Un samedi après-midi de janvier à Lyon, quand il fait beau, c'est généralement une rue de la République bondée où les badauds déambulent, les familles se promènent nonchalamment entre la place Bellecour au sud et la place des Terreaux au Nord, entrant et sortant des magasins où les soldes fleurissent comme si c'était le printemps : en somme, la vie normale de consommateurs tranquilles.
Ce samedi, à Lyon, il en est allé autrement et c'est tant mieux : ce n'est pas souvent que les préoccupations essentielles et humaines l'emportent sur les machines bien huilées du commerce. Je m'en réjouis.
Ce samedi, donc à Lyon, il y avait deux manifestations : l'une pour demander l'arrêt des hostilités à Gaza, l'autre pour défendre l'Ecole de la République contre les assauts répétés du chef de l'Etat et de son ministre de l'Education.
Je n'ai pas assisté à la première, mais j'étais dans la seconde. Dans un cortège, il est toujours difficile de savoir combien on est. Je dirais que nous étions environ 6 à 8000. Il y avait des parents d'élèves, des élèves, des professeurs, mais aussi des grands-parents, des syndicalistes, des fonctionnaires, quelques élus...

La troupe s'est ébrouée vers 14h50 de la place Bellecour, dans une ambiance bon enfant, sans haine, mais on sentait la détermination des uns et des autres. De quoi finir par faire perdre les nerfs à nos ministres conservateurs...Nous avons rejoint le pont Lafayette où une poignée de militants socialistes nous attendait avec leurs tracts, leurs drapeaux rouges...L'accueil des marcheurs a été plutôt distante, malgré les applaudissements des socialistes...D'ailleurs ici j'ouvre une parenthèse : je trouve que le rouge de leurs drapeaux est de plus en plus déplacé...
Reprenons la manifestation là où nous l'avions laissée...En tournant le pont Lafayette, nous sommes passés le long des berges du Rhône qui font maintenant la réputation de la ville. Nous nous sommes dirigés vers la Préfecture, que nous avons longuement contournée...avant de nous disperser et tout cela toujours sans un heurt, sans un accroc...

Même les slogans sont restés des plus polis, pas d'appels inconsédérés et pourtant il y aurait de quoi s'énerver avec toutes ces attaques contre le droit du travail, contre les services publics, contre l'Ecole...Avec toute cette crise qui lamine une bonne partie du pays et face à cela, nos Grands cyniques...
Doit-on rappeler les causes de cette mobilisation : les postes supprimés, des moyens en berne, des instituteurs déboussolés, les RASED dégommés, des jardins d'enfants payants à 2 ans...On n'ira pas plus loin, tout cela est connu...
Pour ma part, je ne retiendrai qu'une chose de tout cela : le manque d'ambitions pour nos enfants qui se traduit par la baisse des heures de cours alors que ces enfants ont soif de connaissances...Contrairement à ce que disait, il y a quelques jours, sur France Culture, Jack Lang, non, M. Darcos n'a aucune idée des enjeux de l'éducation...