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Manurge(*), impudent, éhonté, insolent, ne manquera pas de se glorifier bientôt d’avoir vaincu la covid-19. Mais il faut qu’il se dépêche. Ce sera aussi opportun politiquement que fallacieux scientifiquement. Politiquement, il lui faut raconter une victoire pour taire une longue série de revers. Scientifiquement, il peut encore cacher que sa stratégie est contre-productive ; n’est-ce pas la pression vaccinale qui est, dans le monde entier, le moteur de l’échappement immunitaire des variants successifs ? Ce ne sont pas les vaccins qui courent après les variants, mais bien les vaccins qui poussent devant eux les vagues successives des variants sélectionnés par leur résistance. Tant que les nouveaux ne sont pas trop délétères, la pandémie est l’aubaine dont Manurge peut encore se saisir.
Le virus circulera toujours, c'est sa nature, variant de-ci de-là, égrenant les alphabets cahin-caha. Mais ici et maintenant, il suffira à Manurge d’imputer aux seuls rétifs, anti-vaccin et anti-passe confondus, la longue traîne des dégâts de la pandémie pour retourner la charge de la preuve à son profit. Les abonnés aux rappels multiplieront leurs shoots de réconfort en échange d’effets indésirables chaque fois défiés puis ignorés. Ils tomberont les masques impunément, bien qu’aussi contagieux que quiconque. Les taux d’incidence feront toujours le yoyo au gré des conjonctures. Malgré les rebuffades d’un peuple indomptable, abruti et rustre, il lui suffira de proclamer, péremptoirement faute de preuve scientifique, que son chantage vaccinal a été décisif pour que les ballots rassérénés l'acclament.
Les médias fidèles à son culte reprendront leur rhétorique dithyrambique d’idolâtres ou de soupirants. Ils oseront même avancer le substantif « éradication », en espérant au passage l’assigner au virus autant qu’aux oppositions. Le virus circulera toujours, désormais endémique, à bas bruit ou pas. Les dernières victimes seront classées collatérales, versées au compte des externalités négatives impondérables, peu ou prou malchanceuses, puis petit à petit fautives d’insouciance, culpabilisées puis discriminées, punies de mille manières.
Il y aura bien encore, ici et là, quelques râleurs vindicatifs, enquêteurs pugnaces et rancuniers, montrant combien l’omelette ne cesse de casser d’oeufs, dénonçant la casse économique et sociale de l'état d'urgence, relayant les alertes de pharmaco-vigilance, et tentant désespérément de faire descendre le champion de son podium à plébiscite pour qu’il rende enfin des comptes. Que nenni ! Il y a belle lurette que Manurge ne rend plus rien de ce qu'il prend, ni lui ni ses pairs, au service d'un état de plus en plus corrompu et au détriment d'une nation de plus en plus muselée. Pourquoi réparerait-il l’état social qu’il démantèle systématiquement de fond en comble. A cette seule fin politique néolibérale, la pandémie est plus qu'une opportunité, c'est une aubaine.
Il lui suffira d’attendre que l’entropie fasse son oeuvre, que les effets indésirables des états d’urgence renouvelés et des thérapies géniques expérimentales se diversifient à l’infini. Aucun dégât ne sera assez saillant pour être imputable à l’état d’urgence sanitaire ni aux expérimentations vaccinales. Quand bien même des suspicions émergeront, encore faudra-t-il aux lanceurs d’alerte en prouver la causalité derrière les corrélations observables. Rien ne sera plus aisé et payant à la fois que d’invoquer la considérable complexité multifactorielle des causes pour obscurcir les débats entre statisticiens, scientifiques soignants ici, lobbyistes industriels là. Il lui suffira de décrédibiliser médiatiquement ou de bâillonner judiciairement quiconque discutera la doxa économique et industrielle avec des arguments scientifiques ou médicaux, fussent-ils indiscutablement exempts de tous conflits d'intérêts. Le coup d'état se fait épistémologique et obscurantiste, désormais c'est la doxa arrogante qui s'érige en vérité et non plus la déontologie scientifique qui s'efforce humblement de l'élaborer chaque jour.
Demeurons optimistes. Un éleveur de gros cheptel en batterie ne peut pas recourir au confinement physique en cas de contamination sévère. C’est impossible par unité, évidemment. Mais c’est également très difficile et coûteux par groupes ou par lots. Jamais les enclos ne sont assez indépendants et isolés pour garantir toute absence de contagion. Il faudrait énormément d’espace, sans parler des insolubles problèmes de logistique pour les transhumances, les fournitures alimentaires, etc. La rente de l’exploitation intensive déclinerait, voire s’effondrerait, si celle-ci n’était pas concentrée, optimisée, taylorisée, industrialisée, robotisée, etc.
Heureusement, il y a une alternative au confinement physique, le confinement chimique. L’éleveur n’effectue plus d’épandages massifs aveugles d’antibiotiques, de pesticides ou de fongicides. Pour contenir les toxicités dans les limites du soutenable, ils ne traitent qu’à doses pragmatiques, sans marge de précaution trop excessive, et seulement les lots suspects, séparés mais non isolés. Quelques algorithmes d’optimisation suffisent pour rassurer les investisseurs, ces apôtres éblouis de rationalisme numéral sanctifié qui ne lisent que les trends et les charts sur leurs tableurs du cloud. Naturellement, ces algorithmes sont paramétrés dans le plus grand respect éthique de la vie des comestibles autant que de l’appétit ô combien modéré des consommateurs solvables. Naturellement !
Malheureusement, il peut arriver que la contamination soit sévère, pour partie létale. Un enclos peut devenir un cluster, un réservoir viral explosif et menacer tout le cheptel. Les plus beaux mutants s’y concoctent alors selon les règles immuables de la sélection naturelle. Dès lors, on ne compartimente plus, on ne peut plus exploiter les machines à pattes ou à plumes à coups d’entretiens bienveillants, on abat, on incinère. Rappelons-nous ces éleveurs de visons contaminés au SARS-CoV-2 qui n’ont pas abattu leur cheptel tant ils avaient encore espoir de « sauver leurs peaux », coûte que coûte comme dit Manurge, tout en négligeant opportunément les risques et les dégâts collatéraux. Il y a toujours des tricheurs, l’économie est un jeu, les affaires sont les affaires.
Pourquoi nos dresseurs de citoyens dociles bouderaient-ils une telle stratégie de sauvetage de leur exploitation ? D'autant plus qu'elle est portée à la charge des victimes elles-mêmes. D’autant plus qu’une solution de confinement chimique bio-génétique leur est offert sur un plateau d’argent par quelques lobbyistes de la thaumaturgie industrielle. Au moment de redessiner la pyramide de l’inégalité des chances - statu quo néolibéral oblige -, ne pourrait-on pas imaginer de nouvelles lignes pour dessiner une pyramide spéciste d’élevages de classes ? Ponzi lui-même n’y avait pas pensé, Manurge va le faire.
Le cheptel va-t-il se coucher ou s’insurger ? Le bloc populaire ne se rassemble-t-il pas ? Les gains de fonction du prochain mutant vont-ils l’exacerber ou l’émousser ? La 4ème vague va-t-elle rebondir sur la rentrée ? Qui gonflera la 5ème vague, le Lambda, le Mu ? Quid de la 6ème, sera-t-elle Eta, Iota, Kappa (l'OMS les surveille) ? La fenêtre d’opportunité est étroite, il faut que Manurge se dépêche.
Nous . . On est là !
Même si Manurge ne le veut pas, nous on est là !
Pour l'honneur des travailleurs et pour un monde meilleur,
Même si Manurge ne le veut pas,
Nous on est là !
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira . . !
(*) Manurge = Panurge, Manipurge, Vermifurge, Transfurge, Imposturge, Démiurge, Thaumaturge, Centrifurge, Là-ça-urge, Subterfurge, etc., ne rayer aucun homonyme.