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Billet de blog 22 février 2024

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Macron devant le Panthéon : l'hypocrisie à l'état pur.

Le discours de Macron accueillant Issak et Mélinée Manouchian aurait été magnifique SI…

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… s’il avait été porté par une autre voix que celle de Macron. Car dans ce discours qui, tenu par un autre que l'homme politique aujourd'hui le plus puissant de France, aurait déclenché une profonde émotion en nous, tout, absolument tout, était à l’opposé complet de tout ce que Macron, pense, fait, ainsi que de sa personnalité profonde.

On peut reprendre une à une toutes les phrases de son discours, à commencer par l’hommage qu’il rend à la personnalité de Manouchian, « ouvrier épris de culture », lui, Macron, dont le mépris pour les travailleurs est tellement prégnant en lui, qu’il n’a pu le cacher à de nombreuses reprises, et de quelle façon… (de « ceux qui ne sont rien » aux « ouvrières illettrées », à « rien qu’en traversant la rue je vous trouve du travail » ou encore « pour se payer un costume il suffit de travailler »).

« Manouchian (a embrassé) l’idéal communiste, convaincu que jamais en France, on n’a pu séparer la République de la Révolution ». Entendre cela d’un homme qui a par ailleurs écrit un ouvrage dont le titre usurpé est Révolution, et qui a pu dire, qu’il « manquait un roi à la France " que, depuis Louis XVI, la personne royale demeurait la grande absente du système politique français laisse pantois.

Tout au long de son discours, Macron rendra un hommage appuyé aux communistes et à l’idéal communiste : « Parce qu’ils sont communistes,(les combattants de la MOI) ne connaissent rien d’autre que la fraternité humaine, enfants de la Révolution française, guetteurs de la Révolution universelle » ose dire un Macron qui n’a eu de cesse depuis qu’il est arrivé au pouvoir, de mener une politique exclusivement au profit de la grande bourgeoisie capitaliste, et plus précisément financière, de la suppression de l’ISF au maintien et à l’extension des cadeaux faits par milliards au patronat, au refus de mener une lutte conséquente contre l’évasion fiscale qui se compte là encore par milliards, avec, en regard de cela, une attaque sans précédent sur le régime des retraites et des indemnités de chômage, une répression inouïe des mouvements de contestation sociale, par la justice et par les armes d’une police que plus rien n’arrête.

Au moment même où le gouvernement secondé par une assemblée nationale où les macroniens ne peuvent faire passer leurs contre réformes qu’avec l’appui du Rassemblement national de Marine le Pen, au moment même où le droit du sol commence à être remis en cause, où, chaque jour, la police fait la chasse aux étrangers venus en France pour fuir la misère ou les persécutions, la semaine même où un préfet vient de prendre une mesure d’expulsion vers l’enfer que constitue la Cisjordanie et Gaza pour les Palestiniens contre un couple de Palestiniens de Gaza et leurs enfants, en France depuis plusieurs années et parfaitement intégrés, Macron ose dire, devant les cercueils d’Issak et de Mélinée Manouchian que la France était « une terre d’accueil pour les misérables ».

Croyant se mettre dans les pas du poète communiste Aragon, grâce à qui les vingt-trois de l'Affiche rouge ne sont pas tombés dans l’oubli, Macron, tout au long de son discours, aura recours à l’anaphore « est-ce ainsi que les hommes vivent/rêvent/meurent/survivent... », procédé littéraire passablement besogneux, qui dévoile alors furtivement l'insincérité de l'ensemble.

Comment les communistes sincères, encartés ou plus encartés comme l'auteur de ces lignes n'ont-ils pas pu se rendre compte que la panthéonisation d'Issak et de Méliéne Manouchian n'a pu se faire que parce que les communistes ont, en France, et ailleurs aussi hélas, été rendus quasiment inaudibles, pour des raisons qu'il n'y a pas lieu de développer ici? La panthéonisation de Manouchian ainsi que le discours de Macron d'un cynisme achevé , sont tout le contraire d'une quelconque reconnaissance, mais un chant funèbre. Dire cela n'est pas se complaire dans son impuissance, le sursaut des peuples adviendra nécessairement,  il n'y a pas de fin de l'Histoire.

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