En Turquie, les Arméniens de Diyarbakir retournent dans l'ombre
À la veille des commémorations du génocide de 1915, la communauté arménienne de Diyarbakir vit dans la peur. Depuis la guerre en 2015, elle ne se réunit presque plus, n’a plus de lieu de culte et ne parle qu’avec d’extrêmes précautions.
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« Honnêtement, je ne vois pas qui voudra prendre le risque de vous parler. » Gafur Turkay s’agite dans son fauteuil, gêné. « J’aimerais vous aider. Mais les Arméniens de la ville ont peur, ils ne parleront pas », explique ce quinquagénaire arménien de Diyarbakir, la grande métropole du sud-est de la Turquie. Ces trois dernières années, la petite communauté arménienne de la ville broie du noir. La guerre qui a ravagé Sur, le quartier historique de la ville, en 2015-2016, et la fièvre nationaliste qui balaie la Turquie aujourd’hui les a contraints à retourner dans l’ombre, jusqu’à des temps meilleurs. La ville comptait 50 % d’Arméniens au début du XXe siècle. Ils ne sont plus qu’une vingtaine, descendants des rescapés du génocide de 1915 qui a fait 1,2 million de morts. Ce 24 avril, ils ne se rassembleront même pas pour commémorer la « grande catastrophe ».