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Billet de blog 18 décembre 2025

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Macron : Autopsie d'une performance

Vingt ans d'observation des comportements humains m'ont appris à reconnaître les prédateurs. Emmanuel Macron en présente tous les traits — à une exception près : il ne sait pas qu'il chasse. Anatomie d'un homme qui performe le pouvoir sans jamais l'habiter.

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Macron : Autopsie d'une performance

Profil clinique d'un président qui n'a jamais commandé


Vingt ans d'observation des comportements humains m'ont appris à reconnaître les prédateurs. Emmanuel Macron en présente tous les traits — à une exception près : il ne sait pas qu'il chasse. Anatomie d'un homme qui performe le pouvoir sans jamais l'habiter.


« Le prédateur le plus dangereux n'est pas celui qui sait qu'il chasse. C'est celui qui croit qu'il protège. »


Fiche signalétique

Sujet : Emmanuel Jean-Michel Frédéric Macron Né le : 21 décembre 1977, Amiens Profession déclarée : Président de la République française Profil apparent : Premier de la classe, surdoué, réformateur Profil réel : À déterminer


I. Structure psychique fondamentale

Le sujet présente une configuration rare : une intelligence supérieure couplée à une absence totale d'expérience du commandement réel.

Cette dissonance produit un schéma compensatoire classique : la théâtralisation permanente de ce qu'on n'a jamais vécu.

Le sujet n'a jamais commandé. Jamais dirigé d'équipe sur le terrain. Jamais pris de décision dont les conséquences s'inscrivaient dans la chair d'autrui. Jamais assumé l'irréversible.

Il a conseillé. Analysé. Recommandé. Rédigé des notes.

C'est un parcours d'excellence académique. Ce n'est pas un parcours de chef.

Diagnostic préliminaire : Le sujet ne sait pas ce qu'est l'autorité naturelle — celle qui s'impose sans qu'on ait besoin de la rappeler. Il doit donc la simuler, la proclamer, l'imposer par la force.


II. L'enfant désynchronisé

Avant d'être président, avant d'être ministre, avant d'être banquier — le sujet a été enfant.

Et cet enfant était déjà différent.

L'enfant de remplacement

Un fait rarement mentionné : Emmanuel Macron n'est pas le premier enfant de ses parents.

En 1976, un an avant sa naissance, Jean-Michel et Françoise Macron perdent leur première fille. Morte à la naissance.

Emmanuel naît le 21 décembre 1977. L'enfant qui vient après le deuil.

En psychanalyse, on appelle cela un « enfant de remplacement » — celui qui arrive pour combler un vide, pour réparer une perte. L'enfant qui porte, sans le savoir, le poids d'un autre qui n'est plus là.

Hypothèse. Mais hypothèse qui éclaire.

Le solitaire

Les biographes qui ont remonté l'enfance du sujet à Amiens décrivent un enfant « désynchronisé » et « solitaire ».

Étienne Campion, auteur de Le Président toxique, note : « Le jeune Emmanuel Macron se désintéresse de ses frères et sœurs, et de ses parents. Il ne cherche pas d'amitiés parmi les autres enfants pour se créer une identité. »

Pas de bande. Pas de copains. Pas de complicité fraternelle avec Laurent et Estelle, ses cadets.

Un enfant seul.

La grand-mère

Le seul lien : Manette.

Germaine Noguès, sa grand-mère maternelle. Ancienne institutrice de la IIIe République. Une femme qui vit elle-même « en décalage par rapport au reste du monde », selon Campion.

Le sujet l'a dit lui-même : il se sentait « désynchronisé par sa grand-mère, parce qu'elle est une vieille institutrice de la IIIe République qui le fait vivre dans les hauteurs du passé ».

Deux êtres hors du temps. Deux êtres hors du monde.

C'est elle qui lui transmet l'amour des livres. C'est elle qui l'élève, en partie. C'est elle qui compte.

Pas les parents.

Les parents absents

Jean-Michel Macron est professeur de neurologie au CHU d'Amiens. Françoise Noguès est médecin-conseil à la Sécurité sociale. Deux médecins. Deux carrières. Deux absences.

Dans Révolution, l'autobiographie du sujet publiée en 2016, les parents sont quasi absents du récit. La grand-mère est omniprésente. Les parents sont des silhouettes.

Le père lui-même l'a remarqué. Dans une biographie, Jean-Michel Macron déclare avec une lucidité cruelle : « On lui a construit une enfance avec des images d'Épinal qui se vendent bien. Avec sa grand-mère enseignante et son arrière-grand-mère illettrée. Cela fait très IIIe République ! »

Le père voit la construction. Le père voit le récit. Le père sait qu'il en a été exclu.

La rébellion

À 12 ans, le sujet demande à être baptisé.

Contre l'avis de son père.

« Je suis allé tout seul à l'église. Ce fut le début d'une période mystique qui a duré plusieurs années. »

Premier acte d'insoumission. Première rupture avec l'autorité paternelle. Le père dit non — l'enfant fait quand même.

Pattern : Le sujet ne reconnaît pas l'autorité du père. Il la contourne. Il fait seul.

Synthèse de l'enfance

À 12 ans, le portrait est déjà dessiné :

  • Un enfant solitaire, sans amis, sans lien avec ses frères et sœurs
  • Un enfant désynchronisé, vivant dans les livres et le passé
  • Un enfant élevé par sa grand-mère, pas par ses parents
  • Un enfant qui rejette l'autorité paternelle et fait baptiser seul
  • Un enfant qui est peut-être, inconsciemment, un enfant de remplacement

L'enfant qui sera président est déjà là : seul, différent, convaincu d'être à part — et en rupture avec le père.


III. La relation fondatrice

Toute structure psychique se construit sur une relation fondatrice. Celle du sujet est documentée.

1993. Lycée La Providence, Amiens.

Le sujet a 15 ans. Élève. Brillant, précoce, différent.

Brigitte Trogneux a 39 ans. Professeur de français et de théâtre. Figure d'autorité. Détentrice du savoir, de l'âge, de la fonction institutionnelle.

La relation qui s'établit inverse les polarités générationnelles. L'adolescent est en position de séduction active. Mais la structure reste celle du rapport professeur/élève : elle guide, il suit. Elle valide, il performe. Elle décide, il s'adapte.

Cette relation devient le socle de sa vie. Mariage. Première dame.

Question centrale : La structure initiale a-t-elle évolué ?

Observation : Brigitte Macron assiste aux réunions de cabinet. Conseille sur les nominations. Valide les discours. Recadre les ministres. Les observateurs de l'Élysée sont unanimes : rien d'important ne se décide sans son aval.

Le sujet le revendique : « Elle me dit tout. Elle est mon conseil le plus précieux. »

Hypothèse : Le sujet n'a jamais occupé la position de celui qui commande dans sa relation la plus intime. Il reste, structurellement, dans la position de l'élève qui cherche l'approbation.

Conséquence : Le besoin de commander ailleurs devient pathologique. Ce qu'il ne peut pas être dans l'espace privé, il doit l'être dans l'espace public — de manière ostentatoire, répétée, agressive.

« Je suis votre chef. »

Règle : Celui qui doit rappeler son autorité est celui qui en doute.


IV. Mécanismes de compensation

Le sujet déploie trois mécanismes compensatoires principaux :

A. Le cosplay compensatoire

Le sujet n'a jamais porté l'uniforme. Il n'a pas fait de service militaire. Il n'a jamais appartenu à aucun corps en armes.

Comportement observé :

  • 14 mai 2017 : Remonte les Champs-Élysées en véhicule blindé militaire (command car)
  • 14 juillet, chaque année : Revue des troupes avec posture martiale appuyée
  • Mars 2022 : Photos officielles en sweat militaire, barbe de trois jours, « look Zelensky »
  • Visites répétées aux armées, aux blessés militaires, aux cérémonies du souvenir

Analyse : Le sujet se déguise en ce qu'il n'est pas. Le vêtement devient prothèse identitaire. L'uniforme qu'il n'a jamais porté, il le mime. Le chef de guerre qu'il n'est pas, il le joue.

Terme clinique : Cosplay compensatoire.

B. La rhétorique martiale

Le sujet utilise le vocabulaire de la guerre pour des situations qui n'en sont pas.

Cas d'étude : Allocution du 16 mars 2020 (COVID-19)

Le sujet prononce six fois « nous sommes en guerre » en vingt minutes. La répétition est intentionnelle — technique rhétorique de l'anaphore. L'effet recherché est l'identification au chef de guerre.

Comparaison : Angela Merkel, face à la même pandémie, utilise un registre radicalement différent : « Nous avons une tâche historique à laquelle nous devons nous attaquer ensemble. » Pas de guerre. Pas d'ennemi. Solidarité et responsabilité partagée.

Différence structurelle : Merkel a dirigé des équipes de recherche. Elle connaît le commandement par l'expérience. Elle n'a pas besoin de le simuler.

Le sujet, lui, n'a jamais commandé. Il doit donc surjouer.

Règle : Plus la pantomime est excessive, plus le manque qu'elle compense est profond.

C. La mise en scène du secret

Le sujet gouverne par conseils de défense — dispositif normalement réservé aux questions militaires.

Avantage psychologique : Le secret permet de changer d'avis sans jamais l'assumer. Les décisions sont prises à huis clos. Les délibérations sont classées secret-défense pour cinquante ans. Aucun compte à rendre.

Analyse : Le sujet crée un espace où il peut jouer au chef de guerre sans que personne ne voie les hésitations, les revirements, les erreurs. C'est un théâtre dont il contrôle les coulisses.

Terme clinique : Bunker narcissique.

D. La fabrication de petits soldats

Le sujet n'a jamais porté l'uniforme. Il n'a jamais obéi à un ordre militaire. Il n'a jamais connu la discipline du régiment.

Solution : Faire porter l'uniforme aux autres.

Novembre 2025 : Le sujet annonce la création d'un service national militaire.

  • Durée : 10 mois
  • Format : « Purement militaire »
  • Contenu : Maniement des armes, marche au pas, chant militaire
  • Uniforme : Oui
  • Solde : 800 euros
  • Objectif : 3 000 jeunes en 2026, 10 000 en 2030, 50 000 par an en 2035

Le sujet déclare : « La jeunesse française a soif d'engagement. Elle est prête à se lever pour la patrie. »

Analyse :

Le service national universel (SNU), lancé précédemment, a échoué. Trop civil. Trop flou. Pas assez militaire.

Le sujet le remplace par quelque chose de plus franc : du vrai militaire. Des vrais uniformes. Des vraies armes. De la vraie obéissance.

Pourquoi l'uniforme ?

Parce que l'uniforme militaire a une vertu que les autres engagements n'ont pas : il impose l'obéissance sans discussion.

On ne discute pas un ordre militaire. On l'exécute. La hiérarchie est absolue. Le chef a toujours raison — parce qu'il est le chef.

Projection psychologique :

Le sujet qui n'a jamais porté l'uniforme veut que 50 000 jeunes le portent chaque année.

Le sujet qui n'a jamais obéi à un ordre militaire veut que 50 000 jeunes obéissent.

Le sujet qui n'a jamais connu la discipline veut que 50 000 jeunes la subissent.

C'est de la compensation par procuration. Ce que je n'ai pas vécu, je le fais vivre aux autres. Ce que je n'ai pas été, je le fabrique en série.

Le fantasme ultime :

50 000 jeunes Français en uniforme. Alignés. Obéissants. Au garde-à-vous.

Et au-dessus d'eux : le chef des armées.

Lui.

Celui qui n'a jamais été soldat.

Mais qui aura, enfin, une armée à lui.

Pas une armée de professionnels qui peuvent contester (comme de Villiers). Une armée de jeunes formatés, qui auront appris à obéir sans discuter.

Terme clinique : Armée narcissique de substitution.

Note : Le sujet a précisé que ces jeunes ne seraient « jamais envoyés en Ukraine ». Ce qui confirme que l'objectif n'est pas militaire — il est symbolique. Ce n'est pas une armée pour combattre. C'est une armée pour parader. Pour que le sujet puisse enfin passer en revue des troupes qui lui appartiennent vraiment.

50 000 petits soldats.

En vrai, cette fois.


V. Patterns comportementaux

A. La lubie comme mode de gouvernance

Le sujet ne gouverne pas par stratégie. Il gouverne par impulsions successives.

Cas documentés :

  • 80 km/h : Décision unilatérale → Opposition massive → Abandon partiel
  • Réforme des retraites : Trois versions → 49.3 → Entêtement → Re-49.3
  • Masques COVID : « Inutiles » → « Obligatoires » → « Plus obligatoires »
  • Dissolution 2024 : Décision en quelques heures → Perte de majorité → Chaos

Pattern : Le sujet décide seul, refuse la contradiction, s'entête face à l'opposition, puis recule ou échoue — sans jamais reconnaître l'erreur.

Analyse : C'est le comportement de l'enfant qui change les règles du jeu en cours de partie. L'objectif n'est pas de gagner selon des règles stables — c'est de ne jamais perdre, quelle que soit la règle.

Terme clinique : Toute-puissance infantile.

B. L'humiliation comme outil

Le sujet utilise l'humiliation publique pour affirmer son autorité.

Cas d'étude : Général Pierre de Villiers (juillet 2017)

Contexte : Le chef d'état-major des armées critique à huis clos les coupes budgétaires. Quarante-trois ans de carrière militaire. Commandement au Kosovo, en Afghanistan, au Sahel.

Réponse du sujet : Recadrage public devant les généraux assemblés. « Je suis votre chef. » Puis, dans la presse : « Si quelque chose oppose le chef d'état-major au président, le chef d'état-major change. »

Résultat : Démission de De Villiers. Première démission d'un chef d'état-major sous la Ve République.

Analyse : Le sujet n'a pas cherché à résoudre le désaccord. Il a cherché à détruire celui qui osait le contredire. L'objectif n'était pas l'efficacité — c'était la domination.

Pattern : Le sujet ne tolère pas la contradiction. Il l'écrase.

Terme clinique : Narcissisme autoritaire.


VI. Le florilège du mépris

Le sujet ne peut pas s'en empêcher.

À intervalles réguliers — six mois en moyenne — une phrase échappe. Un mot de trop. Une vérité qui sort. Et à chaque fois, le même cycle : révélation, tollé, dénégation, oubli.

Puis récidive.

Ce n'est pas un accident. C'est une compulsion.

Échantillons cliniques

Échantillon 1 — Le mépris de classe

Décembre 2014. Le sujet, alors ministre de l'Économie, visite l'abattoir Gad en Bretagne. Face aux ouvrières qui vont perdre leur emploi, il déclare :

« Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées. »

Deux ans plus tard, mai 2016. Un jeune syndicaliste en tee-shirt l'interpelle sur la loi Travail. Réponse :

« Vous n'allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler. »

Septembre 2020. Un jeune homme lui explique qu'il cherche du travail. Le sujet, agacé :

« Je traverse la rue, je vous en trouve. »

Analyse : Le sujet ne voit pas des individus. Il voit des catégories. Les ouvriers sont illettrés. Les précaires sont mal habillés. Les chômeurs sont paresseux. C'est un regard de classe — celui d'un homme qui n'a jamais connu la précarité et qui ne peut pas l'imaginer.

Échantillon 2 — Le mépris ontologique

Juin 2017. Le sujet inaugure la Station F, incubateur de start-ups. Il commente :

« Une gare, c'est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. »

Rien.

Le mot est sorti. Pas « les gens en difficulté ». Pas « les gens qui cherchent ». Rien. Une négation d'existence. Ceux qui n'ont pas réussi ne sont pas des êtres humains en difficulté — ils sont rien.

Analyse : Ce n'est plus du mépris social. C'est du mépris ontologique. Le sujet divise l'humanité en deux : ceux qui existent (les gagnants) et ceux qui n'existent pas (tous les autres).

Échantillon 3 — Le mépris ethnique

Juin 2017. Le sujet plaisante sur les migrants comoriens qui se noient en tentant de rejoindre Mayotte :

« Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien. »

Des êtres humains meurent. Le sujet fait un bon mot.

Analyse : Le mépris s'étend au-delà des frontières sociales. Les migrants ne sont pas des personnes en détresse — ils sont un problème logistique qu'on peut tourner en dérision.

Échantillon 4 — Le mépris national

Août 2018. En visite au Danemark, le sujet compare les deux peuples :

« Les Danois sont un peuple luthérien, ouvert aux transformations. Pas comme les Gaulois réfractaires au changement. »

Janvier 2021. Face aux critiques sur sa gestion de la pandémie :

« Nous sommes devenus une nation de 66 millions de procureurs. »

Analyse : Le mépris s'est généralisé. Ce ne sont plus des catégories spécifiques — c'est le peuple français dans son ensemble. Un peuple arriéré, procédurier, incapable de comprendre la vision du sujet.

Échantillon 5 — Le mépris assumé

Janvier 2022. Sur les Français non vaccinés :

« Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. »

Pour la première fois, le sujet ne dissimule plus. Il ne parle plus de « responsabilité » ou de « civisme ». Il dit la vérité : il veut nuire. Il veut faire souffrir. Il veut emmerder.

Analyse : L'évolution est complète. Du mépris inconscient (2014) au mépris assumé (2022). Le sujet ne fait plus semblant.

Le mécanisme

Après chaque phrase, le même rituel.

Les communicants s'affolent. Les sondages chutent. Le sujet explique qu'on l'a « mal compris », qu'il « aime les Français », qu'il « regrette » certaines formulations.

Puis le temps passe. La polémique s'éteint.

Et six mois plus tard, une nouvelle phrase échappe.

Diagnostic : Le sujet ne contrôle pas son mépris. Il le ressent si profondément qu'il finit toujours par sortir. La bouche dit ce que l'esprit pense — malgré tous les efforts de contention.

C'est la marque des pathologies narcissiques : l'incapacité structurelle à considérer l'autre comme un égal. L'autre est toujours inférieur. Toujours méprisable. Toujours rien.

Le sujet peut faire semblant quelques mois.

Puis la vérité revient.

Terme clinique : Mépris compulsif.


VII. Territoire de chasse

Tout prédateur a un territoire. Celui du sujet est délimité par une règle simple : il ne chasse que ce qu'il peut tuer.

Les proies

1. Les Gilets jaunes (2018-2019)

  • Profil : Citoyens désarmés, sans organisation, sans moyens de riposte
  • Réponse : 13 000 grenades de désencerclement, 19 000 tirs de LBD, blindés
  • Bilan : 24 éborgnés, 5 mains arrachées
  • Résultat : Victoire par écrasement

2. Les manifestants contre les retraites (2019-2023)

  • Profil : Millions de citoyens, syndicats traditionnels, moyens légaux uniquement
  • Réponse : 49.3, passage en force sans vote
  • Résultat : Victoire par contournement

3. Les écologistes de Sainte-Soline (2023)

  • Profil : Militants désarmés, pancartes
  • Réponse : 3 200 gendarmes, blindés, hélicoptères
  • Bilan : Dizaines de blessés graves
  • Résultat : Victoire par disproportion

4. Les éleveurs de l'Ariège (2025)

  • Profil : Paysans en bottes, fourches, aucune arme
  • Réponse : Blindés Centaure, gendarmerie mobile, intervention nocturne
  • Bilan : 207 vaches abattues
  • Résultat : Victoire tactique → Retraite stratégique quatre jours plus tard

Pattern commun : Le sujet déploie une force disproportionnée contre des adversaires incapables de riposter.

Le gibier inaccessible

Vladimir Poutine

  • Profil : Chef d'État, puissance nucléaire, capacité de riposte totale
  • Déclaration du sujet (février 2024) : « Rien ne doit être exclu » concernant l'envoi de troupes au sol
  • Réaction des alliés : Refus unanime (Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, OTAN)
  • Réaction du Kremlin : Menace d'affrontement « inévitable »
  • Action réelle du sujet : Aucune

Analyse : Face à un adversaire capable de riposter, le sujet parle mais n'agit pas. La rhétorique martiale reste verbale. Les troupes restent en France.

Marine Le Pen a formulé le diagnostic exact : le sujet veut « jouer au chef de guerre » alors que « c'est de la vie de nos enfants dont il parle avec autant d'insouciance ».

Règle du prédateur : On ne chasse que ce qu'on peut tuer. Le sujet applique cette règle instinctivement.


VIII. Le fantasme russe

Le sujet a besoin d'un ennemi.

Pas n'importe quel ennemi. Un ennemi à sa mesure. Un ennemi qui justifie la posture de chef de guerre. Un ennemi contre lequel on peut mobiliser, galvaniser, rassembler.

Les Gilets jaunes ne suffisent pas. Ce sont des Français. On ne peut pas déclarer la guerre à son propre peuple — du moins pas officiellement.

Le virus ne suffit plus. On a dit « nous sommes en guerre » six fois, mais le virus ne riposte pas. Il ne menace pas. Il ne fait pas peur comme un vrai ennemi.

Il faut un ennemi avec un visage. Un nom. Une armée. Une puissance.

Vladimir Poutine.

L'escalade verbale

Chronologie des déclarations du sujet :

  • Février 2022 (invasion de l'Ukraine) : « La Russie ne doit pas gagner cette guerre. »
  • Juin 2022 : « Il ne faut pas humilier la Russie. » (Position modérée)
  • Février 2023 : « La Russie ne peut pas et ne doit pas gagner. » (Durcissement)
  • Février 2024 : « Rien ne doit être exclu » concernant l'envoi de troupes au sol.
  • Mars 2024 : « Nous n'excluons rien. Nous ferons tout ce qu'il faut. »
  • 2025 : Constitution d'une « coalition des volontaires », 26 pays prêts à envoyer des troupes « le jour d'après ».

Observation : Le sujet est passé en deux ans de « ne pas humilier la Russie » à « rien n'est exclu » — y compris l'envoi de soldats français face à une puissance nucléaire.

L'isolement

À chaque escalade verbale, le sujet se retrouve seul.

Février 2024 — Après sa déclaration sur les troupes au sol :

  • Allemagne : « Il n'y aura pas de troupes terrestres européennes en Ukraine. » (Scholz)
  • Royaume-Uni : Refus
  • Espagne : Refus
  • Pologne : Refus
  • OTAN : « Aucun projet » d'intervention directe
  • États-Unis : Silence embarrassé

Le sujet a parlé. Personne n'a suivi.

Analyse : Le sujet se positionne comme le plus ferme, le plus résolu, le plus « churchillien » des dirigeants occidentaux. Mais cette posture ne correspond à aucune capacité réelle. La France n'a pas les moyens d'affronter la Russie seule. Et les alliés ne suivent pas.

C'est de la rhétorique pure. Du théâtre.

La fonction psychologique de l'ennemi russe

Pourquoi cette obsession ?

1. Poutine comme anti-modèle

Poutine est ce que le sujet voudrait être : un chef incontesté, craint, obéi. Un homme qui a fait la guerre (Tchétchénie). Un homme qui commande vraiment.

En se posant comme l'adversaire de Poutine, le sujet se pose comme son égal. Deux chefs. Deux puissances. Face à face.

C'est une illusion, mais c'est une illusion nécessaire.

2. La guerre comme légitimation

Un président en temps de paix doit négocier, arbitrer, composer. Il doit écouter le Parlement, les syndicats, les corps intermédiaires.

Un président en temps de guerre peut décider seul. Conseil de défense. Secret. Urgence. L'exception devient la règle.

L'ennemi russe justifie l'état d'exception permanent.

3. L'entrée dans l'Histoire

Le sujet veut laisser une trace. Être plus que le « président des riches » ou le « président des LBD ».

De Gaulle a libéré la France. Mitterrand a construit l'Europe. Chirac a dit non à l'Irak.

Et Macron ?

Macron veut être celui qui a tenu tête à Poutine. Celui qui a défendu l'Ukraine. Celui qui a empêché l'expansion russe.

Peu importe que ce soit vrai ou non. Ce qui compte, c'est le récit.

Le paradoxe

Le sujet multiplie les déclarations belliqueuses contre la Russie.

Mais :

  • Il n'envoie pas de troupes
  • Il ne livre pas d'avions de combat à l'Ukraine
  • Il ne rompt pas les relations diplomatiques
  • Il continue à « laisser la porte ouverte au dialogue »

Traduction : Le sujet veut le prestige du chef de guerre sans les risques du chef de guerre.

Il veut menacer Poutine — mais pas trop.

Il veut escalader — mais verbalement.

Il veut la posture — pas les conséquences.

C'est la définition même du fantasme : un désir qu'on cultive précisément parce qu'on sait qu'il ne se réalisera pas.

Le risque

Le problème des fantasmes, c'est qu'ils peuvent devenir réels.

À force de rhétorique belliciste, le sujet pourrait se retrouver piégé par ses propres mots. Obligé d'agir pour ne pas perdre la face. Entraîné dans une escalade qu'il ne maîtrise pas.

Un homme qui joue à la guerre peut finir par déclencher une vraie guerre.

Non par stratégie — mais par narcissisme.

Non pour gagner — mais pour ne pas avoir l'air de perdre.

Terme clinique : Escalade narcissique.

C'est le risque le plus grave que fait peser le sujet sur la France : engager le pays dans un conflit non par nécessité, mais par besoin de se sentir enfin chef de guerre.

Les petits soldats de plomb ne suffisent plus.

Il lui faut une vraie guerre.

Et Poutine est le seul ennemi à sa mesure.


Diagnostic intermédiaire

Traits dominants

  1. Compensation narcissique : Le sujet performe ce qu'il n'a jamais vécu (commandement, autorité naturelle, expérience militaire)
  2. Structure de soumission non résolue : La relation fondatrice (professeur/élève devenue épouse/époux) maintient le sujet dans une position où il n'est pas celui qui commande. Cette structure génère un besoin pathologique de domination dans l'espace public.
  3. Toute-puissance infantile : Le sujet gouverne par lubies, refuse la contradiction, change les règles pour ne jamais perdre
  4. Prédation sélective : Le sujet n'attaque que les cibles incapables de riposter (Gilets jaunes, retraités, paysans). Face aux adversaires dangereux (Poutine), il parle mais n'agit pas.
  5. Théâtralisation permanente : Uniformes, discours martiaux, conseils de défense secrets — le sujet construit un décor de guerre pour masquer l'absence de guerre réelle.

Formule synthétique

Le sujet est un enfant qui joue aux petits soldats.

Le plateau de jeu est la France. Les figurines sont les Français. Les règles changent selon son humeur. Et quand une figurine résiste, il la renverse d'une pichenette.

Sauf quand la figurine peut riposter. Alors il parle, il menace, il « n'exclut rien » — mais il ne touche pas.

C'est la structure du lâche travesti en chef.

Le prédateur qui ne chasse que les proies sans défense.

Le guerrier qui ne combat que ceux qui ne peuvent pas se battre.

Le chef qui n'est chef que face à ceux qu'il peut écraser.


IX. La quête des pères

Il manque une pièce au puzzle.

Le sujet ne cherche pas seulement le pouvoir. Il cherche la reconnaissance.

Pas celle du peuple — il l'a eue en 2017, il l'a perdue depuis. Pas celle des médias — il l'a, elle ne lui suffit pas. Pas celle de l'Histoire — elle viendra trop tard.

Il cherche la reconnaissance des pères.

L'homme sans descendance

Un fait biographique, rarement commenté : le sujet n'a pas d'enfants.

Pas d'enfants biologiques. Jamais.

Il a trois beaux-enfants — ceux de Brigitte, nés de son premier mariage avec André-Louis Auzière. Sébastien, Laurence, Tiphaine. Ils ont entre 40 et 50 ans. Ils sont plus proches de son âge que de celui d'enfants.

Mais le sujet n'a jamais engendré. Jamais tenu un nouveau-né qui soit le sien. Jamais transmis son nom par le sang.

Pourquoi c'est significatif ?

Parce que devenir père, c'est changer de place.

On cesse d'être seulement le fils. On devient celui qui transmet. Celui qui protège. Celui qui guide. On passe de l'autre côté de la relation générationnelle.

Le sujet n'a jamais fait ce passage.

Il est resté du côté du fils. De l'élève. De celui qui cherche l'approbation.

Structure :

  • Avec Brigitte : il reste l'élève (elle a 24 ans de plus, elle était son professeur)
  • Avec les beaux-enfants : il n'est pas le père (ils sont les enfants d'un autre, ils avaient 10, 13 et 16 ans quand il a rencontré leur mère — lui en avait 15)
  • Avec le peuple : il ne peut pas être le père (il n'a pas la stature, il n'a pas le vécu)

Conséquence : Le sujet n'a jamais occupé la position paternelle. Nulle part. Jamais.

Il est resté, structurellement, un fils en quête de père.

L'Histoire comme descendance

Sans enfants, comment laisse-t-on une trace ?

Par l'Histoire.

De Gaulle avait une fille, Anne, trisomique, morte à 20 ans. Il disait : « Elle m'a appris ce qu'était l'amour. » Il a eu d'autres enfants. Il a transmis.

Mitterrand avait des enfants — officiels et cachés. Une descendance. Une lignée.

Chirac, Sarkozy, Hollande — tous pères.

Le sujet, lui, n'a rien à transmettre par le sang. Pas de fils pour porter le nom. Pas de fille pour prolonger la mémoire.

Alors il veut transmettre par l'Histoire.

Les réformes. Les guerres. Les monuments. Les discours qui resteront.

Le problème, c'est que l'Histoire est cruelle. Elle ne retient que les vrais chefs. Ceux qui ont commandé. Ceux qui ont gagné des guerres. Ceux qui ont marqué leur époque par autre chose que des pichenettes.

Le sujet le sait — quelque part.

Et ça le rend plus dangereux encore.

Parce qu'un homme sans descendance qui veut entrer dans l'Histoire est un homme qui n'a plus rien à perdre. Pas d'enfants à protéger. Pas de lignée à préserver. Rien que son nom — et l'obsession de le graver dans le marbre.

Les 50 000 fils de substitution

Relisez maintenant le projet de service national militaire.

50 000 jeunes par an. En uniforme. Formatés. Obéissants.

Ce ne sont pas seulement des petits soldats.

Ce sont des fils de substitution.

Des jeunes qui porteront l'uniforme qu'il n'a jamais porté. Qui obéiront aux ordres qu'il donne. Qui marcheront au pas pour lui.

L'homme sans enfants se fabrique une descendance. Pas biologique — institutionnelle. Pas par le sang — par le décret.

50 000 fils qui ne pourront pas le contester. Qui ne pourront pas le décevoir. Qui ne pourront pas partir.

Une famille parfaite. Silencieuse. Alignée.

Terme clinique : Descendance narcissique de substitution.

Les pères symboliques

Qui sont les pères ?

Ce sont les hommes qui ont vraiment commandé. Ceux qui ont porté l'uniforme, fait la guerre, envoyé des hommes mourir et assumé. Ceux qui ont l'autorité naturelle — celle qu'on n'a pas besoin de rappeler.

Les généraux. Les chefs d'État étrangers. Les figures tutélaires de la Ve République.

Le sujet les cherche. Il les courtise. Il veut leur validation.

De Gaulle : Le sujet se met en scène à Colombey. Il invoque le Général à chaque discours. Il veut être l'héritier.

Les généraux : Le sujet multiplie les visites aux armées, les cérémonies, les hommages. Il veut être reconnu par les militaires comme l'un des leurs.

Poutine : Avant 2022, le sujet cherchait le dialogue. Les longues tables du Kremlin. L'illusion d'un rapport d'égal à égal avec un « vrai » chef.

Trump : Les poignées de main viriles. La volonté de ne pas céder. Le besoin de montrer qu'il peut tenir tête.

Le problème

Un enfant gâté qui commande par caprice n'aura jamais le respect et la reconnaissance des pères.

C'est une loi implacable.

Les pères reconnaissent ceux qui ont mérité. Ceux qui ont gravi les échelons. Ceux qui ont commandé sous le feu. Ceux qui ont payé le prix.

Pas ceux qui sont arrivés au sommet sans jamais avoir obéi.

Pas ceux qui donnent des ordres qu'ils seraient incapables d'exécuter.

Pas ceux qui humilient leurs subordonnés pour masquer leur propre insécurité.

De Villiers savait.

Quarante-trois ans de carrière. Le Kosovo. L'Afghanistan. Le Sahel. Des hommes morts sous ses ordres. Des lettres aux familles signées de sa main.

Et en face : un homme de 39 ans qui n'avait jamais commandé personne. Qui n'avait jamais porté l'uniforme. Qui n'avait jamais risqué autre chose que sa carrière.

Quand le sujet a dit « Je suis votre chef », de Villiers a entendu autre chose.

Il a entendu un enfant qui réclame le respect qu'il n'a pas gagné.

Et il est parti.

Le cercle vicieux

C'est là que le piège se referme.

Le sujet veut la reconnaissance des pères.

Mais son comportement — le caprice, l'humiliation, la lubie — est précisément ce qui lui interdit cette reconnaissance.

Alors il surcompense.

Il humilie plus fort. Il ordonne plus brutalement. Il joue au chef de guerre avec plus d'ostentation.

Et plus il surcompense, plus les pères se détournent.

Schéma :

  1. Le sujet veut être reconnu comme chef
  2. Il commande par caprice (seul moyen qu'il connaisse)
  3. Les vrais chefs le méprisent
  4. Il ressent le mépris
  5. Il surcompense par plus d'autoritarisme
  6. Retour à l'étape 3

C'est une boucle sans fin.

Les signes du mépris

Le mépris des pères ne se dit pas. Il se montre.

Les généraux : Depuis de Villiers, les chefs d'état-major se taisent. Ils exécutent. Ils ne conseillent plus. Le silence des militaires est une forme de mépris poli.

Les chefs d'État : Quand le sujet propose l'envoi de troupes en Ukraine, tous refusent. Publiquement. Sans ménagement. Scholz le contredit frontalement. C'est une humiliation diplomatique.

Les anciens : Sarkozy conseille dans l'ombre, mais ne soutient pas publiquement. Hollande observe et commente. Aucun ancien président ne valide.

L'armée : Les militaires servent, mais ils n'admirent pas. La haie d'honneur pour de Villiers — debout, en silence — disait tout. Ils savent ce qu'ils ont perdu.

Ce que le sujet ne comprend pas

L'autorité ne se décrète pas. Elle se reconnaît.

On reconnaît l'autorité de celui qui a prouvé. Qui a souffert. Qui a commandé sous le feu et ramené ses hommes. Qui a pris des décisions dont il assume les conséquences — y compris les morts.

Cette autorité-là, le sujet ne l'aura jamais.

Parce qu'on ne l'acquiert pas à 39 ans en passant directement de la banque à l'Élysée.

Parce qu'on ne l'acquiert pas en humiliant un général de 63 ans devant ses pairs.

Parce qu'on ne l'acquiert pas en envoyant des blindés contre des paysans.

L'autorité naturelle est le fruit d'une vie. D'un parcours. D'épreuves surmontées.

Le sujet n'a pas eu ce parcours.

Et il est trop tard pour l'avoir.

La blessure

C'est peut-être la blessure centrale.

Le sujet sait — quelque part, dans une zone qu'il ne visite jamais — qu'il n'a pas le respect des pères. Qu'il ne l'aura jamais. Que les généraux obéissent mais ne l'admirent pas. Que les chefs d'État étrangers négocient mais ne le considèrent pas comme un égal. Que de Gaulle, s'il le voyait, détournerait le regard.

Cette blessure ne cicatrise pas.

Elle explique la rage. L'acharnement. Le besoin de prouver — encore et toujours — qu'il est le chef.

Mais plus il essaie de prouver, plus il démontre le contraire.

L'enfant gâté qui exige le respect obtient le mépris.

L'enfant gâté qui commande par caprice confirme qu'il n'est qu'un enfant.

L'enfant gâté qui joue au chef de guerre révèle qu'il n'est pas un chef.

Terme clinique : Blessure narcissique irréparable.

Les pères ne viendront pas.

La reconnaissance ne viendra pas.

Et le sujet passera le reste de son mandat — peut-être le reste de sa vie — à chercher ce qu'il ne peut pas obtenir.

En détruisant tout sur son passage.


X. Transformation du territoire (2017-2025)

Le prédateur efficace ne se contente pas de chasser. Il façonne son territoire.

Depuis 2017, le sujet a méthodiquement transformé l'écosystème démocratique français. Ce n'est pas un complot — c'est une adaptation. Le prédateur modifie son environnement pour éliminer les obstacles.

La presse sous tutelle

Neuf milliardaires possèdent 90% des médias français. Bolloré, Niel, Arnault, Drahi — tous ont des intérêts à défendre auprès de l'État. Tous savent ce qu'il ne faut pas dire.

Le sujet n'a pas besoin de censurer. Le système s'autocensure.

En 2018, la loi « fake news » donne au pouvoir le droit de qualifier de « fausse » toute information qui le dérange. En 2025, le sujet évoque un « label » des médias fiables — l'État déciderait qui peut informer.

Le renversement est total : le pouvoir contrôle ceux qui sont censés le contrôler.

Le Parlement neutralisé

2017-2022 : une majorité de novices sans expérience, sans réseau, sans autonomie. Ils doivent tout au président. Ils votent ce qu'on leur dit.

Puis le 49.3 — onze fois en quelques semaines pour la réforme des retraites. La loi passe sans vote.

Puis la dissolution ratée de 2024. Le sujet perd sa majorité et gouverne quand même.

Le Parlement n'est plus un contre-pouvoir. C'est un décor.

La rue matée

Les chiffres de la répression des Gilets jaunes sont documentés par Amnesty International, par l'ONU, par le Défenseur des droits :

24 éborgnés. 5 mains arrachées. Des milliers de blessés.

La France est le seul pays d'Europe occidentale à utiliser des LBD contre des manifestants.

Le sujet n'a pas condamné. Il a couvert.

Les corps intermédiaires vassalisés

Syndicats : la réforme des retraites 2023 — toutes les organisations unies contre, des millions dans la rue, le sujet passe en force.

Élus locaux : les maires apprennent les décisions par la télévision.

Soignants, enseignants, magistrats, chercheurs — tous ont manifesté. Tous ont été ignorés.

Le mépris n'est pas un accident. C'est une méthode.

L'exception permanente

La France vit en état d'exception depuis dix ans.

2015-2017 : terrorisme. 2017 : loi SILT — l'exception dans le droit commun. 2020-2022 : urgence sanitaire. 2023 : émeutes. 2024 : JO. 2025 : menaces de guerre.

Il y a toujours une urgence. Terrorisme. Virus. Climat. Guerre. Émeutes. Vaches.

Carl Schmitt : « Est souverain celui qui décide de l'état d'exception. »

Le sujet a compris. L'exception n'est pas une parenthèse — c'est le mode de gouvernement. Tant qu'il y a urgence, le chef décide seul.

L'urgence est le carburant du pouvoir.

Synthèse

Entre 2017 et 2025, la France a changé de nature.

Ce qui a disparu : le pluralisme médiatique, le Parlement comme contre-pouvoir, les corps intermédiaires, la proportionnalité dans le maintien de l'ordre.

Ce qui est apparu : le gouvernement par décret, le conseil de défense comme instance suprême, la répression comme réponse, la surveillance comme norme, l'exception comme règle.

Ce n'est plus la Ve République.

C'est autre chose.

Ça a un nom. Plusieurs noms, selon les époques et les latitudes.

Mais ce n'est plus une démocratie.

C'est le territoire que le prédateur s'est construit. Pour chasser en paix.


XI. Pronostic

L'aveu

Après la dissolution ratée de juin 2024, le sujet accorde une interview.

Une phrase, au détour d'une réponse, révèle tout :

« Si j'avais été sentimental, je me serais suicidé. »

Relisez.

Le sujet vient de perdre sa majorité. Son pari politique a échoué. La France est ingouvernable. Et sa réponse n'est pas : « J'ai fait une erreur » ou « Je comprends la colère des Français ».

Sa réponse est : « Si j'avais été normal, je serais mort. »

L'analyste Étienne Campion décrypte : « Il dit en creux : si j'avais été un simple mortel, je n'aurais jamais supporté tout ça. »

Traduction clinique : Le sujet se croit exceptionnel. La dissolution n'est pas un échec — c'est une épreuve que seul un être supérieur peut traverser. Les mortels ordinaires se seraient effondrés. Lui, non.

C'est la définition exacte de la mégalothymia.

La mégalothymia

Le sociologue Michel Fize, ancien directeur de recherche au CNRS, a forgé ce diagnostic à partir d'un concept de Francis Fukuyama.

Mégalothymia : « Le besoin irrésistible exprimé par un individu de voir reconnue sa supériorité sur les autres — tous ceux qui ne sont pas lui. »

Ce n'est pas la mégalomanie classique — l'affirmation exagérée de soi.

C'est autre chose. C'est une quête constante de validation extérieure, où l'individu doit se positionner comme supérieur à tous les autres. Pas seulement meilleur. Supérieur. D'une autre nature.

Fize : « Un mégalothymiaque ne supporte pas la contradiction… parce qu'il ne supporte pas les autres, tout simplement. »

Le sujet ne gouverne pas — il domine. Il n'argumente pas — il impose. Il ne convainc pas — il écrase.

Et surtout : il ne peut pas reconnaître ses erreurs. Car reconnaître une erreur reviendrait à admettre qu'il est faillible. Qu'il est comme les autres. Qu'il est mortel.

C'est impossible.

Ce qui va se passer

Le sujet continuera à :

  1. Performer — Le besoin de se déguiser en chef de guerre ne disparaîtra pas. Il s'intensifiera à mesure que le mandat s'achève et que l'histoire approche.
  2. Écraser — Les cibles faibles (manifestants, agriculteurs, opposants désarmés) continueront à subir une réponse disproportionnée. C'est le seul terrain où le sujet peut « gagner ».
  3. Fantasmer — La vraie guerre (contre Poutine, contre un ennemi capable de riposter) restera un fantasme verbal. Le sujet n'a pas le profil d'un chef de guerre. Il a le profil d'un enfant qui joue à la guerre.
  4. Compenser — Plus la fin de mandat approche, plus le besoin de laisser une trace « historique » s'intensifiera. Le service national militaire en est un symptôme : le sujet veut que d'autres portent l'uniforme qu'il n'a jamais porté.
  5. Ne jamais démissionner — Michel Fize est catégorique : « Macron ne démissionnera pas. Jamais. C'est contraire à son état d'esprit. » Un mégalothymiaque ne peut pas admettre la défaite. Il peut être chassé. Il ne peut pas partir.

Risques

Risque principal : Le sujet pourrait, par calcul ou par impulsion, engager la France dans un conflit qu'il serait incapable de gérer — non par stratégie, mais par besoin narcissique de devenir enfin le chef de guerre qu'il n'est pas.

Risque secondaire : Recours à l'article 16 de la Constitution — les pleins pouvoirs en cas de « menace grave et immédiate ». Fize n'exclut pas cette hypothèse : « L'improbable n'est jamais à rayer d'un trait de plume avec un tel homme. »

Risque permanent : La destruction continue des institutions, des corps intermédiaires, du débat démocratique — non par idéologie, mais par incapacité structurelle à accepter la contradiction.

Le sujet ne détruit pas la République par méchanceté.

Il la détruit parce qu'il ne peut pas faire autrement.

C'est sa nature.


Conclusion

Diagnostic synthétique

Traits dominants identifiés :

  1. Mégalothymia — Besoin irrésistible de voir reconnue sa supériorité sur tous les autres. Moteur principal de tous les comportements.
  2. Compensation narcissique — Performe ce qu'il n'a jamais vécu (commandement, guerre, autorité naturelle). Se déguise en ce qu'il n'est pas.
  3. Structure de soumission non résolue — La relation fondatrice avec Brigitte maintient le sujet en position de non-commandant dans l'intime. Il compense par l'autoritarisme dans le public.
  4. Toute-puissance infantile — Gouverne par lubies, change les règles en cours de partie, refuse d'admettre l'erreur.
  5. Prédation sélective — N'attaque que les proies incapables de riposter. Évite systématiquement les adversaires de sa taille.
  6. Mépris compulsif — Incapacité à considérer l'autre comme un égal. Le mépris finit toujours par sortir, malgré tous les efforts de communication.
  7. Quête paternelle impossible — Cherche la reconnaissance des pères (de Gaulle, généraux, chefs d'État) mais ne peut l'obtenir car il n'a pas le parcours qui la justifie.
  8. Absence de descendance — N'ayant pas d'enfants biologiques, le sujet reste structurellement fils. Il cherche à se perpétuer par l'Histoire plutôt que par le sang.

Formule : Un enfant qui joue aux petits soldats. Le plateau, c'est la France. Les figurines, ce sont les Français. Les règles changent selon l'humeur. Si une figurine résiste, on lui donne une pichenette. Sauf si elle peut riposter — alors on parle, on menace, on « n'exclut rien », mais on ne touche pas.

Structure : Un lâche travesti en chef. Un prédateur qui ne chasse que les proies sans défense. Un guerrier qui ne combat que ceux qui ne peuvent pas le battre. Un chef qui n'est chef que face à ceux qu'il peut écraser.


Le mot de la fin

Le sujet n'est pas un chef.

C'est un élève brillant qui a atteint la position suprême sans jamais avoir commandé. Un homme qui a passé sa vie à conseiller ceux qui décidaient — et qui, maintenant qu'il décide, ne sait pas comment faire.

Alors il performe.

Il performe le chef de guerre avec des discours martiaux.

Il performe le commandant avec des uniformes empruntés.

Il performe le stratège avec des conseils de défense secrets.

Il performe le vainqueur en écrasant ceux qui ne peuvent pas se défendre.

Le « petit caporal » — c'est ainsi que les soldats de Napoléon appelaient leur empereur. Mais Napoléon avait été caporal. Il avait commandé sous le feu. Il avait dormi dans la boue avec ses hommes.

Macron, lui, n'a jamais été caporal. Ni lieutenant. Ni soldat d'aucune sorte.

Il est arrivé directement au sommet.

Sans jamais avoir gravi les échelons. Sans jamais avoir obéi. Sans jamais avoir appris qu'un chef se forme par le bas, pas par le haut.


Il y a, dans les écoles de théâtre, un exercice classique.

On demande à l'élève de jouer un personnage qu'il n'est pas. Un roi. Un général. Un père.

L'élève joue. Il fait les gestes. Il dit les répliques. Il porte le costume.

Mais quelque chose sonne faux. Le public sent que c'est une performance. Que l'acteur n'est pas le personnage — il le joue.

Les grands acteurs finissent par habiter leurs rôles. Ils deviennent ce qu'ils jouent.

Le sujet n'y arrive pas.

Depuis huit ans, il joue au président. Au chef. Au commandant. Au père de la nation.

Et depuis huit ans, quelque chose sonne faux.

Les Français le sentent. Les généraux le sentent. Les chefs d'État étrangers le sentent.

C'est une performance. Brillante, parfois. Convaincante, par moments.

Mais une performance quand même.


Le rideau tombera en 2027.

Ou peut-être avant.

Et quand il tombera, le sujet découvrira ce que découvrent tous les acteurs quand les projecteurs s'éteignent :

Qu'ils n'étaient pas le personnage.

Qu'ils ne l'ont jamais été.

Et que le costume, une fois retiré, ne laisse rien.

Rien qu'un homme qui n'a jamais su qui il était.

Et qui a détruit un pays pour ne pas avoir à le découvrir.


Lexique clinique

Les termes utilisés dans ce profil :

TermeDéfinitionMégalothymiaBesoin irrésistible de voir reconnue sa supériorité sur les autres. Concept de Francis Fukuyama, appliqué au sujet par Michel Fize.Cosplay compensatoireSe déguiser en ce qu'on n'est pas (uniforme militaire, posture martiale) pour compenser un manque identitaire.Bunker narcissiqueUtilisation du secret (conseils de défense, classification 50 ans) pour protéger l'image de soi et éviter d'assumer ses erreurs.Armée narcissique de substitutionCréation d'une force (service national) qui portera l'uniforme que le sujet n'a jamais porté. Compensation par procuration.Descendance narcissique de substitutionEn l'absence d'enfants biologiques, tentative de se perpétuer par des « fils symboliques » (conscrits, jeunes en uniforme).Toute-puissance infantileMode de gouvernance où le sujet change les règles selon son humeur, refuse la contradiction, et croit que vouloir suffit à pouvoir.Narcissisme autoritaireBesoin de détruire qui contredit, non pour résoudre un désaccord mais pour préserver l'image de soi.Prédation sélectiveChoisir ses cibles en fonction de leur capacité à riposter. N'attaquer que les faibles.Escalade narcissiqueMonter en intensité verbale (menaces, ultimatums) pour compenser l'absence d'action réelle.Mépris compulsifIncapacité à considérer l'autre comme un égal. Le mépris finit toujours par sortir, malgré les efforts de communication.Blessure narcissique irréparableImpossibilité d'obtenir la reconnaissance des « pères » (figures d'autorité) faute d'avoir le parcours qui la justifierait.Enfant de remplacementEnfant né après le deuil d'un premier enfant, portant inconsciemment le poids de celui qui n'est plus là.


Jerem Maniaco — Auteur, « L'Art de la Manipulation » Observateur des comportements humains depuis 20 ans.


Note méthodologique : Ce profil est établi sur la base de faits publics, de déclarations officielles et de comportements documentés. Il ne prétend pas à l'exhaustivité clinique. Il vise à identifier des patterns — comme on le ferait pour n'importe quel sujet d'étude.

Sources académiques citées :

  • Michel Fize, Un président anormal : essai sur la mégalothymia d'Emmanuel Macron (Éditions Perspectives Libres, 2024)
  • Étienne Campion, Le Président toxique (2025)
  • Adriano Segatori, psychiatre italien (analyses 2017-2022)
  • Michel Schneider, Big Mother, psychopathologie de la vie politique (Odile Jacob)
  • Francis Fukuyama, La Fin de l'Histoire (1992) — concept de mégalothymia

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Les plus dangereux sont ceux qui croient qu'ils protègent.

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