Sur le sol de leur salon, les parents de Rozerin Cukur, une adolescente kurde de 17 ans, ont étalé des photos et dessins de leur fille. «Regardez comme elle était belle, et brillante», se lamente sa mère en pleurs. Mustafa Cukur, son père, détourne son regard embué, tout en allumant nerveusement une cigarette. Comme presque tous les soirs, plusieurs douzaines de policiers et de membres des Forces spéciales investiront à la nuit tombée ce quartier historiquement militant de Diyarbakir, la grande métropole du sud-est de la Turquie. «Ils nous intimident, fouillent nos maisons, nous insultent», relate le quinquagénaire. «Les gens ont peur de parler. Moi, je n’ai plus rien à perdre», assène-t-il.
Rozerin a été tuée par la police en décembre 2015, d’une balle dans la tête, dans Sur, le quartier historique de la ville. Les autorités affirment qu’elle faisait partie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation terroriste selon Ankara, l’Europe et les Etats-Unis. Ses parents démentent farouchement.
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