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Billet de blog 18 janvier 2022

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Eloge de la réussite

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans cette vidéo, Victor Ferry disserte sur les chemins qui mènent les grands de ce monde à la réussite, avec comme image d'accroche quelque portraits de milliardaires.

Alors, d'où vient leur succès et leur richesse ? Quelle est la juste combinaison de chance, de travail, de mérite ?

Il y en avait un peu plus donc je lui ai mis (c'était dans mon intérêt composé) © L'atelier de rhétorique

Au passage il réfute le biais du survivant  qu'on dégaine facilement dans ce genre de discussion (pour un qui a réussi à devenir milliardaire ainsi, combien ont échoué ? Ex: Mon voisin a 90 ans, pourtant il a fumé toute sa vie), en lui opposant le biais de locus de contrôle externe (si je réussi c'est probablement parce que je suis brillant, mais si je me plante c'est à cause des autres / l'environnement / pas de chance / etc.).

Je trouve cette opposition peu pertinente.

En effet Le biais du survivant porte sur des sujets autre que soi-même, alors que le biais de locus de contrôle externe porte sur la manière dont nous évaluons nos propres échecs et succès. Pas du tout la même cible.

Lorsque j'énonce mon sentiment selon lequel Jeff Bezos est anormalement / dangereusement riche, je ne suis pas en train de me plaindre d'être  pauvre comme le sous-entend en creux Victor Ferry. C'est une version subtile du classique "Vous dites ça parce que vous n'aimez pas la réussite.".

Je dis seulement que j'estime qu'on ne peut pas atteindre un tel niveau de fortune sans nuire à ses contemporains.

Dans le cas de Jeff Bezos et autres patrons de GAFAMS, est-il nécessaire de poster des liens pour le démontrer ?

D'ailleurs il serait amusant de demander d'évaluer eux-mêmes les raisons de leur propre succès.

Mais en fait peu importe tout cela, pour moi le vrai sujet est la définition même de la réussite, qui n'est absolument pas abordée dans la vidéo.

A moins que Victor Ferry ne tienne cette position juste pour l'exercice (la chaîne s'appelle "Atelier de rhétorique"), nous n'avons pas la même idée de ce qu'est la réussite.

Je préfère parler d'accomplissement.

Il y a celui qui invente la pénicilline. Pas milliardaire mais peut-on dire qu'il n'a pas "réussi" ? L'humanité s'en souviendra aussi longtemps qu'elle existera.

Et il y a celui qui code un logiciel au départ pour évaluer l'apparence physique des filles du campus, puis qui le mue en un algorithme mondialement répandu ayant pour but de vendre le la publicité en stimulant la production de propos clivants, de contenus futiles et de fausses nouvelles afin de scotcher ses utilisateurs aussi longtemps que possible, exploitant ainsi le coté obscur des sciences sociales.

Je regrette donc que certains évaluent la réussite d'après le niveau de fortune des grands de ce monde (ou réputés comme tels) plutôt qu'aux apports qu'ils font ou aux dégâts qu'ils causent à leurs contemporains.

Par exemple si on considère leurs empreintes carbone respectives, de part leur mode de vie et surtout des effets de leurs actions dans le monde, lesquels d'entre eux sont vraiment des exemples à suivre en ces temps troublés ?

Pensez-vous que dans 50 ans on considérera encore les patrons des GAFAMS comme des génies ?

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