L’affaire Irlandaise est certainement nébuleuse à comprendre. Elle ne peut pas être appréciée seulement en termes financiers et on ne peut pas en comprendre le déroulement à travers uniquement des concepts financiers. Il faut raisonner également en tenant compte des rapports de forces établis et de la nature de la position dominante de chaque partie.
Au départ de l’affaire donc il faut bien comprendre que le gouvernement irlandais a déjà signé en 2010 une reconnaissance de dettes de 30 milliards d'euros en faveur de l'IBRC, banque contrôlée par l’Etat Irlandais et déjà à moitié en faillite afin que cette dernière puisse se refinancer auprès de la BCE. Le rapport entre l’Irlande et la France est de 1 à 15. La France a 60 millions d’habitants et l’Irlande environ 4 millions. Pour apprécier la dimension des montants mentionnés dans cette affaire dans le contexte français il faut donc les multiplier par 15. Ainsi, quand l’Irlande fait une reconnaissance de dettes de 30 milliards, c’est comme si la France signait une reconnaissance de dette de 450 milliards. Cela fait 7 à 8000 Euros par citoyen. Un demi-smig par citoyen pendant un an. Au passage on notera que c’est une pratique assez commune des mafia collaborant avec les banquiers « à acheter » pour purger une banque. Cela est arrivé assez souvent, à Chypre en particulier, où elles en sont arrivées à être purgées au total de l’équivalent d’un PNB du pays. Le mafiosi apporte à la banque une traite, une reconnaissance de dette d’un tiers, et repart de la banque avec « quelques kilos d’or ». As usual !
Donc auparavant, en 2010, l’Etat Irlandais a déjà signé une reconnaissance de dettes de 30 milliards en faveur de l’IBRC . Cette reconnaissance de dettes de 30 milliards a permis l’IBRC d’obtenir un prêt de la BCE d’au moins 30 milliards. C’est simple comme bonjour. C’est tellement simple qu’il est vraisemblable que le responsable s’est fait son petit millième d’euros à 30 millions d’euros pour se payer quelques pintes ! Tout le monde est heureux alors. La BCE a payé ses 30 milliards d’Euros à l’IBRC ,L’IBRC a rendu à l’Etat Irlandais ces 30 milliards. Et au final l’IBRC détient une reconnaissance de dettes de l’Etat Irlandais en sa faveur, un prêt de 30 milliards accordé à l’Etat Irlandais qui se voit devoir au total 60 milliards à l’IBRC qui a en plus une dette de 30 milliards à payer à la BCE. De quoi écrouler une banque ! Avant l’opération, la situation financière de l’IBRC était désastreuse. Après cette opération, elle est encore plus désastreuse.
Mais les financiers de l’Etat Irlandais ne sont pas des manches. Ils se sont mis en position de force par rapport à la BCE. Ils ont récupéré 30 milliards (équivalent à 450 milliards en France), et ils ont une banque, l’IBRC, bien préparée pour être mise en faillite. Ils doivent bien payer 3 milliards par an à l’IBRC, mais la Banque est prête à la faillite. Ils ont eu le beurre et l’argent du beurre !
Au départ de l’affaire les financiers de l’Etat Irlandais avaient bien prévu de vider poliment l’IBRC de façon progressive avant de la mettre en faillite. Mais il y a eu des fuites. La rumeur a envahi les marchés. Un tsunami bancaire était en vue. L’opération « carambouille » comportait des risques judiciaires pour l’Etat Irlandais. C’était un peu gros. L’Etat Irlandais économisait bien les 3 milliards annuels de remboursement ( équivalent à 45 milliards en France) mais il y avait le risque de poursuites juridiques de la part de la BCE, dindon de la farce.
En effet l’IBRC allait tomber en faillite très rapidement, le lendemain. La BCE allait donc perdre les 30 milliards ou plus qu’elle avait prêtés à l’IBRC puisque cette dernière allait faire faillite. Le gouvernement irlandais aurait pu en rester là. Il n’aurait plus à rembourser l’IBRC qui allait disparaitre. ET ce n’était pas à lui de rembourser la BCE. C’est ce qu’on appelle une « carambouille » rapide et bien montée.
Mais quelques fois à vouloir trop gagner, on peut tout perdre beaucoup. Les Irlandais ont bien assimilé cette notion. Le château d’obligations diverses, pouvant s’écrouler en cascade, la BCE avait tout à y perdre. Mais cela pouvait aussi avoir des conséquences pour quelques comptes de l’Etat Irlandais. L’Etat Irlandais décide alors de négocier avec la BCE. L’Etat Irlandais est prêt à payer directement la BCE ! Du point de vu de la BCE, c’est un cadeau royal ! L’Etat Irlandais n’avait rien à payer. Mais il paye ! Rien de tel que cela pour détendre la musculature prête à frapper ! De plus cela a du valoir aux financiers irlandais de recevoir plein de cadeaux de la part de BCE. Les bonnes manières, cela se paye. La BCE n’a pas le temps de réfléchir. Elle accepte dans la nuit. Le Tsunami bancaire arrivait à 10 h du matin. A 6 h du matin le président irlandais, Michael Higgins, revenu précipitamment de Rome, avait déjà promulguer la loi. L'IBRC avait cessé d'exister. !! La BCE signe alors sans négocier. Un paiement sur 40 ans à 3% d’intérêt par an. Il aurait pu être de 80 ans. Un paiement effectué par l’Etat Irlandais en personne, car la BCE a prêté directement l’argent à l’Etat Irlandais, chose interdite par l’Evangile de l’Europe. La BCE est en faute et sera toujours en état de faiblesse pour négocier avec l’Irlande. Au prochain coup de Trafalgar l’Irlande manquera pas de faire revoir son accord. Peut-être sera-t-il étalé sur 1 000 ans !
Les Irlandais ont ainsi été très gentils. Les Irlandais disent qu’ils vont économiser 1 milliard par an, soit déjà l’équivalent de 15 milliards en France ( Chaula en cherche 6 ). Quand on gagne il ne faut pas vexer. On voit que les Irlandais ont maîtrisé parfaitement cette opération. Ils ont récupéré 30 milliards Ils ont affaibli la position de la BCE par rapport à eux. A la moindre difficulté, la BCE devra admettre qu’elle ne peut que renoncer à ces remboursements de l’Etat Irlandais. Et il faudra annuler ces remboursements au titre de l’article 123 du Traité de Lisbonne. C’est ce qu’on a appelle avoir les 2 oreilles et la queue.
Mafia Irlandaise 1 --- Mafia Italienne 0 .Balle au centre.
http://blogs.mediapart.fr/blog/jerlau/220213/estompe-de-la-dette-francaise-0
http://blogs.mediapart.fr/blog/jerlau/250213/bce-et-ue-debut-de-platerforme-daccusation