Ségolène s'imposerait (et pas peu, et elle sait faire) à gauche, estime Mediapart qui ne prend pas parti. MAM s'impose-t-elle aux droites ? Poser la question n'est pas y répondre, mais on peut penser qu'en laissant placardiser David Sénat, et en continuant de couver Woerth sur son maternel édredon judiciaire, elle a donné de bons gages.
La supposition n'est pas tout à fait gratuite. Selon Francis Brochet, du Progrès (de Lyon et d'ailleurs), elle y croit encore. S'y croit-elle déjà (à Matignon), et pourquoi ? Simple supputation, elle saurait mieux tenir tête à Angela Merkel (et à Poutine sur les dossiers des oléoducs) qu'une Édith Cresson. Ce n'est pas déconsidérer Édith Cresson que d'affirmer que certaines formations de droite, certains courants de pensée à droite, estiment que MAM ferait une meilleure Première ministre qu'elle. Le problème est celui de sa cohabitation avec Nicolas Sarkozy, qui supporte assez bien la prestance de Carla Bruni, et a certainement remarqué que MAM n'associe pas toujours pantalon et escarpins. Je suis futile, mais j'assume…
Qui s'intéresse à la question, s'il a du temps à perdre, peut se reporter à Come4News (« Woerthgate : MAM dans la garde rapprochée ? ») voire au Post (« Woerthgate : c'est la MAM qu'elles préfèrent ») d'où est tiré le montage associant MAM et Woerth sur une photo officielle (source : site de l'ambassade de France en Colombie). J'assume mes jeux de mots foireux sur MAM et la ouate, mes mauvais photo-montages (et voir aussi supra). MAM procédant à l'arrestation de Woerth, c'est assez farce. On peut penser qu'au contraire elle ne l'arrêtera pas et qu'elle serait même capable de le supporter en ministre d'un gouvernement MAM 1.
Mais MAM ou une ou un autre, cela changerait quoi ? En Afghanistan notamment. Elle n'incarne pas non plus vraiment ce prétendu gaullisme social qu'incarnaient Chaban-Delmas ou Delors. La seule chose qui préoccupe vraiment les droites et les milieux d'affaires, c'est de savoir qui pourra le mieux dissuader de Villepin de se présenter (quitte à lui promettre un portefeuille de ministre d'État). Le reste n'est effectivement que fait du prince, tout comme les Rroms ou les voiles des Saoudiennes qui se feront plus discrètes aux Galeries Lafayette ou au mal nommé Bon Marché. Les nocturnes, sur invitation exclusivement, permettront de contourner la loi qui a pris, aux yeux de Luc Chatel, valeur de « fort symbole ». Un symbole MAM ne serait pas mal venu, mais les affaires reprendraient-elles comme avant ? C'est toute la question que pose, par exemple, le livre de Jean Galli-Douani, Clearstream-Eads, dont la parution a été contrecarrée par Alexandre Jevakhoff, dit Raspoutine ou Oscar à la Chancellerie. C'est sans doute, bien plus que tout autre, la question essentielle. Il reste du patrimoine national à vendre, des groupes Carlyle (que vice-préside un demi-frère Sarközy) à l'affût, quelques niches fiscales à sauver comme le soldat Woerth et d'autres riz-pain-sel et fourriers de l'UMP. Les droites ne pensent-elles plus qu'à cela, à tirer de maigres marges arrières ou rétro-commissions symboliques ou autres des allers-retours des Rroms, et à quelques autres arrangements ?
Les deux volets d'Élodie Émery, sur le site de Marianne, de son dossier « Woerth est-il un produit made in HEC ? », laissent l'impression que les droites ne sont plus ce qu'elles étaient. Extrait : « « Dans notre promotion, dit Stéphanie, il y a eu deux suicides dans les trois ans qui ont suivi le diplôme. Je ne crois pas que le fait de répéter aux gens qu’ils ont tout gagné parce qu’ils ont fait HEC rendent (sic) service à qui que ce soit. ». N'en déplaise à Claude-Vadrot, de Politis, qui a supputé qu'un suicide de Woerth serait un symbole fort du meilleur effet, c'était mieux avant, et Éric Woerth est d'une autre trempe. Mais ce qui perdure dans l'esprit des Françaises et des Français, du fait du Woerthgate, c'est que la promotion de Woerth est durablement aux manettes. Celle de MAM, à Sciences Po', récolterait-elle des miettes ? Poser la question n'est pas y répondre, mais on peut affirmer qu'à gauche, voire même à droite, une majorité peut estimer que MAM ou une autre ou son contraire apparent serait du pareil au même. Il faudra plus d'une MAM et plus qu'une MAM pour dissiper ce fâcheux ressenti. L'effet Woerthgate survivra à Éric Woerth, au moins jusqu'en 2012. Il n'est d'ailleurs pas du tout sûr qu'une Ségolène Royale ou une Jeanne-Marine Le Pen suffise à le dissiper.