Puisque les arguments politiques, humanitaires et moraux semblent inefficaces, pourquoi ne pas essayer l’économie ? C’est la logique qui sous-tend « breaking the Impasse », une initiative lancée conjointement par des hommes d’affaires israéliens et palestiniens afin de faire progresser la cause de la paix entre les deux peuples.
Le 22 septembre dernier, l’ONU critiquait l'absence d'une solution politique crédible au conflit israélo-palestinien avec « des conséquences graves ». Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, exhorte les parties prenantes à reprendre les négociations de paix pour trouver des solutions aux problèmes de fond. Et si la paix passait par l’économie ?
11 milliards de dollars de déficit
Pour les Palestiniens, la paix signifierait la levée des restrictions à la circulation des marchandises et des personnes, et permettrait de développer de nombreux secteurs d’activité. Notamment dans les nouvelles technologies, une industrie encore balbutiante à Gaza et en Cisjordanie, mais qui pourrait s’appuyer sur le savoir-faire et les capacités de financement du voisin israélien. Lequel, de son côté, aurait sans doute encore plus à y gagner.
Le déficit budgétaire israélien atteint aujourd’hui 11 milliards de dollars et résulte pour une bonne part des sommes faramineuses allouées à la défense et aux divers services de sécurité : 7% du produit intérieur brut y est consacré chaque année, ce qui place le pays au deuxième rang mondial derrière l’Arabie saoudite.
Une large part de ce budget est consacrée à la protection des colonies de peuplement implantées en territoire palestinien, colonies dont une majorité d’Israéliens estiment qu’elles coûtent trop cher au pays.
Un marché de 350 millions de consommateurs
« En accord avec de précédentes décisions, l'Union européenne ne reconnaît plus l'autorité des services d'inspection vétérinaire israéliens pour approuver l'exportation de volailles et de produits laitiers issus de colonies » rapportait un responsable européen à l’AFP. Ainsi, en août dernier, Israël faisait un geste d’apaisement et annonçait qu’il cesserait, à partir du 1er septembre, d’exporter vers l’Union européenne, des volailles et produits laitiers issus des colonies.
Un accord de paix signifierait aussi pour l’État hébreu la fin des sanctions économiques ou du boycott imposé par certains pays, mettrait fin à l’exode de nombreux jeunes diplômés qui fuient pour aller vivre et travailler dans de meilleures conditions eu Europe ou aux États-Unis et, potentiellement, ouvrirait aux entreprises israéliennes un marché de 350 millions de consommateurs : celui des musulmans du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord qui, à ce jour, n’ont pratiquement aucune relation commerciale avec lui.
Enfin, la paix revitaliserait un secteur touristique aujourd’hui délaissé. En dépit de la richesse de son patrimoine, Israël attire chaque année moins de touristes que des pays comme l’Iran ou l’Albanie.