Il n'y a pas violence dans la paume de ma main. Ce qui y est déposé est un fruit mûr et pâle. Je tends mon bras en parfaite confiance. Ce que je veux offrir est tout simple et tout doux. C'est l'inversé d'un monde, ce qui existe peu. Alors que partout se dresse et la haine et l'effroi, j'invente pour toi un lieu où tu peux reposer.
Je sais, évidemment, que ma main a semé, a coupé, a construit. Ce sont des travaux d'hommes et des gestes de femmes. J'ai arrangé l'espace et j'ai posé des mots. Certains toujours diront ce n'est pas suffisant pour abolir la peur mais qui peut se vanter d'en avoir fait assez. Le désir nous gouverne et ne pas s'en soucier est un aveuglement. J'ai cette envie en moi, profonde, de faire le nécessaire pour alléger nos pas.
C'est un aveu, parfois me suis trompé. Ainsi aussi, j'ai pu tromper l'image en attente sur un seuil. Ne suis pas exemplaire et ne suis pas modèle. J'ai fait l'effort encore pour redresser la barre. Réparer la brisure et recouvrir d'eau fraîche le paysage souillé.
J'écris les mots qui viennent. Ce n'est pas exercice. Seulement je veux savoir s'ils sont dignes de toucher.
Il n'y a pas violence dans la paume de ma main.