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Billet de blog 20 mars 2025

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Répondre à Trump via le FMI

L'Argentine de Milei veut absolument obtenir un nouveau prêt du FMI. En le bloquant, l'Europe pourrait éviter aux Argentins une dette aussi gigantesque qu'inutile et, dans le même temps, porter un coup à Trump

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L’Union Européenne a une occasion de se montrer combattive face à Trump, en lui faisant savoir que ses mesures de guerre commerciale ont des conséquences. L’ensemble de l’UE détient autours de 30% du capital (et donc des voix) du FMI (environ 20% pour la seule zone euro) contre seulement 16% pour les USA.

Autrement dit, si les pays de l’UE parlent d’une seule voix à l’intérieur du FMI, alors les États-Unis devraient se plier à ses décisions.

Il se trouve que Trump va probablement tâcher de favoriser un allié idéologique en Amérique du Sud via le FMI. En effet, l’ensemble de la politique économique de Milei est extrêmement dépendante d’un nouveau prêt, d’un endettement encore plus massif du pays.

Or, ironiquement, l’un des rares organismes en mesure de lui octroyer ce prêt est le FMI (ironiquement car pas un organisme privé ne ferait cette folie en pariant un kopek sur l’Argentine de Milei qui, pourtant, ne passe pas un jour sans cracher sur tout ce qui est public et prôner la privatisation de tout).

Comme le dernier prêt faramineux du FMI à l’Argentine en 2018, celui de 2025 s’annonce très politique. En 2018, il s’agissait d’offrir au gouvernement Macri une possibilité d’être réélu l’année suivante. Autrement dit, sauver la droite. Cette fois, il s’agit de sauver l’extrême-droite au gouvernement qui doit affronter des élections de mi-mandat en septembre.

Sauf que, en 2018, ni Christine Lagarde (alors présidente du FMI) ni les pays européens affichaient une hostilité envers les gouvernements des États-Unis ou de l’Argentine. Tous étaient globalement alignés sur un agenda néolibéral. Aujourd’hui, Trump a clairement fait savoir ce qu’il pensait de l’Europe, notamment à travers la voix de son vice, J-D Vance. En réponse à cette hostilité manifeste des États-Unis (et des insultes du président argentin à l’adresse de certains dirigeants européens), l’UE aurait tout intérêt à faire capoter ce nouveau prêt du FMI.

Outre, le coup porté au pouvoir de Trump, ce geste sauverait les Argentins d’un endettement encore plus massif qui n’a d’autre but que renforcer le pouvoir de Milei.

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