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Billet de blog 10 décembre 2024

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Du Dieu de Platon au Dieu de Roselmack (2)

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Précédemment (1)

(1) https://blogs.mediapart.fr/jeanpaulyveslegoff/blog/101224/du-dieu-de-platon-au-dieu-de-roselmack-1

La République, livre VI, 505, 508, 509, s

505e Or, ce bien que toute âme poursuit et en vue duquel elle fait tout, dont elle soupçonne l'existence sans pouvoir, dans sa perplexité, saisir suffisamment ce qu'il est, et y croire de cette foi solide qu'elle a en d'autres choses - ce qui la prive des avantages qu'elle pourrait tirer de ces dernières - ce bien si grand et si précieux, dirons-nous qu'il doit rester couvert de ténèbres pour les meilleurs de la cité, ceux à qui nous confierons tout.

Assurément non, répondit-il.

(…)

506 c

Mais quoi ! n'as-tu pas remarqué à quel point les opinions qui ne reposent pas sur la science sont misérables? Les meilleures d'entre elles sont aveugles - car vois-tu quelque différence entre des aveugles marchant droit sur une route, et ceux qui atteignent par l'opinion une vérité dont ils n'ont pas l'intelligence?

Aucune, avoua-t-il.

506 c

Mais, bienheureux amis, de ce que peut être le bien en soi ne nous occupons pas pour le moment - car l'atteindre 506e en ce moment, tel qu'il m'apparaît, dépasse à mon sens la portée de notre effort présent Toutefois, je consens à vous entretenir de ce qui me paraît être la production du bien et lui ressemble le plus, si cela vous est agréable; sinon, laissons là ce sujet.

Parle toujours du fils, dit-il; une autre fois tu t'acquitteras en nous parlant du père.

507 b

Et nous appelons beau en soi, bien en soi et ainsi de suite, l'être réel de chacune des choses que nous posions d'abord comme multiples, mais que nous rangeons ensuite sous leur idée propre (430), postulant l'unité de cette dernière.

(ÀÈ C

C'est cela.

Et nous disons que les unes sont perçues par la vue et non par la pensée, mais que les idées sont pensées 507c et ne sont pas vues.

Parfaitement.

Or, par quelle partie de nous-mêmes percevons-nous les choses visibles?

Par la vue.

Ainsi nous saisissons les sons par l'ouïe, et par les autres sens toutes les choses sensibles, n'est-ce pas?

Sans doute.

(…)

De quel élément parles-tu donc? demanda-t-il.

De ce que tu appelles la lumière, répondis-je.

(…)

Quel est donc de tous les dieux du ciel celui que tu peux désigner comme le maître de ceci, celui dont la lumière permet à nos yeux de voir de la meilleure façon possible, et aux objets visibles d'être vus?

Celui-là même que tu désignerais, ainsi que tout le monde; car c'est le soleil évidemment que tu me demandes de nommer.

508 b

'oeil est, je pense, de tous les organes des sens, celui qui ressemble le plus au soleil.

De beaucoup.

Eh bien ! la puissance qu'il possède ne lui vient-elle point du soleil, comme une émanation de ce dernier 

Si fait.

Donc le soleil n'est pas la vue, mais, en étant le principe, il est aperçu par elle.

Oui, dit-il.

Sache donc que c'est lui que je nomme le fils du bien, que le bien a engendré semblable à lui-même. Ce que le 

508 c

 bien est dans le domaine de l'intelligible à l'égard de la pensée et de ses objets, le soleil l'est dans le domaine du visible à l'égard de la vue et de ses objets.

Comment? demanda-t-il; explique-moi cela.

Conçois donc qu'il en est de même à l'égard de l'âme; quand elle fixe ses regards sur ce que la vérité et l'être illuminent, elle le comprend, le connaît, et montre qu'elle est douée d'intelligence  mais quand elle les porte sur ce qui est mêlé d'obscurité, sur ce qui naît et périt, sa vue s'émousse, elle n'a plus que des opinions, passe sans cesse de l'une à l'autre, et semble dépourvue d'intelligence.

Elle en semble dépourvue, en effet. 508e

Avoue donc que ce qui répand la lumière de la vérité sur les objets de la connaissance et confère au sujet qui connaît le pouvoir de connaître, c'est l'idée du bien ; puisqu'elle est le principe de la science et de la vérité, tu peux la concevoir comme objet de connaissance , mais si belles que soient ces deux choses, la science et la vérité, tu ne te tromperas point en pensant que l'idée du bien en est distincte et les surpasse en beauté; comme,  dans le monde visible, on a raison de penser que la lumière et la vue sont semblables au soleil, mais tort de croire qu'elles sont le soleil, de même, dans le monde intelligible, il est juste de penser que la science et la vérité sont l'une et l'autre semblables au bien, mais faux de croire que l'une ou l'autre soit le bien; la nature du bien doit être regardée comme beaucoup plus précieuse.

509b

Tu avoueras, je pense, que le soleil donne aux choses visibles non seulement le pouvoir d'être vues, mais encore la génération, l'accroissement et la nourriture, sans être lui-même génération.

Comment le serait-il, en effet?

Avoue aussi que les choses intelligibles ne tiennent pas seulement du bien leur intelligibilité, mais tiennent encore de lui leur être et leur essence, quoique le bien ne soit point l'essence, mais fort au-dessus de cette dernière en dignité et en puissance 

Conçois donc, comme nous disons, qu'ils sont deux 509d rois, dont l'un règne sur le genre et le domaine de l'intelligible, et l'autre du visible

(…)

Prends donc une ligne coupée en deux segments inégaux , l'un représentant le genre visible, l'autre le genre intelligible, et coupe de nouveau chaque segment suivant la même proportion ; tu auras alors, en classant les divisions obtenues d'après leur degré relatif de clarté ou d'obscurité, dans le monde visible, un premier segment, 509e celui des images

(…)

510 b

Examine à présent comment il faut diviser le monde intelligible.

Comment?

(…)

511b

Comprends maintenant que j'entends par deuxième division du monde intelligible celle que la raison même atteint par la puissance de la dialectique, en faisant des hypothèses qu'elle ne regarde pas comme des principes, mais réellement comme des hypothèses, c'est-à-dire des points de départ et des tremplins pour s'élever jusqu'au principe universel qui ne suppose plus de condition; une fois ce principe saisi, elle s'attache à toutes les conséquences qui en dépendent, et descend ainsi jusqu'à la conclusion sans avoir recours à aucune donnée sensible, mais aux seules idées, par quoi elle procède, et à quoi 511c elle aboutit 

(…)

Je te comprends un peu, mais point suffisamment 

(…)

Tu m'as très suffisamment compris, dis-je. Applique maintenant à ces quatre divisions les quatre opérations 511e de l'âme : l'intelligence à la plus haute, la connaissance discursive à la seconde, à la troisième la foi, à la dernière l'imagination ; et range-les en ordre en leur attribuant plus ou moins d'évidence, selon que leurs objets participent plus ou moins à la vérité 

Je comprends, dit-il; je suis d'accord avec toi et j'adopte l'ordre que tu proposes.

(à suivre)

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