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Billet de blog 5 mars 2025

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Gaza, comme un boomerang dans les dents européennes

Les pays européens qui ont refusé d'obéir aux décisions de la Cour Pénale Internationale ont saboté l'un de leur seul outil diplomatique. Pour rester l'allié de Netanyahou, les dirigeants de ces pays ont ainsi mis en péril leurs populations, désormais à la merci de la seule logique du plus fort

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Quand nombre de chancelleries européennes ont fait savoir que leurs pays ne respecteraient pas les instances du droit international, elles ont détruit l’un de leurs rares atouts. Un pays ne peut pas à la fois bafouer le droit international et s’en revendiquer.

Ainsi, par exemple, après avoir très clairement affirmer que Netanyahou ne serait pas arrêté sur leurs territoires, malgré le mandat d’arrêt émis par la CPI (Cour Pénale Internationale) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, invoquer les normes internationales n’a aucun sens ni, surtout, aucun poids politique.

L’Allemagne ne peut ainsi en aucun cas faire valoir la justice ou le droit pour fonder sa position face à la Russie. De même, la France, en restant d’une grande ambiguïté sur la question ne peut user de cette arme symbolique -quand bien même elle n’aurait pas affirmé que Netanyahu pourrait venir sur son territoire sans encombre, n’avoir pas clairement dit l’inverse lui lie les mains.

L’Allemagne et la France peuvent bien se scandaliser de l’attitude -sans conteste scandaleuse- de Trump qui affirme la seule loi du plus fort dans les relations internationales, elles ont elles-mêmes détruit la possibilité de faire valoir une autre logique. Les Européens -à l’exception de non-ambigus telle l’Espagne- ont saccagé à Gaza l’un des rares atouts qu’ils pouvaient faire valoir.

Ce droit international n’intéresse aucune puissance militaire forte, Chine, Russie États-Unis peuvent parfaitement s’en passer -et, de fait, ont totalement abandonné le code pénal pour le seul flingue. Il était un outil intéressant pour l’Europe qui pouvait espérer rallier les petites et moyennes puissances, toutes intéressées à ce que régisse un droit international (qui, par définition, est l’inverse de la loi du plus fort).

L’Europe paye ainsi déjà son inaction (ou consentement ou complicité) face au crime effroyable qui se déroule devant nos yeux en Palestine. Gageons que c’est loin d’être le dernier effet de cette morgue. Quelle que soit l’épaisseur des couches de propagande, elle ne couvrira jamais ce crime ni ses responsabilités.

En plus de cette ignominie face à l'histoire, ces dirigeants européens ont placé leurs populations dans une situation très risquée. A défaut de droit international, elles sont en effet à la merci du droit du plus fort. Or les pays européens ne sont plus des grandes puissances. Tout cela pour préserver Netanyahou, la bassesses politicarde faite homme.

(Quelques ajouts à 17h47)

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