"Je ne suis pas venu pour guider des agneaux mais pour réveiller des lions" aimait répéter Javier Milei durant la campagne présidentielle en 2023. La phrase était censée condenser l'idéologie de celui qui se définissait comme "anarcho-capitaliste" puis comme "premier président libertarien de l'histoire de l'humanité".
Selon les préceptes du libertarien, la liberté impliquait l'absence de guide. Ce principe, bien entendu, Milei le viole sans cesse, notamment en se présentant comme un prophète entre autres galimatias bibliques.
Ce vendredi (14 février), le président argentin a ainsi de nouveau joué le guide suprême de ses ouailles auxquelles il a conseillé l’achat d’une crypto-monnaie. Ses adeptes l'ont massivement suivi et investi. Si bien que de zéro, les cryptos, baptisés LIBRA "en l'honneur aux idées libertariennes de Javier Milei" (selon son site de promotion), ont rapidement atteint les 4,5 dollars l'unité (pour une capitalisation totale de plusieurs milliards de dollars).

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La ruée des agneaux de Milei a enrichi quelques portefeuilles -certains détenus par des connaissances, peut-être des complices, de Milei ‐ qui ont rapidement revendu. Suite à cette revente et des informations faisant état d'une arnaque, la monnaie a vite retrouvé sa (non-)valeur antérieure à la promotion faite par le président argentin.
Milei a ainsi guidé ses agneaux directement à l’abattoir.
Parmi les dizaine des milliers d'acheteurs des LIBRA, il y avait de nombreux jeunes gens qui ont investi toutes leurs économies. Ce sont souvent les mêmes qui ont accompagné la campagne électorale de Milei avec enthousiasme. Ils ont ainsi pu toucher du doigt la réalité du projet politique qu'ils applaudissent, souvent en se moquant des plus démunis contre laquelle s'applique habituellement cette politique.
On ne va donc pas pleurer sur le sort de ces jeunes libertariens qui décrivent des douleurs d'estomac et autres symptômes physiques suite à leurs pertes. Ils s'expriment ainsi dans des réseaux sociaux où ils étalent leur indignation de s'être fait arnaquer. Pour notre part, nous espérons seulement qu'ils n'ont pas embarqué les économies de leurs proches dans la "bonne affaire" de Milei. Je conçois parfaitement l'un de ces jeunes libertariens piochant dans les très maigres économies de la grand-mère dont la retraite a perdu la moitié de sa valeur du fait des mesures de Milei. La crapulerie des libertariens ne connaît pas de limite.
D'un Ponzi l'autre : les promoteurs de Milei en Europe
Cette arnaque, ce système de Ponzi de l'ère digital, en cache une autre: la propagande à laquelle s'adonne une partie de la presse européenne pour faire croire à un "miracle Milei" ou aux bienfaits de la "tronçonneuse" détruisant les conquêtes sociales.
Ici, on ne peut que penser à un hebdo comme Le Point, qui n'épargne pas ses efforts pour présenter "L'Argentine de Milei (comme) un laboratoire pour le monde entier". Ce dernier article est en date du 10 février, soit quatre jours avant que Milei ne recommande d'acheter des cryptos qui ont fait gagner des millions à quelques personnes. C'est-à-dire qu'il soit au cœur d'une arnaque, son rouage principal, son promoteur.
La promotion de Milei dans le reste du monde partage bien des éléments avec un système Ponzi à une autre échelle. En effet, elle consiste à faire croire en la solidité d'une politique qui ne repose que sur la croyance en sa solidité. Autrement dit, ce "miracle" Milei s'écroulera dès que se fissurera la confiance des intéressés à saccager l'Argentine (FMI et investisseurs internationaux privés à qui tout, absolument tout, est offert sur un plateau d'argent pour qu'ils se servent sans rien laisser au pays).
La crypto-scandale de Milei révèle la nature de sa politique : une arnaque financière. Il reste à révéler le jeu de ceux qui voudraient voir une telle arnaque s'imposer dans le reste du monde.
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Petit ajout du matin: le journal radiophonique de 7h de France Culture revenait sur l'épisode en parlant d'un doctorat en Économie de Javier Milei. C'est faux, il a reçu un doctorat honoris causa (c'est-à-dire un titre honorifique qui n'a rien à voir avec un travail de recherche, encore moins une thèse de doctorat). Qui plus est ce titre honorifique lui a été décerné par une université privée fondée et dirigée par Alberto Benegas Lynch, un très proche de Milei. Autrement dit, il s'agit d'un simple bout de papier offert par un ami. Si certains (genre Le Point) ont découvert ce vendredi que Milei est un arnaqueur, les autres le savent depuis longtemps.