Cette semaine, après des mois de mensonges et diffamations à l’encontre de responsables politiques et d’associations engagés au quotidien dans la lutte contre la faim , le gouvernement de Javier Milei a reconnu qu’il retenait indument des milliers de tonnes de nourriture destinés aux plus pauvres.
Il a « reconnu » à sa façon : il a jeté un fonctionnaire qui n’avait pas grand-chose à voir avec la décision politique de ne pas distribuer cette nourriture. Et, bien entendu, il n’a aucunement demandé pardon aux personnes qu’il a diffamé (en faisant croire qu’elles détournaient cette nourriture), pas plus qu’aux centaines de milliers de personnes à qui revenaient de droit cette nourriture, c’est-à-dire notamment des enfants qui ont faim.
Le gouvernement a seulement enfin débloqué cette nourriture qui pourrissait dans des hangars du fait de son acharnement. Et il a répété sur tous les tons, souvent larmoyants, que « bien sûr les plus pauvres devaient manger » et que tout ce que fait le gouvernement a pour objectif d'en finir avec la faim en Argentine.
Seulement, dans le même temps, Milei a fait un énième voyage aux États-Unis (visiblement, il a pris goût à l’avion présidentiel payé par l’argent public -fruit d’une extorsion, selon lui-). Or, il se trouve que là aussi il a parlé de la faim. Dans une conférence donnée à un think tank du Parti Républicain, la Hoover Institution, il a expliqué pourquoi l’État n’avait pas à intervenir : « A un moment ou un autre, les gens vont mourir de faim. Si bien que, d’une façon ou d’une autre, ils vont décider de quelque chose pour ne pas mourir. Je n’ai pas besoin d’intervenir. Quelqu’un va le résoudre. »
Pablo Escobar étant décédé depuis trente ans, ce « quelqu’un » devra nécessairement être des héritiers de celui-ci. En attendant ces bienfaiteurs (ou bienfaitrices), il n’est pas difficile de faire le lien entre le blocage des tonnes de nourriture destinées aux plus pauvres et la pensée magique du président Milei : en empêchant sa distribution, il faisait advenir ce « quelqu’un qui va résoudre ».
A une autre échelle, mais exactement dans le même sens, c’est ce que le gouvernement français appelle « inciter » les chômeurs à trouver du travail. Et, dans le fond, ces gouvernements du capitalisme ensauvagé, de France ou d’Argentine, ne font qu’exprimer la loi d’airain de l’exploitation : marche ou crève.