dirais volontiers que je tombais sur le cul, si l'expression n'était pas ambigüe dans ce contexte analytique. Donc, c'était fini. Tant mieux ! J'avais pensé qu'avec ce type, j'en avais pris au moins pour 20 ans. Bon débarras. C'est comme çà que je mis fin à ma psychothérapie. J'avais fini de m'inspecter le nombril. J'ouvris les yeux sur le reste du monde.

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En m'intéressant au reste du monde, j'ai fini par retrouver le type qui invitait à "penser contre soi". Il s'est lancé depuis dans l'information participative. Aussi, au titre de la participation, je dirai à mon tour au monde entier, urbi et orbi, que j'avais pensé contre moi pendant les sept ans de ma psychothérapie. Sept ans, çà suffit. Depuis qu'elle est finie (il y a longtemps), je pense pour moi.

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Je pense pour moi, mais je pense contre les idées reçues; toutes les idées reçues. Quel travail ! Parfois, je ressens un soupçon de fatigue. Que tout était facile du temps où les idées reçues pensaient pour moi.

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jean-paul yves le goff

http://www.lelivrelibre.net

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