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Billet de blog 19 janv. 2023

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De la résilience à la résistance

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De la résilience à la résistance

L’époque est à la résilience comme injonction politique.

Les différents aspects de nos existences semblent devoir être placés sous l’autorité d’un terme qui renvoie à l’adaptation si bien décrite par Barbara Stiegler ou à une certaine forme de plasticité du comportement et de son substrat physiologique tel qu’il est envisagé par les neurosciences.

Je pourrais également reprendre ici l’agilité devenue un des maîtres mots d’une époque où l’usage de la volonté semble désormais réservée à une élite.

Pour les autres, il n’est question que d’instinct de survie, d’adaptation forcenée, de « rebond » psychologique avec en arrière-plan l’obligation de conformité à une norme sociale d’obéissance et de soumission « librement » consentie.

Tout a été dit et écrit à ce propos et les trois ans qui viennent de s’écouler nous ont permis de vivre le rappel plus ou moins douloureux à l’obligation d’obéir sous peine de stigmatisation ou de bannissement.

Ainsi en est -il des soignants aussi suspendus que peuvent l’être les pendus à une corde dressée sur la place publique par un pouvoir soucieux de punir pour l’exemple.

Nous voilà remerciés par l’exécutif et ses affidés politiques et médiatiques pour notre résilience : nous aurions passés, ensemble une période difficile et nous devrions, ensemble aller de l’avant pour nous confronter, ensemble aux épreuves de demain, climatiques, économiques, militaires ; jamais politique puisque du pire, nous faisons déjà l’expérience.

Et bien entendu, ensemble nous trouverons les moyens de dépasser les limites que nous imposent la nature, l’expérience collective, l’histoire des peuples et la planète.

Le rappel d’une résistance possible à la dégradation de nos conditions d’existence.

Mais voilà que sonne le rappel d’une résistance possible à la dégradation de nos conditions d’existence, plus ou moins organisée, plus ou moins consentie voire instrumentalisée par des pouvoirs politiques obsédés par le court terme et l’horizon de leurs seuls intérêts.

Certains comptent sur le découragement, l’effet conjugué des contingences extérieures et d’une dépressivité intérieure capable de démobiliser les plus frappés par l’évolution négative de la plupart des indicateurs de bien être social, économique, sanitaire, professionnel, etc.

Les trois dernières années inspirent leur espoir en une soumission généralisée aux règles intangibles et immuables d’une économie financiarisée soucieuse de donner un prix à la survie de l’humanité avant de s’employer à corriger une trajectoire collective dont le caractère funeste ne peut être dénié que par celles et ceux qui s’accordent à suivre les recommandations d’un pouvoir qui instrumentalise les passions collectives aux seules fins d’y puiser ce qui lui manque pour s’installer durablement dans ce qui restera de nos vies confinées.

Il n’y a pas aujourd’hui d’autre choix que celui de résister par tous les moyens possibles à la folie de dirigeants qui incarnent notre part d’ombre et que nous devons nous donner les moyens de les sortir du jeu. Cela passe par un moment démocratique radical dont rien ne semble augurer la possibilité, aujourd’hui mais dont il est permis de penser qu’il peut advenir si nous acceptons l’idée que la résistance est à la résilience ce que la vie est à la survie.

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