Dans un soir blanc d'été, alors que pèse sur nos pensées le ciel et ses contraintes, nous imaginons des rives. Peut-être sommes-nous à regarder le fleuve en amont, tous ensemble mais distanciés, comme les enfants des mille bombes que nous avons entendu depuis nos actes de naissances, et à se regarder aussi toujours le cœur soliloquant et soumis aux alertes. Si proches, si éloignés. L'eau charrie l'histoire que nous n'avions pas voulu. Devant nos yeux coulent des années industrielles et commerçantes, libérales. Nous en sommes là, vivants dans nos grands âges avec l'effroi de nos propres enfants qui se débattent. Non pas de luttes vaines derrière nous mais des espoirs appauvris par l'orgueilleux pouvoir de ces frères auxquels nous avons cru. Au bord de l'eau, plus aucune mains ne se touchent et des rideaux à nos yeux ombrent mille remords. Enfants déchus.
Quel est la couleur de l'aval ? Nous n'osons pas envisager l'avenir qui déjà fuit devant nous tant il semble corrompu par nos gestes erronés, ceux que l'on croyait disciples du courage. Est-ce la fatigue induite par l'espérance folle de croire que la rivière ne fut jamais la même ? Pourquoi tu ne dis rien quand je peux, avec l'audace qui me reste, t'adresser un regard où j'expose mon désir, juste l'envie de voler de la vie à la mort ? L'eau trouble de l'estuaire attend.
Or nous pensions le fleuve et ce n'est qu'un canal.