Voir :
https://blogs.mediapart.fr/anon/blog/180424/changer-de-paradigme/commentaires
Avant d’en revenir à l’idée de « changer de paradigme », commencée à traiter dans un fil qui a mal tourné, je voudrais liquider l’aspect personnel qui a déraillé, dû selon moi, à ce que Anon a un grand mal à comprendre la complexité et la contradiction des «vérités profondes. » Oui, Anon m’intéresse et ne m’intéresse pas.
J’ai dit, dans un précédent message qu’il s’imagine, tout à fait à tort, que je voudrais l’obliger à adopter mes propres convictions, philosophiques et religieuses et j’ai expliqué que, si d’aventure, tel était le cas, je m’y prendrais tout-à-fait autrement.
Aussi, pourquoi voudrais-je le faire changer de position ? Pourquoi voudrais-je qu’il croie ce que je crois ? Anon m’est parfaitement indifférent. Sauf à cette récente relation numérique, je ne le connais ni d’Eve ni d’Adam. Ce n’est pas mon frère, ni mon fils, ni mon petit-fils qui, d’ailleurs, entre nous soit dit, croient ce qu’ils veulent sans que je m’en soucie.Il y a des milliards de croyants et autant de croyances. L’une est celle d’Anon, une autre est la mienne. Mon principe en la matière est que chacun croie ce qu’il veut, pourvu que cela ne lui fasse pas de mal, ni à personne et que même, si possible, cela fasse du bien.
Donc - faites-moi confiance ! - Anon et ses croyances me sont totalement indifférents.
Et en même temps… (La voici, la contradiction). Anon et ses croyances m’intéressent énormément. D’abord, parce qu’elles s’expriment dans un lieu public - en l’occurrence sur ce forum de Médiapart, où, depuis le début, j’ai regretté très ouvertement qu’il ne soit pas davantage question de religion. J’ai des explications là-dessus, mais tel n’est pas le sujet.
Anon s’exprime dans un lieu public sur un sujet - la religion - auquel j’ai consacré plusieurs décennies de ma vie. (La religion, ou Dieu … Anon y voit une grande différence. Pas moi). C’est ce sujet qui m’intéresse et c’est par rapport au sujet que les interventions d’Anon m’intéressent. D’autant plus qu’elles ont certaines caractéristiques qui me semblent fortes. Anon réfléchit par lui-même, il est intelligent, il est dans une démarche de recherche profonde et originale qui me semble très bien orientée. Elle devrait l’amener loin. Sauf que - à moins que , bien sûr, je sois dans l’erreur, - il a pour point de départ des données fausses qui sont, en un mot, le paradigme classique des origines du christianisme. Et tant qu’il ne commencera pas par réfléchir autrement à la notion de paradigme (et en revenir à Thomas Kuhn), il n’en changera pas et donc, il tournera en rond dans sa recherche. Peut-être le fera-t-il toujours ? Et alors ? C’est en cela qu’il m’indiffère. Il croira ce qu’il veut, comme les milliards de croyants que nous sommes. Mais - Dieu aidant - il pourrait un jour sortir du cercle vicieux épistémologique duquel il est prisonnier. Et c’est en cela qu’il ne m’est pas indifférent.
Je lui ai dit que je m’adressais à lui et que je ne m’adressais pas à lui. Je ne m’adresse pas à Anon tel qu’il est aujourd’hui car je sais que, dans les positions actuelles qui sont les siennes, il est forcé de me comprendre de travers. Je m’adresse peut-être à lui tel que que - éventuellement - il pourrait être dans cinq, dix ou quinze ans ? Même si, à ce moment-là, il m’aura depuis longtemps oublié.
Une deuxième façon que j’ai de m’adresser à lui, c’est qu’en m’adressant à lui, je pense que, peut-être, je toucherai quelques autres, ou quelqu’un d’autre. Le paradigme dominant auquel je m’attaque est totalitaire. Il me condamne au silence et il en a condamné bien d’autres avant moi, bien plus savants que moi. C’est la façon qu’il a de se défendre. Mais aussi puissant qu’il soit, le paradigme dominant est d’ores et déjà battu. C’est le paradigme aujourd’hui ostracisé qui vaincra. C’est le paradigme apparemment battu qui l’emportera. Ce sont les auteurs aujourd’hui réduits au silence qui reviendront sur le devant de la scène. Parce que leurs ouvrages sont toujours dans les bibliothèques. Certains seront un jour republiés. Parce qu’il y a des originaux et des marginaux comme moi qui y font allusion, seraient-ils en petit nombre et seraient-ils eux-mêmes mis en quarantaine.
Ce que je fais, sur Médiapart - et bientôt sur le plus de réseaux sociaux possibles - c’est envoyer non pas une, mais des bouteilles à la mer. Le plus possible. Plus j’en enverrai, plus il y aura de chances que quelques personnes les réceptionnent. Anon a reçu l’une de ces bouteilles que j’ai envoyées. Mais il l’a rejetée sans lire le message. Il n’y a pas à lui en vouloir et je lui garde toute ma sympathie. Il ne pouvait pas lire. Le paradigme dominant le lui interdisait.
(À suivre : changer de paradigme)