La mort recrute et ça marche du tonnerre de Dieu.
Pendant ce temps, les chroniqueurs chroniquent, les commentateurs commentent, les experts expertisent, les impuissants "s'impuissantent", tandis que les détenteurs de la force en abusent.
Ce n'est pas avec du sang que l'on peut effacer le sang
Du sang, des larmes sèches, de la peur, des pleurs, la sidération. Des bombes, des missiles, des armes réputées laver l'affront et renvoyer au néant un territoire ; ici Gaza, là bas l'est de l'Ukraine.
Actualité
D'autres avant, d'autres à venir. Lesquelles.
Chacun s'épuise et épuise en conjectures. Les chaînes d'information y vont de leurs formats courts, les autres de "réflexions" qui ne supportent aucune contradiction.
Ne plus commenter l'avenir.
Les hommes ont besoin d'y voir clair. Demain n'est pas un autre jour. Demain, c'est maintenant et j'ai besoin que ce maintenant m'informe de la suite. Les oracles et autres individus plus ou moins éclairés s'y collent, reconstituant à partir de ce qu'ils viennent à considérer comme quelques indices du moment, les différents étapes d'un avenir dans lequel pointent quelques certitudes, conjectures, extrapolations.
La différence entre l'individu et la société dans laquelle il vient à vivre, c'est que l'un est fini à échéance prévisible, calculable (l'espérance) tandis que l'autre est sans fin à échelle humaine.
La société, le social, le politique ne peuvent pas être appréhendés rétrospectivement sur le modèle de l'individu, en fin de vie (ou pas très loin) qui se hasarde à regarder "derrière lui". Il n'y a pas, à hauteur d'homme, un temps à partir duquel il est possible de considérer la fin de l'histoire et d'en décrire les étapes préalables.
Ce que l'on peut dire du temps présent, c'est qu'il semble vouloir (considérons le comme un interlocuteur) nous montrer la fin en nous enjoignant à tout faire pour ne pas être les derniers témoins d'un monde, du monde, de notre monde.
Climat, conflits régionaux-mondiaux, tensions sociales, pensées extrêmes au-delà desquelles plus rien de libre et d'intelligent ne peut survivre.
Il est encore temps de dévier le cours d'une histoire, petite, grande, locale, nationale, mondiale. Mais pour cela encore faut-il que nous renoncions tous à l'ivresse de la fin, à l'idée que nous serons chacun à notre place, les derniers témoins d'un monde que nous aurons contribué à plonger dans l'abîme de la mort.