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Billet de blog 21 décembre 2012

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Les « Revenants »… sont repartis.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ça y est, c’est fini.

La série qui nous a fait réfléchir, stresser voire carrément fait flipper ces dernières semaines chaque lundi soir sur Canal Plus, a plié bagages façon « Rencontres du 3ème type », emportant avec elle beaucoup de secrets, de réponses et… quelques « vivants ».

Le dernier épisode achevé, les commentaires fusaient déjà sur la page « Facebook » de la série. Perplexes, coléreux, indignés (ça tombe bien, la période y est propice !) concernant l’épisode final, mais aussi plus positifs pour certains en ce qui concerne autant la série que ce fameux dernier épisode, qu’on attendait autant que beaucoup le redoutaient.

« Bref », comme dirait l’autre, la série n’a pas laissé grand-monde indifférent.

Quelque peu cinéphile sur les bords, mais pas fan absolu du genre fantastique (personne n’est parfait !), l’auteur de ces lignes doit bien avouer que c’est plus par curiosité qu’autre chose qu’il a regardé le premier épisode. Sans conviction donc.

Sauf que… la sauce a « pris ».

Dès le premier épisode.

Nous sommes ainsi plus d’un million[1] à être restés scotchés devant nos écrans le lundi soir, sans doute encore plus lundi dernier, soir de la diffusion du dernier épisode.

La musique superbe et envoûtante de Mogwaï y est évidemment pour quelque chose.[2]

Mais pas seulement.

Des comédiens tous excellents, qu’on n’est peu habitués à voir dans ce « genre » : Anne Consigny (vue dans « 36 quai des Orfèvres » d’Olivier Marchal, « Je ne suis pas là pour être aimé » avec Patrick Chesnais, ou certains films d’Arnaud Desplechin), Frédéric Pierrot (déjà formidable Commandant de la Brigade de protection des mineurs dans « Polisse » ; vu aussi en journaliste parti au Rwanda en 1994 dans « Opération Turquoise », autre Création originale de Canal Plus), Samir Guesmi, Céline Sallette (« Le capital » de Costa Gavras), sans oublier le jeune Swann Nambotin, « Victor » dans la série, et désormais le gamin le plus connu de la série…mais aussi le personnage le plus flippant !

Sans oublier… une tension à couper au couteau.

On va garder longtemps en tête ce premier épisode, génial, dans lequel la jeune Camille (décédée dans un accident de bus quelques années plus tôt) retourne chez elle sans comprendre ce qui lui est arrivé, et se rend directement dans la cuisine. Là, sa mère (Anne Consigny) découvre sa fille, bien vivante alors que supposément morte. Terrifiée de voir son enfant « ressuscité » devant elle et en train de manger dans la cuisine comme si de rien n’était, elle devient livide, les yeux au bord des larmes, sous le choc (qui ne le serait pas ?!), avançant lentement vers sa fille, parvenant péniblement à prononcer quelques mots lorsque sa fille lui demande où est sa sœur jumelle.

Tension, rythme lent (qui accentue évidemment la tension), musique prenante: tout y est.

La scène, qui aurait pu sembler ô combien ridicule, est au contraire si réaliste (alors qu’on ne saurait faire plus « fantastique »), bien amenée, construite et parfaitement jouée que le « virus » de la tension se répand très rapidement chez le spectateur (et chez les « vivants » dans la série) ; autant d’ailleurs que les premières questions dans la foulée : comment est-ce possible ? pourquoi ? y en a-t’il d’autres ?, etc.

Des « résurrections » et, surtout, des questions existentielles sur la Vie et la Mort auxquelles tout d’abord Pierre (responsable du bien-nommé centre d’accueil « La main tendue »), ne peut répondre[3] et tente de convaincre qu’il faut surtout veiller à aider ces Revenants dans leur « retour ». Puisque, comme il le dit et le répète, c'est "un miracle". De son côté, le curé de l’Eglise du village ne trouve pas non plus de véritable réponse, bottant en touche lorsqu’on lui pose la question du pourquoi du comment, en particulier lors d’une conversation (surréaliste !) avec Thomas (Samir Guesmi), le chef de la gendarmerie locale. Une conversation qui laisse apparaître le fossé des perceptions entre les « croyants » et les « pragmatiques ».

Dès lors, on sait qu’on n’est pas –et qu’on n’a pas été- devant une série (fantastique) comme les autres.

On se souviendra longtemps, aussi, de cette scène dans laquelle Pierre (de « La main tendue ») accueille le jeune Victor et lui dit, pour le rassurer, qu’il ne « faut pas avoir peur », avant de lui demander : « Tu ne connaîtrais pas une chanson à fredonner pour penser à autre chose ? » : quelqu’un a-t-il vraiment regardé cette scène sans sentir sa fréquence cardiaque soudainement augmenter (surtout avec le regard que lance alors Victor à Pierre…), alors que cette scène fait justement référence à une autre, quelques minutes plus tôt, relatant le drame vécu par Victor (toujours) enfant ?

Quelqu’un n’a-t-il pas subi le même « sort » lors du dernier épisode ?

Avouons que, dès que les volets sont fermés, que les gendarmes se mettent à tirer, que les lumières vacillent, que tout le monde attend sur le qui-vive en regardant autour de soi l’air un peu perdu, que les bruits de coups à l’extérieur sont de plus en plus forts (coups de feu, volets et fenêtres qui tremblent), et que les caméras se rapprochent… on est dans le vrai film fantastique ! ET ON FLIPPE !! Et c'est énorme!!

Mais certain(e)s d’entre nous ont pleuré aussi, au moment des séparations…[4]

La série, décriée à tort ou à raison par beaucoup sur Internet, notamment sur les « réseaux sociaux », en raison d’un sentiment d’inachevé dans le dernier épisode, a toutefois réussi son pari : nous tenir en haleine jusqu’au bout, avec des comédiens au diapason, et un vrai suspense. Sans parler bien sûr de la bande-son, de la photographie, des ambiances, superbes.

On serait presque tenté de dire, quitte à s’attirer des foudres, qu’on se fiche pas mal que beaucoup de questions restent sans réponse (et l’idée d’une deuxième saison, pas avant 2014, laisse un peu perplexe quant à son utilité), car c’est peut-être, paradoxalement, ce qui fait justement tout le charme et le caractère de la série : laisser le soin aux spectateurs de chercheurs les (leurs ?) réponses.

Vu la structure de la série, énigmatique à souhait, on pouvait de toute manière difficilement attendre autre chose qu’un final du même ordre. Echappant au manichéisme, montrant des personnages tout sauf caricaturaux et imbriqués dans un scénario copieusement tordu, le final ne pouvait pas échapper à sa propre ligne directrice et nous donner toutes les réponses d’un seul coup.

Faut-il pour autant en blâmer les auteurs, vu la passion que beaucoup d’entre nous ont eue à suivre les aventures de Julie, Pierre, Jérôme, Simon, Adèle, Victor, Toni, Serge, Camille, Léna, Thomas et les autres ?

On peut soi-même répondre en partie à cette question en visionnant l’édition DVD, et en réécoutant tranquillement la superbe musique de cette série[5], décidément pas comme les autres...


[1] 1, 4 million pour être plus précis, chiffre enregistré après la diffusion des deux premiers épisodes.

[2] Dans un entretien vidéo (http://lesrevenants.canalplus.fr/#!/), le réalisateur Fabrice Gobert précise qu’il souhaitait pour cette série une musique « mystérieuse et mélancolique ». On peut dire que c’est réussi !

[3] Alors que, et on le voit dès le premier épisode, le personnage de Pierre anime des réunions le soir à « La Main tendue » au cours desquelles se retrouvent les parents des enfants décédés dans l’accident de bus. La « réponse » de Pierre est donc spirituelle, ce qui ne fait que se confirmer lors du dernier épisode (inscriptions au mur), mais n’apporte aucun élément concret, pragmatique, tangible à ces retours peu banals.

[4] Des discussions virtuelles (par Facebook) me l’ont confirmé…

[5] Sur le site de Canal Plus : http://lesrevenants.canalplus.fr/#!/

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