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Billet de blog 11 août 2023

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Pour un temps suspendu

Le monde tel qu'il est et persiste à nous apparaître à l'ombre de nos dénis individuels et collectifs, présente les premiers signes d'un effondrement qui n'a cependant rien d'inéluctable.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le monde tel qu'il est et persiste à nous apparaître à l'ombre de nos dénis individuels et collectifs, présente les premiers signes d'un effondrement qui n'a cependant rien d'inéluctable. Encore faudrait-t-il pour cela reprendre le contrôle collectif de nos vies individuelles et à travers elles, nous convaincre qu'un autre monde est possible. Pour cela un temps de suspension du temps collectif semble devoir s'imposer. 

Nos "élites", élus, dirigeants sont majoritairement les enfants d'un monde dont il tirent un profit certain, dans lequel ils ont organisé leur pouvoir loin de citoyens laissés pour compte, divertis, éloignés des affaires "sérieuses".

Les promesses de prise en compte de la réalité factuelle d'un changement climatique majeur, s'accumulent avec des "grands" plans, des pactes et autres artifices rhétoriques qui peinent à masquer l'expression d'une impuissance à agir, radicalement.

Cette approche vient satisfaire le ou les "marchés", les entreprises, les investisseurs institutionnels, les actionnaires tout autant qu'un pragmatisme qui s'accomode des mesures symboliques ou des effets d'annonce, des objectifs chiffrés, du cosmétique, de celui qui améliore la beauté d'une image ou la rend simplement présentable (1)

Seule une décision politique, forte, ayant des effets à tous les échelons de nos territoires, permettrait d'engager réflexion et action à partir d'une réalité climatique qu'il est résolument impossible d'ignorer.

La tendance est à une prise en compte mesurée planifiant pour plus tard, les actions qui, de fait semblent pouvoir attendre : le drame d'un jour tend à devenir, très vite le souvenir de demain lui-même revisité par le désir d'oublier. 

Notre société qui repose pourtant sur une conception chrétienne du temps, semble vouloir ne jamais trop s'éloigner de ses origines, du temps bien décrit par de nombreux auteurs, de la sortie du 18ème siècle (2)

Pour revenir au coeur de mon raisonnement, l'échelon qui m'apparaît le plus pertinent pour engager une réflexion collective et alimenter des actions locales pourrait bien être la commune et à l'intérieur d'elle lorsque sa dimension l'exige, le quartier.

Ne pourrait-on pas imaginer un temps, une semaine, un mois, des jours : du temps suspendu ? 

Un temps consacré à la réflexion collective, à l'élaboration collective d'initiatives et d'actions locales susceptibles de modifier en profondeur notre rapport individuel et collectif à nos sphéres géographiques, administratives, économiques, politiques.

Nous avons eu nos deux mois de confinement, une période de suspension d'une vie économique qui a très vite, trop vite repris ses droits, son rythme. 

Nous avons vécu une sortie de confinement chaotique et rendue violente par des décisions politiques coupées de toute forme d'intelligence citoyenne. 

Nous avons vécu le pire de ce que produire un pouvoir politique centralisé en période de paix, allant jusqu'à employer une partie des citoyens à contrôler une autre partie des citoyens.

Imaginons un temps suspendu au cours duquel nous concentrions, une majorité d'entre nous, à interroger nos habitudes, nos pratiques sociales, nos engagements professionnels, tout ce qui dans une vie contribue à modifier l'environnement, à le rendre viable ou à en accentuer la dérive vers l'invivable.

Le pouvoir politique, majoritaire tout autant que minoritaire à l'échelon national, apparaît bien dans l'incapacité de produire ce type de décision : il est prisonnier de ses dépendances idéologiques et de sa conception d'un argent roi.

Pareille décision doit avoir lieu à l'échelle des territoires, des communes, des associations à but non lucratif, voire même à celle des entreprises. 

Ayant participé avec ironie à un de ces temps de concertation pseudo-démocratique (3) dans lesquels n'étaient présents que des "représentants" auto-institués, j'en suis venu (comme bien d'autres) à considérer l'inanité de pareille initiative nationale.

Notre salut collectif ne passe pas (il n'y est jamais passé) par le pouvoir central de nos pays.

Le pouvoir exécutif en France a lié son destin est étroitement à celui de mandants puissants, à la recherche d'une sécurisation dans le temps long de leurs investissements et de leurs placements financiers, comptant sur l'Etat pour modifier les équilibres sociaux en conséquence.

(1) Il en est ainsi puisque tout, absolument tout est dans ce monde une question d'image et de réputation, de celle que l'on construit et que l'on s'épuise à entretenir, coûte que coûte. 

(2) La notion de révolution portée par E. MACRON ne semblait pas traduire une volonté radicale de changement mais un désir de revenir aux sources du capitalisme industriel, éclairé par une élite inspirée, disposant d'une main d'oeuvre servile et indifférente au sort qui lui est réservé, Dieu veillant au destin des âmes.

(3) CNR santé

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