Je ne vais pas développer ici ce que j'expose longuement sur Come4News au sujet de l'agression dont a été victime, lors du meeting de Nicolas Sarkozy au Trocadéro, mais aussi d'autres agressions de consœurs et confrères. Mais au moins, deux remarques…
D'une part, alors que Marine Le Pen avait au moins dénoncé que des gens, peut-être proches du Front national, du moins de ses idées ou de sa propagande, s'en soient pris à Pulvar et Montebourg, on attend encore, jusqu'à nouvel informé, une déclaration nette soit de Nicolas Sarkozy, soit de Claude Guéant ou d'un responsable UMP, déplorant des faits malheureusement trop significatifs.
D'autre part, il fut un temps où toute la presse ou presque ne serait pas contentée d'un exposé factuel des faits, mais aurait répercuté des communiqués provenant de pratiquement tous les syndicats de la profession de journalistes, voire des syndicats patronaux de presse. Voyez l'évolution. Pour le moment, une revue de presse élargie est assez éclairante : pour un peu, ce serait la presse étrangère qui se prononcerait le plus clairement. Sommes-nous déjà, collectivement, en France, intimidés ? Ou soucieux de ne pas jeter de l'huile sur le feu ? Voyez le billet de Marion Mourgue, des Inrocks, sur son blogue-notes « Endroits & Envers » : donnerait-elle le ton qui, non pas s'impose, mais nous est à toutes et tous imposé ? Soit faire la part des choses, ne pas trop froisser les diverses composantes de nos divers lectorats ?
Serai-je le seul à m'en inquiéter ?
Avec une outrance certaine, je conclus sur C4N par quelques phrases qu'il me semble idoine de consigner aussi ici.
Marine Turchi, 29 ans, fort heureusement, n’a pas été rouée de coups de pieds et n’est pas, que je sache, enceinte. Mais avec cette logique, pourquoi ne s’en prendre aussi aux « engeances » des journalistes à la sortie des écoles ? Afin d’étouffer la contradiction dans l’œuf ? Et dire que, vraisemblablement, les agresseurs de Marine Turchi sont celles et ceux qui se plaignent le plus fort de la violence et des incivilités, et en imputent la responsabilité aux « adversaires ». (...) Veut-on aussi bientôt que nous applaudissions à tout rompre quand des jurys condamnent à la perpétuité, ou si possible, au contraire, en hurlant à la mort ? Que nous saluions véhémentement, enthousiastes, toutes les équipes sportives françaises, qu’elles gagnent ou perdent, se soient ou non montrées à la hauteur de la tache ? Devrons-nous prêter serment sur le mode du “Right or Wrong, My Country“ afin d’exercer ? Et pourquoi pas « de bon ou mauvais droit ou goût » le FMI, l’OCDE, la BCE, la Fed, les vins AOC et les autres, le cassoulet qu’il soit toulousain ou de Castelnaudary ? En fait, ce qui est recherché, c’est que nous servions courtoisement la soupe à tout le monde, ne posions plus de questions déconcertantes ou ne mettant pas en valeur l’interlocuteur. (...) Un pays a la classe politique ou la presse qu’il mérite, ou qu’on lui impose. Si c’est ce que veulent les Françaises et les Français, qu’ils le disent. Leur passivité me semble déjà un élément de réponse…
Pour le reste, voir (ou pas) « Mediapart et la “vraie France” : affrontements directs ».
Hormis quelques journalistes, qui d'ailleurs se sont pour la plupart exprimés davantage dans leurs blogues respectifs que dans le sommaire ou la page d'accueil de leur titre, bien rares ont été les commentateurs, sauf, c'est notable, sur Mediapart, « évidemment », à s'offusquer que Marine Turchi ait été, comme d'autres, prise à partie. Fallait-il une ou un blessé grave pour que se produise une levée de boucliers ?
Je remarque aussi que ce sont en particulier celles et ceux qui ne cessent de se plaindre de l'insécurité et des incivilités qui se taisent le plus fort. Il y aurait-il désormais des violences acceptables ? Qu'en sera-t-il après les législatives ? Espérons que ce climat délètere s'apaise, mais rien n'est moins sûr…