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Billet de blog 28 mars 2023

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Fuyez civils! Le gouvernement et la peur du grand nombre

Les « scènes de violence » sont pour le gouvernement d’abord cela, des « scènes » que le ministère de l’Intérieur est chargé de « mettre en scène ».

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« Le terrorisme est abordé par ses techniciens comme un outil principalement médiatique, dans le sens où sa fonction est d’abord de frapper les esprits. » Terreur et Séduction (La Découverte, 2022)

Darmanin multiplie ces derniers jours les déclarations à la fois dramatiques, angoissantes et menaçantes. Dramatiques et angoissantes pour l’ensemble de la population, et menaçante à l’endroit de la gauche désignée comme la cible du gouvernement, comme l’ennemi intérieur. Outre ces déclarations, dans lequel il serait à ce stade oiseux de dénombrer les mensonges (du genre participer à « une manifestation non-déclarée est un délit, mérite une interpellation » contre l’avis de la Cour de cassation qui a autorité en la matière), Darmanin construit des images, tel un metteur en scène.

Ces images viennent renforcer son discours, donner une consistance stupéfiante à des mots qui restent sinon un peu abstraits. Il peut répéter à l’envie « ultra-violence », « bordéliser » et « gauche », ça ne provoque pas le même saisissement que des robocobs installés sur des quads chassant du gauchiste à la campagne.

Les images montrent des scènes de guerre, rappellent des films montrant des terrains saturés de fumigènes dans lesquels évoluent des soldats, et fuient des civils hagards. 

Le message est ici bien clair: fuyez civils, le champ est réservé aux seuls combattants. Car le gouvernement n’a pas peur de la gauche, encore moins d’affronter des citoyens/ennes révoltés. Il a peur du nombre. Pour lui, l’essentiel se résume à faire fuir les millions de personnes opposantes de l’espace public. Ne rester que face à un petit nombre, pour l’écraser ou le manipuler. Le ministère de l’Intérieur prend donc des corps, des vies, pour produire des images intimidantes, strictement terroristes. 

Car, ne nous y trompons pas, il s'agit bien de terrorisme, d'actions violentes qui ont pour objectif principal de frapper les esprits. Les corps suppliciés (dont certains se débattent entre la vie et la mort en ce moment) sont l'instrument de la communication gouvernementale à l'adresse de l'ensemble de la population.

La détermination du grand nombre est la seule échappatoire au piège, à la logique terroriste, du gouvernement. 

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