Agrandissement : Illustration 1
Peindre d’abord une camisole
lanières et sangles débouclées
peindre ensuite
quelque chose d’attachant
quelque chose de rassurant
quelque chose de calmant
quelque chose de tranquillisant
pour le fou
Placer ensuite la toile contre un garde-fou
dans une bastille
dans un hospice
ou dans un asile
Se déguiser en gardien
sans sévir
sans rien dire...
Parfois le fou arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de nombreux jours
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
Agrandissement : Illustration 2
attendre s’il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l’agitation du fou
ayant un certain rapport
avec la sérénité du tableau
Quand le fou arrive
s’il arrive
observer le plus profond silence
attendre que le fou se glisse dans la camisole
et quand il est bien emmanché
boucler sangles et lanières avec le pinceau
puis
effacer un à un bâillons et garrots
en ayant soin de n’étouffer
aucune des illusions du ballot
Faire ensuite le portrait de la forteresse
de chaque muraille qui se dresse
Agrandissement : Illustration 3
pour le fou
peindre aussi la crasse des corridors
les cachets d’anxiolytiques
la poisse des geôles
les capsules de neuroleptiques
le râle des comparses secoués d’électrochocs
et puis attendre que le fou se mette à gueuler
Si le fou bavote et somnole
c’est mauvais signe
signe que sa potion est surdosée
mais s’il se révolte, vocifère et hurle, c’est bon signe
signe que vous pouvez le dorloter
Alors vous prélevez fermement
quelques gouttes d’atrabile du dingo
et vous écrivez son nom
sur la porte du cachot.
Agrandissement : Illustration 4
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Selon la prosodie de "Pour faire le portrait d'un oiseau" de Jacques Prévert. Extrait de "usus, fructus, abusus" (jef Safi/BLURB).
Images de "Stable Diffusion" promptées par le poème in extenso lui-même.