Jérôme Lagasse

Doctorant en Science politique - Université Paris Descartes

Abonné·e de Mediapart

4 Billets

1 Éditions

Billet de blog 5 avril 2016

Jérôme Lagasse

Doctorant en Science politique - Université Paris Descartes

Abonné·e de Mediapart

Qu'est ce qu'un homme politique ?

à l'approche de l'élection présidentielle de 2017, il m'a semblé qu'il n'était pas inintéressant de se ressourcer auprès de Max WEBER. Dans sa conférence intitulée la profession et la vocation de politique, le sociologue pose la question suivante : quel genre d'homme faut-il pour se permettre d'introduire la main dans les rayons de la roue de l'histoire ?

Jérôme Lagasse

Doctorant en Science politique - Université Paris Descartes

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La grille de lecture esquissée par Max Weber offre aux lecteurs/citoyens indécis dans le choix de l'homme ou de la femme politique, candidats à la présidence de la République, le choix de se déterminer en fonction de certaines qualités en plus du programme que ce candidat se propose d'appliquer.

Max WEBER dégage à ses yeux trois qualités essentielles et décisives pour un homme politique (mais aussi une femme) qu'il convient bien sur de replacer sur certains aspects au contexte de 1919 (notamment ses allussions sur les intellectuels russes)

la passion, le sentiment de responsabilité et le coup d'oeil.

"La passion au sens de l'attachement à la cause (Sachlichkeit) : se dévouer passionnément à une "cause" (Sache), au dieu ou au démon qui l'ordonne, et non au sens de cette attitude intérieure que mon défunt ami Georg Simmel avait coutume de qualifier d'"excitation stérile" et qui est le propre d'un certain type d'intellectuels, russes avant tout (non pas tous !), une attitude qui joue maintenant un rôle si important chez nos intellectuels également, dans ce carnaval que l'on pare du fier nom de "révolution" : un goût romantique de l'excitation intellectuelle", fonctionnant à vide, sans aucun sentiment de responsabilité envers une cause (sachlich).

Car la passion seule, aussi authentique soit-elle, ne suffit pas. Elle ne fait pas d'un individu un homme politique quand elle ne fait pas du service de la "cause", donc aussi de la responsabilité à l'égard de cette cause précisément, l'étoile qui guide l'action de manière déterminante.

Et pour cela il faut le coup d'oeil (celui-ci est la qualité psychologique décisive de l'homme politique), c'est-à-dire la capacité de laisser agir sur soi les réalités, dans le recueillement intérieur et la tranquillité, donc : la distance à l'égard des choses et des hommes.

"L'absence de distance" , purement en tant que telle, est l'un des péchés mortels de tout homme politique et si on la cultive dans la jeune génération de nos intellectuels, elle les condamnera à l'incapacité politique."

Extrait de Max Weber, le savant et le politique, une nouvelle traduction, la profession et la vocation de savant, la profession et la vocation de politique, éditions La Découverte/Poche, P.182-183 - Préface, traduction et note de Catherine Colliot-Thélène - septembre 2014.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.