https://blogs.mediapart.fr/anon/blog/180424/changer-de-paradigme/commentaireshttps://blogs.mediapart.fr/anon/blog/180424/changer-de-paradigme/commentaires
J’ai écouté, pendant près de deux heures le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe.
Plus de 50 fois, il a prononcé, à propos d’Europe, le terme de paradigme, souvent même « changer de paradigme ». C’est l’occasion de rappeler que ce terme qui apparaît dans le langage ordinaire aussi tardivement que dans les années 1980, lancé par Thomas Kuhn dans « Structure des révolutions scientifiques » est employé dans un sens particulier qu’il a perdu, du fait de son utilisation à toutes les sauces. Mais s’il étonnait alors, c’est parce qu’il innovait.
Aujourd’hui, le sens qui lui est attribué est « modèle » dont il est devenu un équivalent parfait. C’est en ce sens que Macron n’a cessé d’évoquer le « paradigme européen ».
Ce sens de « modèle » était présent, si l’on veut, dans le paradigme selon Kuhn, mais c’était un modèle plus qu’autoritaire, pratiquement totalitaire prétendant donner la clé d’une réalité complexe alors qu’il n’en était qu’une représentation conventionnelle, mais devenue inattaquable.
Ce qu’il faut comprendre, dans le sens de Kuhn, c’est qu’il y a un lien - quasiment d’identité - entre Autorité et paradigme. L’un n’existe pas sans l’autre et réciproquement.
Ce qui se cache derrière cette union entre paradigme et autorité, c’est la question du pouvoir. Dès l’instant où l’on veut « changer de paradigme », c’est un pouvoir que l’on attaque. Le paradigme interdit la recherche. Le pouvoir ne veut jamais être diminué. Changer de paradigme, c’est s’engager dans la révolution. (C’est cela qu’explique Kuhn).