Après l'actualité brûlante, l'actualité bullante. Il s'agit d'un nouveau concept. Il dérive du vrombruissage (buzz) fort bien réussi de True Knowledge, qui a réussi a faire reprendre mondialement qu'il ne s'était pratiquement rien passé de notoire le 11 avril 1954 et que c'était pratiquement le seul jour d'actu bullante de tout le siècle dernier.
Or, même si les données sur l'année -54 d'un calendrier antérieur au calendrier romain (revisité julien puis grégorien, &c.) sont fort peu nombreuses (litote), on peut sans doute rétroactivement à l'an 1654 extrapoler un tantinet. Après d'assez longuettes recherches pourtant sur les dates des 11 avril 1454 et postérieures (11 avril 1454, 11 avril 1554... 11 avril 1954), j'en arrive que ce jour pourrait être, depuis deux millénaires, même pour les peuples malheureux, le jour séculaire de l'actualité heureuse. En effet, pas de nouvelles, bonnes nouvelles.
Syndicalement, j'en viens à proposer que le 11 avril 2054 soit décrété journée de la bulle pour les journalistes. En effet, pourquoi s'échiner à remplir le journal du lendemain avec des marronniers, pourquoi se faire un inutile remueméninges pour trouver des sujets radiiophoniques et télévisuels, alors qu'il ne va pratiquement rien se passer ? Certes, l'expérience est une lanterne dans le dos qui mesure le chemin parcouru. Mais forts d'un tel cycle, si l'humanité survit à l'an 2012 (annoncé ça et là en tant qu'ultime à grands renforts d'articles et de sujets), autant ne pas se priver d'une journée d'actu heureuse car inexistante. Après l'actualité brûlante, l'actu bullante, c'est reposant, non ?
Plus sérieusement, on peut bien sûr mettre en doute le coup de publicité très rentable en retombées médiatiques de « True » Knowledge dont le moteur de recherches fondé sur l'analyse sémantique et le traitement du langage naturel est à saluer. De toutes mes recherches portant sur le sujet, un bon trimestre après, il ne s'est dégagé qu'un article du Telegraph de Calcultta pour sérieusement remettre en cause l'ethnocentrisme de l'analyse portant sur quand même 300 millions de données.
Je ne crois pas vraiment avoir fait faire un grand bon à l'analyse des médias à la faveur de ce rapide réexamen d'un fait divers insolite. N'empêche, pour dérisoire qu'il soit et sans doute restera, je l'estime significatif. Et tant qu'à faire plancher dans les écoles de journalisme sur des trucs parfois bizarres, ce n'est pas un mauvais exemple.
Si cela a pu retenir votre attention, je développe sur Come4News : « Medialogie : l'IgNoble mais pas si insipide 11 avril 1954 ».