Je suis tombé à partir d'un article de Médiapart sur l'avis donné par la défenseure des droits au projet de loi créant "France travail" et prévoyant une réforme en profondeur des conditions dans lesquelles va pouvoir s'organiser dans un avenir proche, l'accès à l'emploi en France, un emploi pour tous, n'importe quel emploi pourvu que soit atteint le "plein emploi", à n'importe quel prix psychologique.
Avec le recul, l'idée d'un revenu minimum d'insertion puis de solidarité active n'était pas si mauvaise que ça.
J'irais presque jusqu'à dire (et pourtant j'étais loin de soutenir les idées politiques de M. ROCARD) qu'ils étaient une réponse adaptée (quoique quantitativement insuffisante et insuffisamment doublée d'une aide humaine, faute de ressources et de volonté politique) à la situation de celles et ceux qui, pour des motifs très divers pouvaient se trouver au bord de la chute dans l'abîme du manque, du dénuement et de l'absence d'horizon vivable.
C'était une sorte de main tendue, une main insuffisamment forte j'en conviens mais animée par des professionnels le plus souvent engagés dans une démarche d'aide dont ils ne niaient pas les insuffisances.
Pour avoir vécu dans un milieu pauvre, il me semble qu'il était question de préserver un espace de liberté de vivre en dehors d'injonctions sociales le plus souvent en décalage avec les ressources des humains concernés.
J'écris "humain" parce qu'il me semble que là, nous n'y sommes plus, enfin ce ne sont pas des Sujets, des humains porteurs d'une subjectivité active et d'une altérité (un peu compliquée souvent, ambivalente, empêtrée dans ses contradictions, lourde de ses faiblesses, inhibitions, addictions,... ça je l'ai vécu de l'intérieur et ce n'est pas drôle) dont la loi organise le déni sur le modèle du "tous pareils".
L'époque est résolument désespérante et j'entends déjà celles et ceux qui trouvent ça bien, normal : il faut se relancer voyons !
Allez, réveillez-vous, le merveilleux monde du travail vous attend avec ses emplois passionnants, ses salaires mirobolants, la reconnaissance par le salaire, la reconnaissance par le don de soi, la reconnaissance par le déni de ses propres incapacités et limites. Jusqu'à la rupture.
P.S.
A oui, j'oubliais, le titre : et bien oui, tout cela témoigne bien du rejet de la possibilité d'un salaire à vie ou d'un revenu de base. Le salut est dans le travail, enfin du temps donné à travers le travail, un temps à peine acheté (W. SCHRECK), un temps d'une vie déjà bien abimée que la violence de mesures politiques obscènes pourrait avoir pour effet de liquider une bonne fois pour toutes : mort aux pauvres !