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Billet de blog 5 octobre 2025

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Entre deux guerres

Les historiens du futur (si tenté qu’il y ait encore des historiens dans le futur) auront peut-être l’heur de parler de nos générations comme celles d’un entre-deux guerres, à l’instar des générations nées entre les deux premières guerres mondiales.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Aucune de ces deux guerres n’a mené à la fin du monde, tout juste et l’actualité l’esquisse, la fin provisoire d’un monde de nations belligérantes entre 1914 et 1945.

Cet espace-temps, proposé comme un continuum par certains historiens vient remettre en question le parallèle auquel je tente ici de me livrer, ni historien, ni spécialiste, simplement citoyen intéressé par l’histoire contemporaine et par l’actualité comme ferment de l’histoire de demain.

Dans ce cas-là, nous pourrions bien être les premières générations d’entre deux guerres.

Je lis, j’entends, j’écoute de nombreux spécialistes considérer (à juste titre me semble-t-il) que l’espace sémantique auquel peut être associé le terme de guerre dépasse de loin le seul théâtre des morts de masse qui n’ont pas manqué de se succéder depuis 1945.

Je lis, j’entends, j’écoute « guerre hybride », « guerre économique » et bien d’autres qualifications de ce que le site du cnrtl définit comme : « Situation conflictuelle entre deux ou plusieurs pays, états, groupes sociaux, individus, avec ou sans lutte armée. »

Dans le monde qui est le nôtre (et le produit de notre consentement individuel et collectif) nos dirigeants nous enjoignent de nous battre pour mériter la place que nous concède une société elle-même tout occupée à faire le tri et à classer ses membres des plus performants et des plus puissants aux plus déficients et aux plus faibles.

Jusque lors la faiblesse pouvait être en grande partie expliquée et justifiée par des éléments de fragilité individuelle endogène ou exogène et placer la personne concernée sous protection provisoire (état providence) ou définitive dans le souci de fidélité à quelques règles collectives relevant de l’éthique et de la conscience du sort commun propre à la condition humaine.

L’actualité vient nous rappeler que la guerre non létale peut céder la place à une guerre avec promesse de mort violente plus ou moins rapide ou promesse de traumatisme et de séquelles physiques ou psychologiques.

Je vais me permettre ici d’introduire une réflexion qui me trotte dans la tête depuis quelques jours : de plus en plus, j’en suis venu à considérer le travail salarié comme une possible continuité de la guerre meurtrière sous une forme moins sanglante mais parfois tout aussi violente avec son lot de traumatisme et de séquelles.

La recrudescence de situations d’inaptitude en témoigne, sans compter les situations individuelles sous contraintes économiques qui se trouvent confrontées au dilemme de partir ou de rester, de partir en s’exposant à d’autres risques, ou de rester et de risquer sa santé mentale et/ou physique.

Pour revenir au titre de ce billet : finalement je reste sur l’idée que nous pourrons dire si nous survivons aux guerres qui s’annoncent, militaires, civiles, il sera peut-être possible de dire que nous appartiendrons et que nous appartenions sans le pressentir pour certains d’entre nous, à une génération de l’entre-deux guerres.

Gageons cependant que compte-tenu du niveau destructivité des armements du moment, il est peu probable que la suite puisse être comparée à celle dont ont bénéficié les générations de l’après deuxième guerre mondiale avec un dépassement qualitatif, somme toute rapide des conditions préexistantes et au final, ironie du sort, une promesse de violence collective aujourd’hui devenue le ferment de la montée de pouvoirs autoritaires, désormais, le plus souvent élus.

Pour ceux qui pensent encore que A. HITLER a été élu, j'invite à la lecture du dernier livre de J. CHAPOUTOT et au visionnage de son intervention dans les très récentes rencontres internationales de Genève.

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