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Billet de blog 28 novembre 2017

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Yves Lepage ; 22éme jour de grève de la faim

Yves Lepage , lanceur d'alertes est en grève de la faim depuis maintenant vingt-deux (22!) jours. Il entre donc dans une période à hauts risques pour son intégrité physique. Depuis le 9 novembre j'ai relayé tous ses communiqués et témoignages. Yves a dénoncé de graves malversations à l'université du Havre. Le recteur de Rouen, le procureur du Havre ont tout couvert jusqu'à présent.

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Au Havre, le 27 novembre 2017
Deux entrevues et des propos différents, voire contradictoires, qui apportent un peu de lumière sur ma situation inextricable.
Après ma visite au rectorat de Rouen le lundi 20 novembre (cf. 10e communiqué) qui s’était soldée par un statu quo et ma présence sur le marché de Sotteville-lès-Rouen dimanche matin, j’avais annoncé que je poursuivais ma grève de la faim et que je retournerai manifester devant le rectorat dès le lundi matin.
Je n’aurais attendu qu’une dizaine de minutes tout au plus cette fois-ci avant que l’on m’invite à rejoindre la salle qui semble désormais m’être attribuée. Monsieur FOSELLE m’a rapidement rejoint accompagné de deux de ses adjoints. Le problème ne doit pas être moi finalement ni même mon action de grève de la faim, mais les inscriptions qui figurent sur ma pancarte. Monsieur FOSELLE n’en démord pas, c’est à l’université du Havre d’instruire ma demande de maladie professionnelle, même s’il s’agit de l’établissement dont j’ai dénoncé les infractions aux marchés publics et qui m’a harcelé durant deux ans pour me faire taire, en me provoquant continuellement et me sanctionnant injustement, et a fini avec l’aide du rectorat par m’exclure définitivement d’un emploi qui me plaisait. J’ai rappelé que lorsque j’avais effectué ma demande, je ne faisais plus partie de l’université depuis plus d’un mois. Monsieur FOSELLE m’a informé qu’il avait entrepris des démarches en ma faveur pour l’obtention d’un congé de longue maladie (CLM) et que le conseil médical avait été consulté à cet effet. D’après lui, ce serait pour préserver mon salaire. Cette démarche appartient au fonctionnaire malade et je n’ai jamais effectué une telle demande. Par ailleurs, Monsieur FOSELLE a déclaré que cette demande de CLM n’interférerait pas sur la poursuite de l’instruction de ma demande de reconnaissance de maladie professionnelle, ce qui est inexact car la réglementation en vigueur prévoit que « le fonctionnaire qui obtient un CLM ne peut bénéficier d’un autre congé, pour la même maladie ou une autre maladie, que s’il a repris ses fonctions pendant au moins un an ». Cette démarche sournoise et hypocrite de la part du rectorat laisse bien entrevoir ses intentions : ne jamais me proposer un nouveau poste et enterrer définitivement ma demande de maladie professionnelle. J’ai profité de cette visite pour réclamer une nouvelle fois la copie du procès-verbal du conseil de discipline du 13 novembre 2015 qui ne m’a jamais été communiqué. Monsieur FOSELLE m’a répondu qu’il allait me le faire envoyer, puis il m’a proposé d’aller rencontrer le docteur LECOQ, médecin conseil du rectorat.
Le médecin était prêt à me recevoir entre deux rendez-vous, mais j’étais un peu gêné car l’une des patientes qui attendait avait un autre rendez-vous médical ensuite. J’ai donc patienté un peu dans la salle d’attente, puis le médecin m’a fait entrer dans son bureau un quart d’heure environ après. J’ai d’abord eu le droit à des reproches : « Vous vous rendez compte de ce que vous faites, vous mettez votre vie en danger, vous faites souffrir votre famille et vos proches, vous devriez cesser cette grève inutile, etc. ». Même mon médecin traitant ne m’a pas infantilisé de la sorte car il connaît ma démarche même s’il ne l’approuve pas et comprend ma motivation. Le Docteur LECOQ m’a ensuite parlé du CLM, puis chose fort étonnante m’a dit que je pouvais effectuer une nouvelle demande de congé pour maladie professionnelle. Pourquoi le ferais-je lui ai-je répondu puisque selon Monsieur FOSELLE ma demande était en cours d’instruction. Elle m’a ensuite questionné sur mon suivi médical et m’a dit qu’il serait souhaitable que mon médecin me fasse faire des examens sanguins. Je lui ai dit que cela était prévu et qu’elle pouvait appeler son confrère, mais a préféré rédiger un courrier à son intention qu’elle m’a remis. Le Docteur LECOQ a ensuite souhaité m’ausculter dans la salle de soin mitoyenne. J’ai d’abord hésité puis ai accepté. Elle a vérifié les battements de mon cœur puis a pris ma
tension qui était normale. Espérait-elle pouvoir me faire hospitaliser pour mettre un terme à mes revendications ? Enfin, de retour dans son bureau j’ai abordé un point pertinent de l’instruction – ou du refus d’instruire – mon dossier de maladie professionnelle et lui ai rappelé les faits. Elle avait accusé réception de mon dossier le 10 février 2016, dossier qu’elle avait conservé jusqu’au 14 mars 2016. Le 14 mars 2016 elle l’avait elle-même transmis à la division des personnels, des archives, des accidents du travail et du comité médical de l’inspection académique qui me l’avait renvoyé incomplet deux jours plus tard, le 16 mars 2016. Qu’avez-vous fait de mon dossier pendant plus d’un mois lui ai-je demandé ? Le Docteur LECOQ ne s’en souvient plus. Je lui ai alors demandé de rechercher le bordereau d’envoi qui devait l’accompagner. Elle m’a répondu qu’elle m’en communiquerait une copie. Cette question avait été posée au rectorat mais elle était restée comme beaucoup d’autres sans réponse.
Il y a eu indubitablement soit une grave négligence du médecin de prévention du rectorat qui me porte préjudice, soit une volonté délibérée du rectorat à ne pas instruire mon dossier. Dans ces deux hypothèses, Monsieur FOSELLE tente de couvrir le Docteur LECOQ comme il l’avait fait pour les délits commis par le président de l’université du Havre qui avaient été portés à sa connaissance. Devant tant de mépris, je décide de poursuivre ma grève de la faim et mes actions de protestation. Je vais demander cet après-midi à être reçu par le rédacteur en chef de Paris-Normandie et demain je retourne devant le rectorat de Rouen.

Yves Lepage

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