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Billet de blog 29 septembre 2024

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Repolitiser

Il nous faut une politique radicale, une vraie politique, des décisions politiques, des actions politiques et pour cela, nous devons permettre à celles et ceux qui n’ont jamais été au pouvoir national, d’y être, pour voir, pour leur laisser une chance, pour montrer que « lorsque l’on veut, on peut ».

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Repolitiser

J’ignore si le préfixe « re » mérite de figurer dans le titre de ce billet.

Au stade où nous en sommes, convenons de son utilité même si, finalement, un message politique a été adressé en juin et juillet 2024 par des français à des français (et des étrangers), un message somme toute assez clair : il nous faut une politique radicale, une vraie politique, des décisions politiques, des actions politiques et pour cela, nous devons permettre à celles et ceux qui n’ont jamais été au pouvoir national, d’y être, pour voir, pour leur laisser une chance, pour montrer que « lorsque l’on veut, on peut ».

En amont de ce message, de ce qui s’entend de la frustration et de la hargne accumulée par une part croissante de la population française (et au-delà de nos frontières), une question préalable mérite d’être posée.

Je pense ici à ce qui s’observe des résistances de la société elle-même, de l’ambivalence, de l’indécision, de la résignation, de la procrastination, de ce qui peut être lu aussi comme la peur d’un vrai changement politique et d’un retour du politique à l’intérieur de chaque citoyen, à son immédiate proximité, dans son cercle, à une responsabilisation intime du sujet loin de l’individu responsable des heurs, bonheurs et malheurs de son existence.

Il est bien plus simple de reporter la faute ou la responsabilité des impasses et autres erreurs, des ratées, sur celles et ceux auxquels on a consenti ou que l’on a laissé exercer ce qu’ils pensent de leur droit à exercer un pouvoir sur les autres.

Ce pouvoir est exercé sur les fondements d’un principe incontestable qui présente le débat politique à l’échelle citoyenne comme impossible puisque adultéré par une disposition commune à ne jamais se satisfaire des décisions prises en dehors de sa volonté, d’un « jamais content » également invoqué comme prétexte au refus de la négociation à priori des décisions prises dans le monde du travail.

Certains auteurs et certains politiciens évoquent ainsi la nécessité de repolitiser le monde du travail, d’en faire un lieu de débat et de réflexion et pas simplement un lieu de production et de reproduction des inégalités liées à l’inégale répartition des fruits de la production salariale.

La repolitisation (je garde le « re ») s’impose et pas dans des délais trop longs, nécessitant une repolitisation de la société dans son ensemble et à ses différents niveaux, individuels, familiaux, groupaux, collectifs, institutionnels.

Comment repolitiser sans que cela soit le produit d’un conditionnement et sous l’effet d’une de ces rhétoriques du changement (et son inénarrable « résistance ») présenté comme inévitable et non négociable, la citoyenneté impliquant l’obéissance à un principe de réalité politique et économique gravé dans le marbre des tables de la loi néo-libérale ?

Comment repolitiser dans nos espaces de travail, comment repolitiser dans nos espaces de vie sociale, dans un espace politique ouvert à la confrontation des points de vue et à la discussion des oppositions, capable d’élever le débat moyennant un travail d’enrichissement de la pensée des acteurs jusque lors dominés ?

L’époque n’est pas à ces débats mais à la confrontation à l’obligation d’inscrire sa volonté et son comportement dans les pas d’une vision autoritaire du pouvoir hiérarchique, la sphère politique inscrivant son existence et son action à l’intérieur d’une approche pyramidale de l’organisation sociale.

L’existence de moyens de communication et de conditionnement inédits dans l’histoire humaine, disposant de capacités et de moyens de diffusion, de ciblage et de contrôle d’une efficacité incroyable, la concentration de leur pilotage à l’intérieur de sphères aussi étroites que puissantes n’encourage pas à l’optimisme et à la recherche d’un horizon dégagé de la perspective autoritaire ou totalitaire.

Il n’en reste pas moins que, citoyens, salariés, nous devons considérer que l’histoire n’est pas écrite, notre histoire, celle de notre époque et que nous disposons du pouvoir de contribuer à l’émergence d’un autre modèle social et économique et à son inscription dans une réalité à venir.

Il nous faut pour cela, aux niveaux qui sont les nôtres, travailler à la repolitisation de nos espaces de vie, à l’incitation à la pensée politique, à la prise de conscience par les plus conditionnés ou les plus résignés d’entre nous, qu’une volonté active, inscrite dans une approche collective de l’action mais aussi renforcée par un travail personnel de consolidation des connaissances sur le monde politique, social et économique, peut contribuer à créer les conditions d’un mouvement global dans le contexte d’une nécessité de plus en plus impérative et pressante de sauvegarde de l’humanité.

Petite métaphore : Les grands desseins résolument humanistes (vs numériques) ne pourront donner lieu à un quelconque changement que s’ils partent des branches d’un arbre social dont la partie centrale sans le concours d’une majorité d’entre nous pourrait bien se trouver radicalement menacée dans son existence même.

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