A voir le nombre d’articles de journaux (de droite) et de déclarations de politiciens (de droite) qui se réfèrent à la « tronçonneuse » de Javier Milei, on mesure combien la fenêtre d’Overton s’est décalée vers cette escroquerie de « l’anarco-capitalisme ». Évidemment, politiciens et journalistes (de droite) qui font l’apologie de la tronçonneuse en France ou en Europe évitent soigneusement de parler du détail de ses effets.
Réduire les coûts de l’État d’un quart, d’un tiers ou de moitié, ça fait bien dans l’abstrait. Dans le concret et dans le détail, c’est tout autre chose.
La dégradation des services publics et des infrastructures en Argentine a déjà des effets non seulement sur la vie quotidienne de ses habitants mais aussi sur leurs industries toujours moins compétitives.
Pour l’instant, il s’agit surtout de la dégradation d’infrastructures, telles que les routes (dont la construction ou rénovation ont été stoppé du jour au lendemain avec l’arrivée de Milei) qui rendent la circulation des biens plus lentes et dangereuses. Demain nous verrons les effets de la dégradation de l’éducation publique et la disparition de certaines de ses filières. Cette fameuse tronçonneuse n’est que la chronique d’une mort annoncée des sciences et de l’industrie argentines.
Ainsi expliquée, les Ciotti et les médias subventionnés de droite (Le Point, L’Express, Bolloré-TV, etc) auraient plus de mal à brandir la tronçonneuse.
Mais, si ce n’était que ce marigot de la droite française dont les idées rivalisent en bêtise et abjection, les effets en seraient limités. Il serait, en tout cas, abusé de parler « miléïsation du monde » pour se référer à ces quelques tarés quand bien même ils prolifèrent en ce moment.
A ce stade, le problème n’est plus la séduction qu’exerce la rhétorique ordurière de Milei (il est trop peu dit qu’il ne passe pas un jour sans insulter ses opposants avec une vulgarité tout à fait gerbante) sur la droite française. Le problème est que Milei soit présenté par le FMI comme un modèle.
En effet, la directrice du FMI a tout bonnement appelé à voter pour Milei aux élections de mi-mandat (en octobre). Et, pour qu’aucun doute ne subsiste sur son engagement partisan à la droite de l’extrême-droite, Kristalina Georgieva a accroché sur son blazer un pin’s de la tronçonneuse. Oui, un petit pin’s représentant une tronçonneuse, le massacre social à la tronçonneuse.
Dont acte : l’establishment financier mondial actuel brandit la bannière de Milei. Elle soutient un président pour qui le moindre de ses critiques doit être taxé de « mandrill ». Pourquoi un mandrill ? Car ces singes ont le cul rouge, si bien que le président argentin considère qu’ils se sont fait enculer, c’est-à-dire qu’il a enculé ses critiques ou ses opposants. C’est ça, Milei.
Voilà qui la droite française et l’establishment international applaudissent et prennent pour modèle : un crétin homophobe resté bloqué dans l’adolescence. Un adolescent qui, face au doute sur sa virilité, préfère se réfugier dans un virilisme aussi niais que violent. Si les droites se retrouvent dans un tel porc, c'est donc qu’elles se plaisent dans sa bauge.
Que ces droites ne reviennent plus jamais nous parler de républicanisme ou de lien entre libéralisme politique, libéralisme économique et démocratie. De Ciotti à Kristalina Georgieva, en passant par les médias Bolloré et consorts, dès qu’elles sont sincères, ces droites rêvent du monde atroce que dégueule Milei quotidiennement.