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Billet de blog 23 septembre 2023

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La dure condition de locataire

Expérience récente et très probablement commune d'une location qui risque de se terminer au tribunal

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous vivons dans un monde où il n’est plus permis de s’étonner de quoi que ce soit, surtout dès-lors qu’il est question d’argent et de bien immobilier. Les deux montent à la tête. Je comprends cependant très bien qu’en tant que propriétaire, il est attendu du locataire qu’il respecte le bien loué et vienne à le rendre en l’état d’origine lorsque le moment est venu. J’ai bien en tête que certains locataires n’en font rien et peuvent être amenés, parfois à mettre le propriétaire en difficulté.

Pour revenir à l’expérience récente. Il s’agit de la co-location de mon fils puisque désormais, dans les métropoles, c’est devenu le seul moyen de se loger près de son travail. Etat des lieux d’entrée : 20 minutes avec la propriétaire. Etat des lieux de sortie : plus de 2 heures avec la propriétaire, assise et une salarié de l’agence opéra groupe Lyon. De la serrure réputée cassée qui n’a jamais été utilisée pendant un an, à la trace de l’écrasement d’un moustique sur un rideau, à un éclat de porte provoqué par le claquement opportun de la salariée, tout y est passé ou presque.

Sans compter l’indifférence froide de la propriétaire et le travail mécanique de la salariée d’une agence réputée pour son parti-pris. Il y avait là 2800 € de caution à récupérer (colocation meublée) ou à rendre diminuée de sa plus grande partie.

Notre fils ayant filmé l’essentiel des vérifications sans cadrer l’intervenante, nous disposons d’un témoignage intéressant de ce que certains individus sont capables d’infliger à d’autres individus réputés subalternes du simple fait de leur condition de locataire.

Je pourrais développer, par l’exemple, reprenant d’autres témoignages déjà partagés à travers des reportages, certains anciens, montrant que tout cela n’a rien de nouveau mais que tout cela eu égard au contexte, tend à devenir insupportable.

Pour terminer, la lecture de l'état des lieux a été proposé, sur tablette, dans la rue à mon fils qui, évoquant sa volonté de ne pas signer s'est trouvé aussitôt menacé de juge et d'huissier.

Epuisé par trois heures d'humiliation, il n'a malheureusement pas suivi mon modeste conseil ; ne pas signer permettait à la partie faible de contester le contenu du document.

L’ADIL du Rhône nous a informé que des situations comme celle-là, elle avait à en connaître 50 fois la semaine et qu’en effet, il n’était pas rare qu’une personne vulnérable, qu’un étudiant se trouve face à un propriétaire capable d’une mauvaise foi à toute épreuve.

Gageons que cette posture somme toute commune vient en l'état au motif d’un impérieux besoin de faire comme si personne n’avait vécu dans son précieux logement.

Et lorsque cela peut être profitable, transformant l’usure en dégât, à quoi bon se priver d’en tirer profit ?

Qu’importe si le locataire est économiquement fragile : c’est son problème. Il n’a qu’à être propriétaire !

Tout cela est au mieux pathétique et au pire, source d’une violence intérieure que les usages invitent à ne pas trop ébruiter. Vien aussitôt le  risque, traduisant en parole ou en geste le besoin vital de retourner la violence subie, de confirmer la prévention d’un propriétaire soucieux de rappeler à ses locataires qu’il détient sur lui un réel pouvoir et qu’il compte bien en disposer et s’il le faut en abuser.

L'absence de risque de poursuite liée à la présence de témoins extérieurs dépositaires d’une autorité judiciaire facilite le travail de prédation de ces agences chargée d'épauler un propriétaire malhonnête, qui précision intéressante ici est lui même salarié d'une agence immobilière.

S’il existe une morale à cette somme toute très banale histoire, c’est qu’il est souhaitable de disposer dans ses relations d’un huissier ou d’un avocat.

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