"(...) l’éthique et la morale ne sont pas la même chose. On peut respecter la morale sans être éthique. L’éthique véritable c’est quand on rencontre une situation où il n’y a pas de règle morale qui fonctionne, et où il faut décider de son comportement. L’éthique est une question d’invention. Un être éthique est quelqu’un capable d’inventer une position digne, non honteuse, un aidôs, une façon d’être dans l’aidôs, là où la morale ne lui apporte aucun secours. (...) On a besoin pour pouvoir vivre éthiquement d’avoir des cadres moraux, qui nous donnent des règles avec lesquelles on n’est pas forcément d’accord, mais qu'on respecte là où on vit. (...) Ce qui fait que l’éthique n’est pas une morale, c’est qu’elle n’existe pas, elle reste toujours à inventer. (...) Le mythe de Prométhée et d’Epiméthée dit que ce sentiment est inscrit au fond du coeur du mortel. En puissance, tout être humain doit être éthique, mais en acte il ne peut l’être que si on le forme à le devenir. La puissance, la dunamis chez Aristote, c’est la matière. Et cette matière elle n’est éthique qu’en puissance, il faut la travailler pour qu’elle devienne éthique en acte. Ça s’appelle l’éducation, ce que j’appelle moi le soin, et ça se transmet. (...)" ( Bernard Stiegler )
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