Michel Garroté – Je suis catholique de droite et pro-sioniste. Que des défauts. A cet égard, je note que de nos jours, l’antisionisme est un courant politique essentiellement islamo-gauchiste, avec, en son sein, quelques alter-juifs anti-juifs, des gens nihilistes donc, des idiots utiles. L’antisionisme est souvent l’expression d’un antisémitisme, d’une judéophobie qui ne disent pas leur nom. L’antisionisme est une forme de haine envers Israël et parfois contre les Juifs en général. Ci-dessous, je publie deux chroniques sur ce sujet : l’une de Shmuel Trigano ; et l’autre d’Olivier Véron.
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Shmuel Trigano, dans « Antisionisme d’État ? », écrit (voir lien vers source en bas de page) : Que la France pratique une politique pro-arabe, personne ne peut le nier. Que la France, depuis l’époque du Grand Mufti nazi, qu’elle aida à fuir le procès de Nuremberg, a fait de la promotion de la cause palestinienne un des axes de sa politique étrangère, personne ne peut le nier. Que sous Sarkozy, elle a fait admettre l’Autorité Palestinienne à l’UNESCO, comme si elle était un Etat qui peut le nier ? Que, sous Hollande, elle a reconnu un Etat palestinien qui n’existe pas dans la réalité, qui peut le nier ? Que sous Hollande elle a voté une résolution faisant des Juifs des étrangers sur les lieux mêmes de leur histoire antique et de leur religion, qui peut le nier ?
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Shmuel Trigano : Qu’elle engage une « conférence » internationale pour imposer un diktat à Israël s’il n’accepte pas les requêtes de l’Autorité palestinienne, qui peut le nier ? Que, pour ce faire, elle se fasse parjure à sa garantie des Accords d’Oslo qui interdisaient toute démarche unilatérale, qui peut le nier ? Que la France stigmatise Israël pour occuper des territoires qui jamais ne furent indépendants, alors qu’elle tolère et bien plus la Turquie occupant Chypre, le Maroc occupant le Sahara occidental, qui peut le nier ? Qu’elle stigmatise Israël au nom des droits de l’homme alors qu’elle est devenue le deuxième marchand d’armes du monde, notamment aux dictatures arabes et qu’elle a reçu avec pompe le dernier dictateur de Cuba qui peut le nier ?
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Shmuel Trigano : « Que le sionisme soit devenu le nom des pires choses au mépris de la vérité et de la réalité historique, qui le niera ? ». Que la société française fasse entendre une inimitié ambiante envers Israël, telle qu’elle se répercute dans les médias, les « réseaux sociaux », l’édition, l’académie, qui le niera ? Que cette inimitié ait pour origine le dévoiement de l’information sous la houlette de l’AFP, agence semi-gouvernementale, qui réécrit les événements en faveur des Palestiniens, effaçant et justifiant leurs actes terroristes, qui le niera ? Que ce discours puisse servir d’incitation à la haine des antisémites, qui le niera ? Que, dans des manifestations, on puisse crier « Mort aux Juifs », que dans toute manifestation on retrouve le drapeau de l’OLP, voire du Hamas, qui le niera ?
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Shmuel Trigano : Que des hauts fonctionnaires ou des éditorialistes puissent comparer l’immigration en Israël au départ pour le Djihad en Syrie, qui le niera ? Que nombre de films sur des chaînes publiques ou de livres à grande diffusion puissent réécrire l’histoire juive et celle d’Israël sans que personne ne sourcille, que le judaïsme soit fustigé dans tel et tel magazine pour sa cruauté et sa violence, sans compter la falsification de l’histoire dont il serait le produit, qui le niera ? Que la participation des intellectuels juifs au débat public soit conditionnée par leur dissociation d’avec Israël, Netanyahou, hier Sharon, ou le sionisme en général, qui le niera ? Qu’une pléiade d’intellectuels juifs ont disparu des débats publics, des radios, des télévisions, de la presse, des revues « distinguées » comme par enchantement, qui le niera ?
Shmuel Trigano : Que leur parole, leurs écrits n’aient plus d’espace où se dire et se tenir, qui le niera ? Qu’un étudiant qui choisisse un doctorat en rapport avec le monde juif – religion, histoire, société, pensée – soit voué à une impasse professionnelle inéluctable du fait de la marque de Caïn que cela représente, qui le niera ? Que des candidats à un poste effacent de leur curriculum vitae leur cursus éventuel dans des institutions juives pour avoir des chances d’obtenir l’emploi, qui le niera ? Que les Juifs soient obligés dans certains quartiers d’éviter de se faire reconnaître comme Juifs pour ne pas risquer d’être battus, qui le niera ? Que, pendant 15 ans, la société et surtout l’État aient toléré des actes antisémites en nombre sans les combattre et les condamner qui le niera ?
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Shmuel Trigano : Que les responsables de ces actes n’aient jamais été clairement nommés qui le niera ? Que cette nomination des responsables individuels ait été impossible, voire interdite, sous prétexte d’éviter des amalgames qui le niera ? Que les Juifs aient cessé de voir leurs amis non Juifs pour éviter disputes et fâcheries, qui le niera ? Que les Juifs habitant dans certains quartiers aient dû déménager pour fuir une insécurité manifeste, qui le niera ? Que les Juifs appelant à l’aide contre les antisémites puissent être accusés de « communautarisme », qui le niera ? Que le sionisme soit devenu le nom des pires choses au mépris de la vérité et de la réalité historique qui le niera ? Comment peut-on nommer cet état de faits ? Antisionisme d’État ? Mâtiné, maintenant, depuis l’UNESCO, d’antijudaïsme, conclut Shmuel Trigano (voir lien vers source en bas de page).
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De son côté, Olivier Véron, dans « Pour une politique de la transmission », écrit (voir lien vers source en bas de page) : Le sionisme est devenu la question centrale de la pensée politique contemporaine, sa pierre de touche ou d’achoppement (voir lien vers source en bas de page : « Pour une politique de la transmission – Réflexions sur la question sioniste », par Michaël Bar-Zvi, Editions Les provinciales, 2016, 152 pages, 15 €). Son rejet a pour prétexte et pour effet une critique en profondeur de la transmission. Impliquée dans un combat idéologique sans merci, l’Europe se démunit de son héritage et refuse d’assumer son origine spirituelle, laquelle démontre précisément un lien « gênant » avec Israël.
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Olivier Véron : Face aux chantages et aux charges d’irrationalité et d’ignorance, elle se déchristianise, se déjudaïse et nomme cette normalisation « laïcité », « modernité », voire « humanisme ». Le sionisme à l’inverse n’a cessé de puiser dans le passé d’un peuple singulier la force de reprendre sa place dans l’histoire. Revenir, exister et même progresser, ce n’est pas échapper au danger en se renonçant, c’est transmettre, parfois au prix de la vie ; ce n’est pas rompre avec un héritage obsédant, ni en être le gardien résigné ou craintif – mais se montrer capable de le métamorphoser en pulsion de vie.
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Olivier Véron : Retourner dans l’histoire fera toujours courir le risque de se faire broyer par elle, mais ce qui rend si puissamment entraînante et dérangeante la rédemption nationale d’Israël aujourd’hui, c’est savoir que je ne suis pas le premier et peut-être pas le dernier. Ce « profond exister » (Pinsker) a permis de concilier l’idée de sacrifice avec le précepte fondamental du judaïsme : « Tu choisiras la vie ». Le judaïsme n’est pas une identité ou un carcan, mais la liberté de répondre à l’injonction de transmettre : « le monde est suspendu au souffle des enfants à l’écoute de leur maître », dit le Talmud, et le sionisme a maintenu cette transmission par des moyens nouveaux – la politique, la guerre – tandis que l’Europe s’exilait avec effroi d’elle-même.
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Olivier Véron : Levinas avait bien vu pourtant ce qui devrait apparaître plus clairement désormais : « Nous sommes tous des Juifs israéliens »… appelés à transfigurer le feu dévorant et vengeur en muraille protectrice. Car comment rester une nation sans souveraineté ? Et sans peuple ni langue ni mémoire commune, comment avoir un horizon ? Une culture n’est pas un ministère pour les loisirs mais notre ressort vital, et l’éducation à l’histoire et à la vérité connue n’est pas une option mais un axe de défense stratégique. Le sionisme concentre aujourd’hui toutes les attaques contre l’idée de transmission. Au carrefour de toutes les détestations démocratiques ou totalitaires il proclame seul que la politique pourrait encore sauver, conclut Olivier Véron (voir lien vers source en bas de page : : « Pour une politique de la transmission – Réflexions sur la question sioniste », par Michaël Bar-Zvi, Editions Les provinciales, 2016, 152 pages, 15 €).
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Michel Garroté
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http://www.resiliencetv.fr/?p=18540
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http://www.resiliencetv.fr/?p=18219
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Professeur de philosophie à l’Institut Levinsky de Tel Aviv, Michaël Bar-Zvi fut l’élève de Pierre Boutang et Emmanuel Levinas ; il a notamment publié : [Le Sionisme->http://www.lesprovinciales.fr/Le-Sionisme.html], 2002 ; Être et Exil, philosophie de la nation juive, 2006 ; Éloge de la guerre après la Shoah, 2010 ; Israël et la France, l’alliance égarée, 2014.