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Billet de blog 3 avril 2024

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La fresque des imaginaires permet d'ouvrir de nouvelles perspectives d'innovation

Les changements de comportements vers la sobriété stagnent alors que les enjeux se font de plus en plus pressants. Incarner l'écologie dans un nouveau mode de vie désirable adopté avec plaisir peut être une réponse pour la grande bascule collective. C'est un enjeu de représentations sociales et donc d'imaginaires culturels.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Qu’est ce qu’un imaginaire ?

Selon Valentina Grassi le terme d’« imaginaire » a connu au cours de son évolution historico-conceptuelle diverses acceptions. Au début, la notion d’« imaginaire » a été opposée à celle de « réel » pour être reléguée dans le domaine de l’irréel, du « chimérique ». Ensuite, de la même façon, le terme a été considéré comme synonyme d’imagination et de fantaisie : la notion perd alors son sens originaire, d’autant plus qu’elle fait appel à une représentation fantastique, qui n’a rien à voir avec la réalité. Au cours du xxe siècle, en revanche, d’autres théories ont reconsidéré cette notion d’imaginaire au-delà de l’angle réducteur du rationalisme, laissant place à un système dynamique, organisateur d’images, qui prennent sens.grâce à la relation interactionnelle…

Gilbert Durand estime que toute raison, quelle qu’elle soit, s’élabore toujours à partir du terreau de l’imaginaire et il en donne la définition suivante : « L’imaginaire désigne l’ensemble des images, langagières et visuelles sous tendues par des croyances intimes et valeurs qui permettent une relation au monde ».

La culture est chargée d’imaginaires. Chaque imaginaire étant un monde à part entière, c’est à dire un ensemble fermé de significations, un univers de sens, fruit de l’interprétation concrète, à la fois pratique et théorique, de ce qui est. L’imaginaire permet de donner du sens au monde présent et participe à la construction du futur. L’imaginaire a donc une dimension performative en ce que les contenus imaginaires influencent les modes de vie et favorisent l’adoption de nouveaux comportements jusque dans nos choix de consommation au quotidien.

La fresque des imaginaires permet de se projeter dans un futur responsable et désirable

L’ambition de la Fresque des Imaginaires c’est de permettre aux imaginaires écologiques utopiques de reprendre place aux cotés des imaginaires dystopiques surexploités dans les productions culturelles et les communications des acteurs de la transition écologique. Nous oeuvrons ainsi pour une écologie populaire face à l’écologie de la contrainte perçue comme une punition par certains.

En élargissant le reservoir des imaginaires exploités par les collectivités locales, les entreprises et les associations, on ouvre de nouvelles perspectives d’innovation et on permet l’émergence d’alternatives écologiques à la fois responsables et désirables. Les propositions écologiques de sobriété et de décroissance ne sont pas toujours synonymes de plaisir, de convivialité, de lien avec le territoire. L’écologie ne se concrétisant pas de façon désirable dans le quotidien des Français, elle échoue à mobiliser le plus grand nombre. Ce que demandent les consommateurs et les habitants c’est des alternatives écologiques répondant à leurs attentes en terme de satisfaction de leurs besoins essentiels et accessibles.

En travaillant sur des imaginaires écologiques issus des différentes relations que nous pouvons entretenir à la nature nous permettons à chacun de trouver la motivation de prendre soin de soi, des autres et de la nature. Cette reconnexion à la nature est essentielle pour se projeter dans un futur responsable et désirable. La relation de l’humain à la nature structure nos représentations du réél et par conséquent nos modes de vie. Mais la vision actuelle du monde oppose la nature aux humains et aux œuvres humaines. Le fondement de la solidarité écologique se situe dans la réconciliation à la nature dont l’humanité est une partie intégrante dont on reconnait capacité à contribuer.

« C’est en prenant conscience du vivant, l’humain se rend capable de saisir le « tissu » du vivant dans ses interdépendances, et le « fleuve » du vivant dans sa continuité depuis l’apparition de la vie sur Terre. Or ce sont ce tissage et ces dynamiques qui rendent la Terre habitable pour nous et pour les autres, et on comprend par là que ce sont elles qu’il faut défendre, et dont il faut prendre soin ». Baptiste Morizot.

En fonction de nos relations à la nature l’IPBES à déterminé 4 systèmes de valeurs.

VIVRE DE LA NATURE (ANTHROPOCENTRISME) 

– Les humains exploitent la nature qui est une ressource au service du confort individuel et de la capacité d’agir collective.

VIVRE DANS LA NATURE (BIOCENTRISME)

– Toute vie mérite une considération morale égale. Les humains doivent protéger tous les êtres vivants sur terre.

VIVRE AVEC LA NATURE (ECOCENTRISME)

– Au sein de l’écosystème terre c’est l’ensemble des êtres vivants qui interagissent autour des ressources nécessaires à la vie.

VIVRE CONNECTÉ À LA NATURE (MULTICENTRISME / RÉGÉNÉRATION)

– La nature se régénère dans une trame de relations entrelacées entre les humains, les non humains et leurs ressources vitales.

Inspiré de ces 4 modes relationnels à la nature nous avons identifié 4 pistes d’innovation.

Un atelier pour se projeter dans le futur de son territoire, de son entreprise, de sa marque et de ses produits

C'est un atelier à la fois pédagogique, réflexif et créatif qui est thématique pour s'adapter aux enjeux spécifiques, avec des planches d'inspiration déclinées sur mesure et l'intervention d'artistes et designers. Par exemple : habiter sur terre en 2050, manger en 2050, s’habiller en 2050....

Au début de l’atelier les animateurs présentent 4 relations humain-nature et les imaginaires correspondants. Ces imaginaires sont illustrés avec des territoires, des entreprises, marques et services sectoriels pour mieux se projeter dans l’avenir de son équipe, sa marque et ses produits ou services.
Ensuite les participants sont invités à réfléchir à ce qui est vraiment important pour eux, à ce qui est fondamental dans leurs relations aux autres et à prendre conscience que nous vivons tous sur une même planète terre.
Sur cette base les participants réunis en équipes, imaginent comment ils souhaiteraient habiter, manger, boire, s’habiller, voyager en 2050 en réalisant des collages d’images.
Les collages partagés en fin d’atelier sont autant de façons de se projeter dans le futur de sa marque. En intelligence collective enrichie des différentes perceptions de l’écologie de chacun.
L’imaginaire multicentrique, aussi appelé pluricentrique pour souligner que chacun intègre le point de vue des autres dans la recherche d’un intérêt mutuel, est celui de la régénération. La régénération c’est prendre soin de soi, des autres et de la nature. Sans exclusion en intégrant tous les êtres vivants.

En savoir plus  : https://noussommesvivants.co/la-fresque-des-imaginaires/

Des articles pour aller plus loin

Interview de Jérémy Dumont, concepteur de la Fresque des Imaginaires par le magazine GOODD (ici)

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