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Billet de blog 28 novembre 2020

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Je continue de croire que tout va s'arranger

Je suis ravi d'accueillir sur mon blog Mediapart le texte de l'une de mes étudiantes à la Fac de Lettres Modernes de l'Université de Nantes, Fadoua Ait Omar.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis ravi d'accueillir sur mon blog Mediapart le texte de l'une de mes étudiantes à la Fac de Lettres Modernes de l'Université de Nantes, Fadoua Ait Omar. 

Je continue de croire que tout va s’arranger. Que tout redeviendra à la norme. Je continue de croire que les Champs Elysées seront ceux qu’ils étaient. Une avenue luxueuse, qui réunit riches et pauvres, femmes et hommes, enfants et moins jeunes, où les terrasses sont pleines, et où les touristes prennent la fameuse photo à Paris, au milieu de la route, entre deux feux rouges, avec derrière eux l’arc de Triomphe qui rappelle la victoire.
Je continue de croire que je pourrais changer d’air comme bon me semble, que je pourrais serrer fort qui bon me semble, et parer mon visage des bijoux qui me plaisent.
Pourtant je le sais, rien ne sera plus comme avant. La méfiance plane et les hôpitaux empestent la mort. Une odeur amère, pleine de confusion, pleine d’ignorance face à ce fléau.
Est-ce que savoir c’est croire ?
Le complot, la dictature, le terrorisme. Triste France. 39,45. Un souvenir ? Des séquelles ?

Dénoncer celui qui n’a pas vu ses enfants depuis des mois, car 7 couverts sont mis sur la table. Douter de celui qui tient un chapelet. Femme indéfendue. Sauver sa peau. C’est tout ce qui nous reste.
Liberté bafouée, égalité injuste, fraternité génétique. C’est tout ce qui nous reste.
Victoire aux victimes des hommes en bleus. Qu’ils triomphent dans nos mémoires. Qu’ils avancent main dans la main avec le peuple. Les vrais soldats ne portent pas de treillis, mais une plume et un carnet.
Victoire à ceux qui sont partis pour que ce texte puisse exister. Pour que nos paroles puissent être entendues. Victoire à ceux qui sont morts pour que l’on vive. 1789. Besoin de toi. Besoin de ta force.
Dénoncer les réels coupables. Ceux qui divisent. Ceux qui déshumanisent. Ceux qui ne veulent pas savoir. Qui ne cherchent pas à savoir, les trésors que cachent les cœurs de ces frères et sœurs de patrie.
Affronter toutes ces crises : virus, féminicides, infanticides, homicides, terrorisme, racisme, bavures, phobie de l’autre. C’est tout ce qui nous reste.
Je rêve de ma France. Où les lumières de la capitale illuminent le vieux port de Marseille, en passant par l’île de Nantes et le Mont d’or.
Je rêve des cafés pleins de bruits, des bars pleins de disputes et des restaurants gastronomique pleins de rendez-vous galants.
Je rêve d’une femme sauvée par un voisin avant le coup fatal, avant celui de trop. Avant le premier coup.
Je rêve de Fiona, le sourire aux lèvres, une petite boule au ventre, qui rentre en 6ème, qui devient jeune fille.
Je rêve de ceux partis sous les coups d’autres. Trop tôt. Sans l’avoir choisi. Sans que le cycle naturel de la vie ne soit intervenu.
Je rêve d’un jour Saint. Où Dieu serait pour tous, juste un jour, une source de paix et de foi.
Je rêve d’une famille du monde. D’une seule race. De la race humaine.
Je rêve d’un match de football, où les forces de l’ordre affronteraient Ziyed et Bouna, Adama Traoré, Amine Bentounsi, Cedric Chouvaut, George Floyd. Avec pour arbitre Jean-Michel Lambert.
Je rêve que le mot phobie n’existe plus. Que la peur n'a jamais existé. Qu'elle n'ait jamais été une limite à l’amour que l’on doit donner.
Je demande pardon à ceux que j’ai oubliés. Les opprimés, oppressées, oubliées, handicapés. Encore une fois je demande pardon à ceux que j’ai oubliés. Drapeau blanc. J’aime l’Homme, j’aime la Femme, j’aime l’Etre. L’Animal.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.