Il y a encore quelques années, les faussaires étaient affrontés par des personnes présentant des vérités prouvés et vérifiables. Le négationniste Faurisson inventait une histoire afin d’alimenter son antisémitisme et des historiens prenaient la parole pour prouver les manipulations du faussaire. Les preuves détruisaient les allégations mensongères.
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Dans ce contexte, qui choisissait le mensonge absolu contre les vérités relatives (les vérités sont toujours relatives), c’est-à-dire qui défendait le faussaire Faurisson, le faisait sciemment. Somme toute, il était assez facile de distinguer les salauds des personnes probes sur cette scène. Mais cette scène a explosé.
Cette semaine, un titre, une Breaking News, donne la mesure du triomphe du faux. Donald Trump attaque judiciairement Rupert Murdoch, l’accusant de diffuser de fausses informations. Un menteur invétéré, littéralement incapable d’aligner trois phrases sans qu’au moins une relève de l’affabulation, dénonce le plus grand promoteur de fausses informations des trente dernières années.
Trump versus Murdoch. Faussaire contre faussaire. Deux milliardaires, auparavant potes comme cochons, s’affrontent. Pourquoi ? Mais pour que la vérité surgisse de la bataille bien sûr ! L’homme des journaux, le magnat des médias à côté de qui Bolloré est un gentil petit caniche local, le promoteur des extrême-droites dans l’ensemble du monde anglo-saxon, l’origine du mal, en un mot comme en cent, Murdoch, va rétablir la vérité.
Voilà où nous en sommes. Murdoch contre Trump.
Le fondateur de Fox New, l’un des plus puissants vecteurs de diffusion de fausses informations, apparaît comme un opposant au président menteur. Que faire dans ces conditions, si ce n’est sortir les pop-corn et regarder le match ? Non plus entre un Pierre Vidal-Naquet rétablissant les faits et un Faurisson les tordant, mais entre deux tordus.
Cette bataille au sommet donne toute la mesure du monde où, justement, Murdoch et ses multiples avatars nous ont plongé. La question n’est pas celle des IA ou de ses usages mais des menteurs qui dominent le monde si profondément qu’ils laissent croire que les options se résument à un choix entre deux fabricants de faux.