Dans l’opération de déminage des bombes à fragmentation que le gouvernement à lui-même posé, la promesse du week-end concerne le 49.3. La Première ministre a juré de ne plus utiliser cette procédure anti-parlementaire… sauf pour les textes financiers. Autrement dit, elle promet d’utiliser le 49.3 dans le cadre de la Constitution, plus exactement de sa révision de 2008 qui limite l’utilisation de cet article à « un projet ou une proposition de loi par session », ainsi qu’aux projets de loi « finances ou de financement de la sécurité sociale ». Bref, elle ne fait que renoncer à l’utilisation d'un « joker » par session parlementaire, sans renoncer à ses multiples utilisations lors des lois de financement. Il lui suffit de placer n’importe quelle loi dans le cadre d’une loi de financement, et revoilà son 49.3 prêt à l’emploi.
La promesse en trompe l’œil de Borne va à l’encontre des éléments de langage que le gouvernement répète à vide depuis le 16 mars (jour de l’imposition de la « réforme » des retraites par 49.3). Le sophisme de la Macronie a consisté à répéter ad nauseam que la procédure étant constitutionnelle elle serait démocratique. Alors que la Constitution de la Vème République est particulièrement monarchiste au regard des règles qui régissent la plupart des États se revendiquant de la Démocratie.
Ainsi depuis une dizaine de jours, la Macronie tâche de « tourner la page » et faire semblant que tout va bien, puisqu’aucune règle constitutionnelle n’aurait été violée (d’ailleurs, nous disent les mêmes, le Conseil constitutionnel statuera sur la question, sur la forme de l’adoption de cette loi et son fond; comme si cette machine-à-laver institutionnelle, présidée par Fabius et où siègent pratiquement que des politiques, fusse la solution, alors qu’elle fait parti du problème).
Mais si Borne promet (faussement) de ne plus utiliser ce 49.3, c’est qu’il y avait un problème. La promesse est donc contradictoire avec le « circulez, il y a rien à voir » que la Macronie a tâché d’imposer, ne parvenant qu’à mobiliser toujours plus la population, redevenue peuple en ces jours.
Aussi, Borne détruit le sophisme sur lequel reposait l’argumentaire de la Macronie et, en même temps, pose un nouveau mensonge. Car son renoncement à la procédure autoritaire n’en est pas un. En se gardant la porte ouverte à une utilisation pour les textes financiers, elle ne fait que transférer les domaines les plus variés vers le champ de la finance. Ainsi, par une étonnante acrobatie, elle exprime, probablement sans le vouloir, le fond de la pensée macroniste qui se résume à tout ramener à une question financière.