Depuis plus de vingt ans, depuis le 21 avril 20O2, aucun gouvernement n’est légitime. Les présidents et leurs gouvernements sont élus pour la seule mission d’écarter le Front National (puis le « Rassemblement National ») et aucun gouvernement n’affaiblit ce parti d’extrême-droite. Ces gouvernements sont donc illégitimes. Ils décident de politiques pour lesquelles ils n’ont pas été mandaté et n’agissent jamais en fonction de la seule mission rassemblant la majorité derrière leurs noms.
Macron est, à ce titre, caricaturale. Élu pour écarter Le Pen, il n’a fait que la renforcer pendant cinq ans. Réélu pour la même raison, il se croit permis de décider de choses essentielles pour la vie des gens, sans jamais s’attaquer à l’extrême-droite, même à la marge. Et pour cause, l’extrême-droite est sa seule béquille. Sa raison d’être. Il n’est élu que parce qu’il est moins détesté que la possibilité du fascisme.
Macron sera cependant parvenu à convaincre la grande majorité de la nécessité de changer de constitution. On serait tenté de le remercier pour cela, si ce personnage n’était si méprisable. Mais il n’a fait qu’achever cette république zombie depuis au moins 20 ans. Le paradoxe c’est que s’il reste une personne qui aime encore cette constitution c’est bien lui. Monarchiste jusqu’au bouts des ongles. Et toujours heureux de rappeler, sourire niais en bandoulière, les règles de cette république anti-démocratique.
Constitutionnel ne veut pas dire démocratique
Réduite aux seuls mensonges et sophismes, la Macronie répète en boucle que ses 49.3 et autres entortillages procédurales sont parfaitement constitutionnels. Et donc « démocratiques », selon ces menteurs patentés. Pinochet aussi pouvait parfaitement invoquer la constitution chilienne pour assurer son pouvoir, ça n’en faisait pas un démocrate.
Vous me direz, ce n’est pas comme si la Constitution de la Vème République avait été adoptée dans une période de très haute tension, suite à un soulèvement militaire en Algérie, en contexte de guerre. Ben si, justement.
De Gaulle justifiait un degré d’autoritarisme de sa constitution du fait d’une instabilité bien réelle. Ce coup d’état permanent (selon Mitterrand qui ne fut, par la suite, pas le dernier des autocrates) trouvait sa légitimité dans cette instabilité et les contextes de guerre. La IVème République (1946-1958), née de la Seconde Guerre Mondiale, n’a pas connu un seul jour de paix. Elle fit la guerre en Indochine, puis en Algérie (et, moins connu, au Cameroun), sans compter son invasion de l’Égypte en 1956 (ce que les manuels d’histoire appellent « la crise de Suez » à la manière d’un Poutine invoquant une « opération spéciale »). Maintenir la domination française sur des peuples voulant leur indépendance impliquait une guerre permanente.
Dans ce contexte, se comprend l’adoption d’une constitution aussi anti-démocratique que celle de la Vème République. Hors de ce contexte, elle n’a pas la moindre légitimité dans un État qui se dit démocratique.
Pensée circulaire du discours médiatique
La pensée circulaire du discours médiatique est totalement indigente. Nous sommes en Démocratie. Les règles de la Démocratie sont inscrites dans la Constitution. Donc tout ce qu’autorise la Constitution est démocratique. Voilà le discours indigent dominant.
Or, il n’existe pas de constitution intégralement démocratique. Toutes les constitutions existantes empruntent à plusieurs formes de gouvernement (monarchique, aristocratique et démocratique, principalement). Il s’agit toujours d’un mixte. Le mixte français tend très fortement vers la monarchie (pouvoir d’un seul).
Les pleins pouvoirs, entre imbécilité et folie
Là où tous voulaient voir un génie politique, il y a surtout quelques idées vieillottes enrobées de com', voire de la simple imbécilité. A force d’utiliser tous les recours constitutionnels, même les moins usités, Macron a juste permis de révéler l’imposture de la constitution gaulliste. Cette république qui se dit démocratique et a toujours été monarchiste. Elle fonctionnait peut-être avec le monarque De Gaulle, certainement pas avec le petit marquis actuel.
Dans une monarchie, la personnalité du monarque compte. C’est entre autre pour cela que les démocrates détestons ce régime. Dépendre des volontés et désirs d’une seule personne -toujours un homme- nous semble peu raisonnable. D’autant que quelqu’un désirant un tel pouvoir ne peut qu’être dérangé, en tout cas peu fréquentable. Et quand bien même cette personne eut été à peu près digne, elle ne peut que devenir dingue dans son Élysée (littéralement une maison de dieux, l’autre nom des dingues). C’est ce que les Grecs anciens appelaient l’hubris. Le vertige du pouvoir.
Merci Macron
Merci Macron pour achever ce régime monarchique dégoutant. C’est pas le moindre des paradoxes que ce soit précisément vous, monarchiste convaincu, qui nous offre cette belle occasion d’en finir. Vous vous êtes pensé en Louis XIV. En réalité, vous avez le maniérisme du XVème et l’imbécilité politique du XVIème.
Grâce à vous, il n’est plus question de « réforme » des retraites. Il est désormais seulement question du régime politique dans lequel nous vivrons. Et la monarchie, c’est fini. Tous ces ânes bâtés qui confondent règles constitutionnelles et démocratie peuvent bêler tant qu’ils voudront, la rupture est consommée.
Les petites idées à la McKinsey de la com’ de l’Elysée
Outre la violence policière comme principale argument pour faire accepter une loi aussi impopulaire qu’illégitime, la communication de la Macronie poursuit son petit chemin publicitaire. ici, on en est réduit aux conjonctures. Quel est le crétin qui a décidé d’une interview présidentiel à midi ? Comment, le brainstorming élyséen en est arrivé à ce degré de stupidité?
Justifié par « les choix des territoires. En province, le retour au domicile pour la pause méridienne est une tradition, tout comme est une habitude le déjeuner devant le journal télévisé ». On sent les petits génies de McKinsey derrière une telle décision. Pour cela et l’ensemble de cette com’ en loucedé de l’Elysée depuis des semaines, qui diffuse des rumeurs de « dissolution » ou même de « démission » diligemment relayés par des journalistes de cour.
Toujours disruptif et dans le vent, le jeune président s’adresse donc à la future start-up Nation préoccupée du sort écologique de la Terre. A 13h sur TF1. C'est-à-dire adressé au public retraité qui se moque des retraites des prochaines générations. Que ces dernières s’enferment pendant des mois pour sauver ce public du Covid et payent leurs retraites actuelles. Et la Terre, ces retraités s’en préoccuperont depuis la tombe. Voilà les votants de Macron et ses idées qui se voulaient innovantes dans les années 70. Dominantes depuis quatre décennies, ces idées ont largement fait la preuve de leur nocivité.
"Hier vous n’étiez qu’une foule/Vous êtes un peuple aujourd’hui"
Le monarque a dit : « la foule » n’a « pas de légitimité » face « au peuple qui s’exprime à travers ses élus ». Victor Hugo a dit « Hier vous n’étiez qu’une foule/Vous êtes un peuple aujourd’hui » dans un éloge au peuple parisien soulevé en 1830.

Entre les baltringues qui occupent les palais « républicains » et nous, à chacune et chacun de choisir où se trouve la légitimité.
Une autre version de cette chronique hebdo a été publiée sur Hiya!