Autant que je me souvienne, on nous disait, à l'école, que les Athéniens avaient condamné Socrate pour avoir corrompu la jeunesse.
C'est vrai. C'est bien le chef d'accusation. Mais il corrompt la jeunesse en lui enseignant les raisons de ne pas croire à la divinité et, par voie de conséquence, de mettre en péril la Cité. C'est du moins ce que je lis dans L'Apologie de Socrate. Mes professeurs étaient-ils des petits cachotiers ?
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Apologie de Socrate :
11 b
Maintenant c’est à̀ Meletos, cet honnete homme si dévoué́ à la cité, à ce qu’il assure, et à mes recents accusateurs que je vais essayer de répondre. Faisons comme si nous avions af- faire à des accusations nouvelles et donnons-en le texte comme pour les premieres. Le voici à peu pres : « Socrate, dit l’acte d’accusation, est coupable en ce qu’il corrompt la jeunesse, qu’il n’honore pas les dieux de la cité et leur substitue des divinites nouvelles. » Telle est l’accusation ; examinons-en tous les chefs l’un après l’autre.
[19b, c]
Voyons; que disent mes calomniateurs? Car il faut mettre leur accusation dans les formes, et la lire comme si, elle était écrite, et le serment prêté : Socrate est un homme dangereux, qui, par une curiosité criminelle, veut pénétrer ce qui se passe dans le ciel et sous la terre, fait une bonne cause d'une mauvaise, et enseigne aux autres ces secrets pernicieux.
(...)
24b, c
Socrate :
tâchons de répondre à Mélitus, cet homme de bien, si attaché à sa patrie, à ce qu'il assure. Reprenons cette dernière accusation comme nous avons fait la première; voici à peu près comme elle est concile : Socrate est coupable, en ce qu'il corrompt les jeunes gens, ne reconnait pas la religion de l'état, et met à [24c] la place des extravagances démoniaques ". Voilà l'accusation; examinons-en tous les chefs l'un après l'autre.
(...)
26d
Mélitus : Je t'accuse de ne reconnaître aucun dieu.
(...)
35d Mais il s'en faut bien, Athéniens, qu'il en soit ainsi. Je crois plus aux dieux qu'aucun de mes accusateurs; et je vous abandonne avec confiance à vous et au dieu de Delphes le soin de prendre à mon égard le parti le meilleur et pour moi et pour vous.